CHRONIQUE PAR ...
Mita
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Lori Lewis
(chant)
-Johanna Naila
(chant)
-Thomas Vikström
(chant)
-Snowy Shaw
(chant)
-Mari Paul
(chant)
-Christian Vidal
(guitare)
-Christofer Johnsson
(guitare)
-Nalle Påhlsson
(basse)
-Johan Koleberg
(batterie)
-Mattias Olsson
(claviers)
TRACKLIST
1) Poupée de Cire, Poupée de Son
2) Une Fleur dans le Cœur
3) Initials B.B.
4) Mon Amour, Mon Ami
5) Polichinelle
6) La Maritza
7) Sœur Angélique
8) Dis-Moi Poupée
9) Lilith
10) En Alabama
11) Wahala Manitou
12) Je n'ai besoin que de tendresse
13) La Licorne d'Or
14) J'ai le Mal de Toi
15) Poupée de Cire, Poupée de Son (version duo)
16) Les Sucettes
DISCOGRAPHIE
Quoi ? Un album de reprise de la part de Therion ? Et en plus, c'est dans la langue de Molière ? On aurait pu croire à une vaste blague, une supercherie mais non, nos amis suédois l'ont fait, et se sont lâchés. Un hommage à la variété française des années soixante, une période particulièrement appréciée par Christofer Johnsson. Aucun doute, nos Scandinaves ont fait du craquage de slip, du pétage de plomb. Les Fleurs du Mal représente un peu la pomme de la discorde pour les fans, entre incompréhension et amusement, voir admiration.
Impossible de rester de marbre devant cet effort, donc, qui peut osciller entre deux situations antinomiques : le ridicule et le spectaculaire. Après tout, chacun y verra midi à sa porte. Premier élément tout de suite identifiable, pourtant, c'est qu'on est bien devant un disque de Therion. Et ce, même avec la phonétique et l'articulation exagérée des membres du groupe dans la langue de Molière, on parvient à reconnaître instantanément le combo lorsqu'on prête l'oreille à ces curieuses reprises : les chœurs, les guitares, les voix, leur son est bel et bien là, toujours résolument metal, apportant donc leur propre touche à cette variété therionesque amusante et intrigante. L'amour de Johnsson pour cette musique est palpable en tentant également de rester fidèle aux originales, qui ne plairont pas à tous, c'est certain.
Si quelques noms reconnus viennent vous titiller l'oreille de leurs mélodies qu'on a déjà entendu une fois dans notre vie (Gainsbourg et son "Initials B.B." ou "Les Sucettes" et "Poupée de cire, poupée de son" de France Gall), Therion s'approprie la mélodie à sa sauce. Une volonté de combiner ces sonorités typiques d'une époque à celles, plus modernes, de nos Suédois. Preuve en est sur l'opener, "Poupée de cire, poupée de son" où la mélodie est toujours là, mais où le groupe apporte ses idées : le chant lyrique incroyable de maîtrise d'une Lori Lewis qui n'a plus rien à prouver, les guitares qui apportent un peu de lourdeur et les chœurs sur le refrain. Ça fonctionne, c'est entraînant et bien foutu. Avec plus ou moins de réussite, cependant : "En Alabama" et "Je n'ai besoin que de tendresse" ne laisseront pas un souvenir impérissable à l'auditoire, trop anecdotiques.
La difficulté, quand on fait seize reprises de morceaux de variété, c'est de pouvoir captiver du début à la fin. Il y a donc quelques bas, et il y a des hauts. Et comme la formation a compris que "Poupée de cire, poupée de son" est bien foutue, ils nous offrent deux fois plus de réjouissances. Ainsi, on retrouvera la piste en fin d'album avec un duo où Thomas et Lori font merveille. Mari Paul poussera la chansonnette sur "Une fleur dans le cœur", et Johanna Naila sur "Initials B.B.", deux réussites, surtout la seconde qui bénéficie d'une aura spéciale : entre le chant grave et sensuel de Johanna et les chœurs du refrain, Therion cherche à transformer ce morceau en un titre épique et puissant. Et le pari est réussi. Snowy Shaw, par contre, n'intervient que deux fois : sur "Dis-moi poupée" et "Initials B.B.". Enfin, là où Lori brille véritablement, c'est sur "Sœur Angélique" de Léo Marjane, reprise avec une émotion pure et intacte.
Cet opus ne sera jamais fédérateur, et Les Fleurs du Mal représentera toujours un ovni dans la carrière de Therion. Qu'est-ce que le groupe a voulu faire par là ? Se faire plaisir, tout simplement, et tant pis si on aime ou pas. Après tout, comme Johnsson le dit lui-même, le principal, c'est que tout le monde a un avis dessus. Et pour une fin (pour le moment) de carrière, nos Suédois terminent avec une réelle prise de risque. En tout cas, cette démarche osée aura, de ma part, des félicitations : si le résultat n'est pas toujours entièrement au rendez-vous, la démarche culottée est à saluer.