Graspop Metal Meeting 2022


Graspop Metal Meeting

UN REPORTAGE DE...




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Jour 1 : 17 juin 2022

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Jour 1 :17 juin 2022



Scratch, scrouitch, crac. Non, il ne s’agit pas des bruits émis par la prothèse de hanche de Klaus Meine quand un roadie a oublié d'y mettre de l’anti grip, ni d’un résumé du concert de Gloryhammer (encore qu’on n’en sait rien, on n’y était pas) mais des sons produits par des milliers de tatanes écrasant des gobelets jetables et autres rebuts en plastique, tandis que leurs propriétaires quittent les abords de la grande scène où vient de se produire Scorpions pour le dernier gros concert de la deuxième journée du Graspop 2022. Le festival flamand est donc une fois de plus en lice pour l’obtention du label du fest le plus sale d’Europe – à voir cet été si son principal concurrent, l’Alcatraz tout proche, pourra relever le défi. Et dire que l’organisation ose avancer l’argument de la préservation de l’environnement pour justifier le fait de rendre le parking payant, après que tous les billets ont été vendus... Eh les mecs, si vous voulez vraiment que les bagnoles restent au garage, vous les interdisez purement et simplement, et basta ! Mais pour ça il faudrait prévoir un maximum de bus, de cars et autres transports en commun, avec tous les frais et la logistique que ça suppose - pas une pauvre navette qui attend sur un parking à peine plus grand que celui d’un collège de campagne comme on a pu le voir. Alors qu'un bon péage à l’ancienne, auprès d'un public captif, surtout celui qui est venu de loin et qui a claqué son PEL en carburant, voilà une combine idéale pour récupérer du cash sans trop se fouler ! Et puis les gens sont tellement contents de retourner en festival, c'est le moment ou jamais, pas vrai ? Pendant ce temps-là, le Hellfest met à disposition un nouveau parking de grande envergure, éphémère et gratuit.

« Wow, frère, elle sent la rancune, ton intro ! » Tout juste, frangine. Disons qu'on n'a pas spécialement envie de prendre des gants avec des organisateurs qui se comportent de la même façon que ces grosses boîtes qui pensent endormir tout le monde avec leur greenwashing hypocrite. Heureusement, le Graspop ce n’est pas que du bullshit de communicants mais avant tout des décibels et une affiche redoutable, notamment celle du vendredi. DOOL (13h40) ne rentre pas complètement dans les critères, la formation néerlandaise étant davantage portée sur un rock atmosphérique à forts relents gothiques, comme en atteste sa reprise (réussie) de "Love Like Blood" de Killing Joke. L'ardent final constitué par le titre "Dust & Shadow" fait regretter de ne pas être arrivé plus tôt pour profiter de la totalité du set.

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Pour se consoler, on file s'installer devant la scène principale de droite récemment baptisée South Stage – on vous laisse deviner le nom de sa voisine – pour mater STEEL PANTHER (14h45). Pour ceux qui ne connaissent pas, et aussi pour ceux qui connaissent, Steel Panther c'est du glam metal, beaucoup de tchatche et des jeunes femmes généralement peu frileuses qui montent sur scène pour se déhancher aux côtés de quinquagénaires à perruques. Manifestation machiste d'une autre époque ou simple partie de rigolade, le débat ne sera jamais tranché et on s'en fiche un peu, personne n'étant maltraité ni forcé à quoi que ce soit dans l'histoire. Le scénario est toujours le même, la setlist aussi et l'imitation d'Ozzy par le chanteur Michael Starr sur la reprise de "Crazy Train" déclenche les rires habituels, surtout quand il mord dans une chauve souris en peluche. Peu de surprise on l'aura compris, si ce n'est un souci technique rencontré par Satchel pendant "Community Property" qui incite le guitariste à inviter encore plus de filles à le rejoindre. On pourra regretter l'absence d’ambiguïté concernant l'orientation sexuelle de Spyder, le remplaçant du très maniéré et tordant Lexxi Foxx mais après tout, à chacun son style. Ça joue bien, ça crowdsurfe à tout va, les blagues sont grasses et les refrains repris en chœur, soit tout ce qu'il faut pour se vautrer dans le fun offert par les sympathiques lourdauds ricains.

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On zappe Black Label Society car on a mieux à faire : d'une part se désaltérer vu que le cagnard a choisi ce jour-là pour faire son apparition décennale en Belgique – pas de problème, ce ne sont pas les tireuses à mousse qui manquent – d'autre part tenter de choper un tshirt au merch' officiel. On finit par renoncer à cet ambitieux projet, vues la file d'attente et la lenteur du service. Autant bien se placer pour se délecter du gig de THE VINTAGE CARAVAN (16h45). Et conformément aux attentes, les Islandais offrent une prestation énergique de hard rock à l'ancienne mais pas démodée. Le bassiste naguère timide a pris la confiance, le joyeux batteur arbore toujours son débardeur à motif léopard alors qu'Oscar opte pour un très classe pantalon à rayures noires et blanches. Le guitariste enchaîne riffs, solos et ses fameux rictus avec une bonne humeur communicative. Le son claque, la cohésion des musiciens est exemplaire. Le dernier album, Monuments, est logiquement favorisé mais son excellent prédécesseur Gateways n'est pas négligé – "Reset" est devenu un classique du trio qui lui sacrifie "Babylon" et "Midnight Meditation", autres occurrences remuantes, mais pas l'incontournable "Expand Your Mind" en conclusion. Quatre ans après leur venue remarquée au Graspop où ils avaient converti de nouveaux adeptes, dont l'auteur de ces lignes, les compatriotes d'Aðalbjörn Tryggvason montrent qu'ils ont gagné en sérénité sans perdre en intensité. Et c'est cool.

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À peine le temps de souffler qu'on retrouve l'une des rares formations françaises conviées à cette vingt-cinquième édition, à savoir ALCEST (18h). Pour savoir de quoi il retourne, il suffit de lire le compte-rendu de la date strasbourgeoise de la tournée « Spiritual Instinct », consultable en ligne (ici), en imaginant des effets de lumière amoindris en raison de l'horaire diurne, un son un peu plus diffus qu'en salle et en considérant une durée moindre – cinquante minutes – qui oblige les « nouveaux » protégés de Nuclear Blast à délaisser trois titres ("Solar Song", "Sur l'océan couleur de fer" et "Kodama"). En résumé : un set moins immersif qu'à la Laiterie mais toujours aussi onirique.

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Puis vient l'heure du choix : quel groupe aller voir avant les dinosaures ? Megadeth n'est pas loin d'en être un, de même que Paradise Lost, au contraire des Ukrainiens de Jinjer que l'on ne peut que saluer au vu de la situation atroce que subissent les habitants de leur pays d'origine. Finalement, ce sera ZEAL & ARDOR (19h40), d'abord parce que ça fait longtemps qu'on n'a pas vu les Suisses (à la Laiterie, encore, au surlendemain de l'attentat perpétré dans la capitale alsacienne en novembre 2018), ensuite parce les échos de leurs récentes prestations sont très favorables. On comprend les raisons de l'engouement, une fois passé l'étrange film d'animation en prélude : le groupe a encore gagné en cohésion, notamment le duo de choristes masculins qui se montrent particulièrement à l'aise, surtout le plus filiforme des deux. Le second guitariste, Tiziano Volante, se déchaine comme jamais, participant à l'intensité d'un set porté par un Manuel Gagneux toujours aussi habité. Le gospel black metal des Helvètes se déverse avec fluidité et force, déclenchant pogos et crowsurfings au sein d'une assistance qui n'avait pourtant pas besoin de se réchauffer. Clairement, la formule de la montée en puissance sur les couplets qui explose sur le refrain, bien qu'un poil répétitive, est diablement efficace. Accords lourds, blasts, incantations menaçantes au service de morceaux percutants : ça frappe au plexus, ça secoue la couenne, bref, c'est du solide. La popularité grandissante de Zeal & Ardor n'est certainement pas le fruit du hasard, ou d'une hype médiatique, qu'on se le dise.

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Sur le chemin des mainstages retentit un riff familier, celui qui amorce "Holy Wars...the Punishment Due", signe que le concert de MEGADETH (19h55) se termine. À entendre le filet de voix de Mustaine et la maîtrise du groupe, on se dit que peu de choses semblent avoir bougées depuis le venue du Californien irascible et de son crew sur la même scène en 2018, si ce n'est le changement de bassiste pour des raisons rocambolesques.

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Ayant profité pleinement d'Amenra ces derniers temps (trois fois en six mois), c'est sans regrets excessifs que l'on délaisse les Belges pour se poster devant WHITESNAKE (21h05). Sourire ultrabrite, chemise entrouverte sur chaînes en or qui brillent et chevelure baignée dans les rayons d'un magnifique soleil couchant, David Coverdale arpente la scène avec l'assurance du briscard qui en a vu et revu. On pourrait craindre le récital de vétérans en mode routine façon Deep Purple, d'ailleurs le groupe attaque par "Burn", l'un des morceaux iconiques du Pourpre Profond. Et ça groove sévère ! Car le rusé leader a compris qu'il devait rafraîchir son équipe sous peine de se vautrer dans une caricature de vieux beau rincé – ce qui était largement le cas il y a presque dix ans. La cure de jouvence est une réussite incontestable, grâce à la prestation – et la prestance – de la bassiste Tanya O'Callaghan, première femme jouant dans Whitesnake, et du jeune prodige Dino Jelusić aux claviers qui s'autorisera un duel – debout - avec son collègue du Trans-Siberian Orchestra Joel Hoekstra, qui avait participé au dernier album en date de Whitesnake, Flesh and Blood, dont aucun extrait ne sera interprété. Plat du pied sécurité, rien de plus récent que 1987 – le millésime et l'album – ne sera joué ce soir. Dans ces conditions on regrette que Lovehunter ait été mis de côté, mais pour sa tournée d'adieu, le boss privilégie les hits, à la grande joie de l'assistance qui s'époumone sur le refrain de "Fool for your Lovin'" et les tubes de 1987 - "Is This Love", "Give Me All Your Love", les relectures US de "Crying in the Rain" et "Here I Go Again" avec en point d'orgue le zeppelinien "Still of the Night". L'autre bonne idée de Mister Coverdale est de se faire assister par ses compagnons de scène qui le doublent, voire le remplacent, sur de nombreuses séquences. Outre le couteau suisse, ou plutôt croate, Jelusić, le principal contributeur aux vocalises est l'autre claviériste, Michele Luppi, également abonné aux enregistrements du label Frontiers. Et ça le fait. Le rendu est agréable et conforme aux versions originales, permettant au leader de se concentrer sur les passages qu'il s'est réservé. Le truc improbable du show : Hoeckstra se montre encore plus cabot que son maître en multipliant les poses de guitar hero pour enquiller ses solos, il est vrai impeccablement exécutés, le tout dans une tenue clinquante faisant penser à un mix entre Don Diego de la Vega et une version sombre d'Elvis période Las Vegas – les santiags aux semelles dorées, ça en jette. Le patron prend le temps de présenter longuement chacun de ses employés, dont le batteur fou Tommy Aldridge qui terminera son solo avec les poings. Puis le thème mélancolique de "We Wish You Well" s'élève tandis qu'une photo de la Queen apparaît, concluant quatre-vingt-dix minutes pas loin d'être parfaites.

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Maintenant, il faut attendre. Une heure et demie, le temps que WITHIN TEMPTATION (22h30) fasse son show sur l'estrade d'à côté. On ne va pas raconter d'histoire, les samples symphoniques des Bataves n'étant pas trop notre tasse de thé, on a écouté, ou plutôt perçu leur récital les fesses posées sur le revêtement en plastique, après avoir repoussé une belle épaisseur de déchets – c'est que la journée est longue et qu'il faut savoir économiser ses lombaires si on veut tenir jusqu'au bout, foi de darons. Mises à part les vibrations des basses fréquences, on aura pu apprécier quelques effets pyrotechniques et la robustesse vocale de Sharon Den Adel qui arriverait presque à faire passer le néerlandais pour une langue mélodieuse lorsqu'elle s'adresse à l'auditoire entre les morceaux – elle est douée, la bougresse. La discographie récente semble avoir été mise à l'honneur - il y avait le titre avec le rappeur, ses lignes de chant en tout cas - mais on a quand même reconnu "Ice Queen" et "Mother Earth" en clôture.

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Allez, place aux choses sérieuses avec en apothéose annoncée les papys germains de SCORPIONS (00h00), qui remplacent Avenged Sevenfold (qui a dit « tant mieux » ?). D'abord, une mise au point : non, l'audience n'est pas composée uniquement d'aïeuls en vestes à patches venus voir une dernière fois leurs idoles de jeunesse. Toutes les générations sont représentées, et plusieurs zoomers investissent les premiers rangs pour aller reprendre en chœur les tubes du quintet allemand, entrecoupés des (trop) larges extraits – quatre ! - du dernier LP, digne, propre mais pas au niveau des classiques. Oui, ce discours sent le vieux schnock nostalgique mais il n'en demeure pas moins qu'on se fait légèrement suer – autant jouer "China White" plutôt qu'un erstaz comme "Seventh Sun", honnêtement. Bon, on peut reconnaître une certaine audace à entamer les hostilités par un titre aussi lambda que "Gas in the Tank" et plus généralement à défendre un enregistrement récent alors que tout le monde attend les hits. Le problème est que l'on sait qu'à ce petit jeu certains d'entre eux seront sacrifiés – pas de "Dynamite", de "No One Like You" ni de "Loving You Sunday Morning" (bon, fallait pas trop rêver pour celle-ci), et aucune composition période Uli Jon Roth, même pas un medley. Tant pis, tous les autres y sont, dont bien sûr "Winds of Change" et ses paroles modifiées en soutien au peuple ukrainien – un brin démago, le procédé, mais a priori sincère. Les instrumentistes assurent : Schenker se démène avec une énergie qu'on aimerait bien avoir à son âge – il faut le voir faire joujou avec sa guitare-fusée comme si on venait de lui offrir à Noël – Jabs est toujours aussi fiable et les deux compères de la section rythmique, qui y vont chacun de leur solo, dynamisent le tout, particulièrement ce bon vieux Micael Kiriakos Delaoglou aka Mikkey Dee derrière les fûts. Reste le cas Meine. Malgré un jeu de scène à l'économie qui trahit le poids des ans et une souplesse en berne, le chanteur au béret envoie encore, même si sa voix a perdu en puissance depuis l'époque où il enregistrait "Blackout" et "Bad Boys Running Wild", évidemment sur la setlist. Et puis il chante juste, lui, contrairement à certains de ses collègues plus jeunes que lui complètement à la ramasse (ça va, Vince et Axl ?). Sa performance, ainsi que celle de tout le groupe est franchement bluffante sur "Still Loving You", archétype du titre casse-gueule - ok, ils l'ont joué des centaines de fois mais quand même. Question décorum, les projections aux couleurs criardes manquent souvent de finesse – on n'est pas chez Amenra – mais elles font partie d'un show bien huilé qui se termine sur l'incontournable "Rock You Like a Hurricane", dont les paroles bourrines font hurler de rire les anglophones mais c'est un autre sujet.

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Ainsi s'achève la J2 du Graspop 2022, dans les bruits de plastique, donc, et les mastications du contenu de la dernière barquette de frites – c'est cliché mais la valeur est sûre et la route est longue, donc il s'agit de blinder. Le bilan est quasi le même que la dernière fois qu'on a posé ses Docs à Dessel (2018, pour ceux qui n'auraient pas suivi) : zéro déception concernant les groupes qui ont superbement géré, aucune mauvaise surprise de ce côté-là et c'est le principal, qu'on ne s'y trompe pas. Mais outre le problème de propreté déjà mentionné (à quand les gobelets réutilisables, b....l ?), le festival de la province d'Anvers souffre d'un manque de personnalité, faute d'un réel investissement dans l'aménagement du site. L'alignement des boutiques et des baraques de bouffe sur tout le périmètre donne l'impression que le festivalier est avant tout considéré comme un portefeuille sur pattes, ce qui est un peu agaçant. Est-ce que ça empêche de passer de bons moments musicaux ? Non. Est-ce que ça incite à envisager d'autres destinations pour les années suivantes, notamment les fests concurrents qui partagent grosso modo la même affiche ? Oui. À bon entendeur.

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