CHRONIQUE PAR ...
S1phonique
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-George "Corpsegrinder" Fisher
(chant)
-Pat O'Brien
(guitare)
-Rob Barrett
(guitare)
-Alex Webster
(basse)
-Paul Mazurkiewicz
(batterie)
TRACKLIST
1) High Velocity Impact Spatter
2) Sadistic Embodiment
3) Kill or Become
4) A Skeletal Domain
5) Headlong into Carnage
6) The Murderer's Pact
7) Funeral Cremation
8) Icepick Lobotomy
9) Vector of Cruelty
10) Bloodstained Cement
11) Asphyxiate to Resuscitate
12) Hollowed Bodies
DISCOGRAPHIE
13.
Cannibal Corpse, l'un des inventeurs du brutal death et/ou du gore death, mille fois copié, rarement égalé. Depuis 1988 les mecs roulent leur bosse, sortent un album, en général pas forcément bien accueilli par la critique, tournent pour le défendre, éclatent la tronche du public, sortent un album, en général pas forcément bien accueilli par la critique, tournent pour le défendre ... etc... Voilà, aujourd'hui prêtons attention à la treizième récurrence.
Crise de l'industrie musicale ? Changement de line-up ? Justin Bieber et Miley Cirus ? Mais de quoi parlons nous ? On parle ici d'un groupe qui poursuit sa ligne artistique faite de boyaux, d'hémoglobine et de gros riffs, sans concessions, et avec une réussite certaine. Cannibal Corpse fait partie des références du paysage musical metal dans sa catégorie. C'est l'un le groupe que tout le monde connait globalement, chacun ayant eu entre les mains tôt ou tard un disque d'eux. Après évidemment, et vu le registre, on prend bail ou on déménage, mais au final chacun a un peu de Cannibal corpse en son sang. Aussi, quoi de mieux que de surprendre son monde? Et il ne faudra qu'une minute, celle de l'intro de l'album, pour obliger le navetteur a ressortir son baladeur de sa poche pour s'assurer que c'est bien A Skeletal Domain qui tourne. Bon ça ne dure pas bien longtemps car George de la grunt crache et rassure l'auditeur, ainsi finalement que le rouleau compresseur (moteur diesel) qui prend son temps de chauffe. Le morceau de promo dévoilé en amont ("Sadistic Embodiment") prend le relai et on retrouve ses marques, bien au chaud dans l'boyau.
Mais.... Il y a un mais. Cannibal Corpse évoluerait-il ? Ses compositeurs vieilliraient-ils ? On se pose la question. Passons de suite les formalités de genre : ne parlons pas de l'artwork et puis confirmons que la production est énorme. L'album enfilé, certes avec plaisir, car de la nouvelle bidoche ça plait aux viandards, apparait alors l'envie d'aller faire un tour du coté des créateurs. On sent dans le tracklisting que ce n'est pas le même bonhomme qui pond tous les morceaux. Les deux "Kill or Become" et "Icepick Lobotomy" se différencient légèrement des autres, largement plus « traditionnels ». De même, un étrange "Funeral Cremation", à l'intro dispensable, propose un riff et une atmosphère peu habituels pour le coup. Mais ce serait un peu chipoter la saucisse gore du groupe, car les fondamentaux sont tous là et ultra maitrisés : du gros riff à une batterie à l'incroyable régularité de la double au charlet, et cette basse monstrueuse qui brûle le miel des oreilles.
Alors, « 13 a toujours été un fout la merde ». En douze morceaux et trois quart d'heure, A Skeletal Domain met plutôt dans l'embarras. Finalement satisfait de s'envoyer de la bonne viande fraîche, on peut se demander si justement le produit n'est pas à consommer rapidement. Si le cahier des charges est rempli et suivi à la lettre, quelques perceptibles grains de sable viennent mettre la grouille. Mou du genou ? Essoufflé ? Certainement pas, car il est évident que les nouveaux refrains à la "Kill or Become" vont casser quelques voix et quelques bras dans les pits. De plus, la précision chirurgicale est toujours présente et découpe au scalpel les microscopiques approximations techniques de tous les postes : du growl impeccable aux riffs puissants, en passant par une rythmique renommée (quelle basse quand même !). Alors quoi ? Trop entendu ? Trop attendu ? Moins inspiré ? Peut être, et sans courage aucun je préfère éluder et laisser le temps de répondre à la question.
Messieurs je ne vous dis pas merci ! J'étais ravi de m'enfourner la galette et chaque écoute parasite mon cortex, m'empêchant de laisser mes neurones au placard et headbanguer comme un débile. Certaines compositions, sans aller jusqu'à déranger, interrogent. Cannibal Corpse en a-t-il assez d'être Cannibal Corpse ? Le groupe fait-il une overdose de gore ?... On verra. Soit c'est un album en trompe l’œil et le plaisir sera maitrisé, soit le changement commence ici au treizième rejeton. Ou alors, tout simplement, nous avons ici un album de plus dans une discographie toutefois largement respectable.