Bon, c’est pas tout ça mais Esoptron manquait tout de même bien d’un petit quelque chose, malgré des qualités bien présentes. Tranchant avec le premier album des Grecs, il partait dans une nouvelle voie, plus basée sur les arrangements. Ophidian Wheel, en tant que continuation logique ne fait qu’enfoncer le clou. Mais la force de frappe est assez démesurée pour le coup.
Pourtant, par là, il ne faut pas comprendre que le groupe donne libre cours à la brutalité métallique qui lui permet de se catégoriser dans le death. Le death plein de fioritures d’Esoptron est toujours de la partie, ainsi qu’il est possible de le constater dès "The Future Belongs To The Braves", qui oscille entre partie death énergique, moins mâtinées de doom qu’avant, le chant féminin avec piano, puis cordes, sonnant plus ou moins bien aujourd’hui du fait des moyens encore réduits du groupe, et mélodies tueuses. Sauf qu’ici, en plus, le nombre de leads d’anthologie est assez hallucinant… "The Ophidian Wheel", et surtout, surtout, celle qui ouvre "Heaven Below", se distinguent particulièrement parmi toutes les autres, permettant à The Ophidian Wheel de se classer sans problème dans le death mélo. Mais un death mélo de haute volée, racé, qui prend le temps afin de développer pleinement son propos.
Et du côté des arrangements divers, les Hellènes ne sont pas non plus en reste, ainsi qu’en témoignent "Phallic Litanies" et son mélange de voix claires masculine et féminine ; même si les mélodies éclatantes de la guitare aident encore une fois bien. Mais pour ceux qui s’ennuient, il y a tout de même quelques bonnes petites accélérations, bien que celles-ci soient dénuées de gros blast. Pour cela, il faudra attendre 2003… En plus de la suite de morceaux excellents qui se suivent dès le départ, ajoutons que cette fois les interludes qui entrecoupaient à tort et à travers les morceaux du précédent album refont surface, mais cette fois pour le meilleur. Enfin presque, parce que le début sympho pouet-pouet de "Tartarus" peut inquiéter ; heureusement que la suite tire habilement partie des voix claires, même s’il reste envisageable de trouver ça ridicule par (courts) moments.
Avec leurs moyens actuels, nul ne doute qu’une telle composition ferait son petit effet au milieu d’un de leurs derniers disques. A bien y regarder, Ophidian Wheel annonce même ce que deviendra plus tard la musique de la formation, avec les nombreuses incartades du clavier par-dessus les riffs, et ce malgré le fait que le cette première reste largement dominée par les guitares plutôt que d’autres instruments. Le plus rageant pour ceux qui trouvent que l’aspect death n’est pas assez représenté, est sans conteste la qualité et sa constance dans ce monument d’ambiance : un riff vient toujours relancer le tout après l’appesantissement ambiant ("On The Topmost Stop Of The Earth"). Ainsi, la dynamique sans cesse cassée évite de tomber dans l’ennui, qui aurait vite fait d’arriver pour peu que les passages arrangés aient été disposées autrement. Et, cerise sur le gâteau, fini l’album qui bourlingue, toutes les morceaux sont à leur place, et aucune longueur injustifiée n’est à signaler.
Le meilleur album des Grecs ? Le sommet de leur première partie de carrière, avant le tournant qu’ils prendront avec Summerian Daemons, sans contestation possible. Mais selon la préférence cela reste à voir. Pour les amateurs de gros death, mieux vaut se référer directement à l’offrande de 2003, mais pour les amateurs de death mystique, autant s’arrêter au présent disque et à son successeur.