Septic Flesh n’a jamais déçu. Pour le moment diront les mauvaises langues. Enfin, actuellement, à raison d’un album tous les trois ans, il semblerait étonnant que l’inspiration s’évapore soudainement. Avant leur reformation, ils ne possédaient pas cette régularité, et Esoptron était sorti un an seulement après l’assez excellent Mystic Places Of Dawn, alimentant la crainte de se trouver face à un jeune groupe trop pressé, qui essayerait de frapper un second coup pour pleinement capitaliser sur le premier.
Oui, ça c’est la théorie. Mais on parle de Septic Flesh. Du coup, lorsque "Esoptron" démarre, on peut être étonné par le changement : le clavier est beaucoup plus présent, comme sur "Rain", entre autres, et les mélodies sont différentes : on verse moins dans le mystique intemporel du Parthénon à la "Crescent Moon", et davantage dans un melodeath assez doomesque restant tout de même bien personnel. Ça semble mal barré ? Non, pas vraiment, pour la bonne raison que la qualité est au rendez-vous, ainsi que le prouvent les nombreuses mélodies d’ "Esoptron", ou la principale de "Narcissism". Cependant, l’ajout d’une chanteuse qui vient pousser des chœurs avec les autres, comme on peut le voir sur "Burning Phoenix" et "Ice Castle" permet de garder l’aspect spirituel du précédent presque intact. Autre petite nouveauté : l’ajout d’interludes, plus ou moins utiles (rah mais "Celebration", c’est presque la copie du "Forest Of The Unicorns" de Rhapsody…), qui aèrent l’ensemble.
Si sur Esoptron ils sont assez dispensables, ce ne sera pas le cas sur le suivant. Mais dans tout ça, quid du death musclé avec voix d’ours en rut ? Il est toujours là, comme sur "So Clean, So Empty", même s’il laisse plus souvent la place aux mélodies de guitare et de clavier. Du coup, peu de riffs retiennent vraiment l’attention, et ce sont davantage les qualités indéniables des arrangements qui fascinent, comme cette partie acoustique sur "Ice Castle". Septic Flesh se cache donc maintenant derrière les artifices ? C’est ce qu’il a plus ou moins toujours fait, et c’est pour cela qu’on l’aime, ou non, justement. Disons simplement que la démarche est ici poussée à son paroxysme, et qu’Esoptron est moins directement accessible, parce que très loin du pur death. Il est élitiste, parce qu’expérimental à l’occasion, et, malheureusement, même paré de certaines longueurs, comme ce dernier morceau boursouflé, tenant pourtant quelques idées, mais s’étirant trop… Tiens, mais c’est qu’ils garderaient presque le même travers que sur le précédent.
Un album moins foncièrement death, mais plein de passages de qualité, et surtout bardé d’arrangements. Esoptron est davantage un album de transition entre un premier essai death de l’Olympe et la suite, moins franchement orientée de ce côté, mais cherchant tout de même à conserver un certain ésotérisme. Et tout ça avec une patte bien reconnaissable, et gage de qualité, pour ne rien gâcher.