CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Bjorn "Speed" Strid
(chant)
-Daniel Antonsson
(guitare)
-Ola Frenning
(guitare)
-Sven Karlsson
(claviers)
-Ola Flink
(basse)
-Dirk Verbeuren
(batterie)
TRACKLIST
1)Sworn To A Great Divide
2)Exile
3)Breeding Thorns
4)Your Beloved Scapegoat
5)The Pittsburgh Syndrome
6)I, Vermin
7)Light Discovering Darknesas
8)As The Sleeper Awakes
9)Silent Bullet
10)Sick Heart River
11)20 More Miles
DISCOGRAPHIE
Vous connaissez le principe des six degrés de séparation? Voici un exemple. A priori, rien de commun entre Soilwork et Watcha. Quoique... je pourrais commencer par établir un parallèle en rapellant que les deux formations ont enchaîné la sortie d'un album mal reçu et un changement important de line-up. Et que Soilwork a piqué le batteur de Scarve alors que Watcha a enregistré leur dernier album avec le bassiste de la même formation et leur a prêté son chanteur. Et hop, le lien est fait... capillo-tracté, mais réel. Même pas besoin d'aller jusqu'à six degrés de séparation. La prochaine fois, nous verrons comment établir un lien indubitable entre Iron Maiden et Kyo.
C'est donc l'heure du nouveau départ pour Soilwork, et les déclarations de Nuclear Blast (confirmées par Speed Strid en interview) faisant de Sworn To A Great Divide un retour au feeling de Natural Born Chaos auraient tendance à inquiéter. On n'a jamais vu un retour en arrière constituer un nouveau départ, et cette annonce puait méchamment la volonté de capitaliser sur le plus grand succès du groupe pour éviter les dégâts. Et on ne peut pas dire que les premières écoutes de cet album calment les craintes : oublié le son metalcore et râpeux de Stabbing The Drama, retour à une production bien plus claire propre aux deux albums précédents. Idem pour l'impression musicale générale : tous ceux qui s'étaient horrifié de la tendance groovy-jumpy de l'album précédent se réjouiront tant les compos retournent dans le giron sage d'un melodeath bien plus mélo que death. La dimension thrash est effectivement revenue dans les rythmiques, mais même les passages rapides du morceau-titre échouent à baffer l'auditeur tant le tout est policé et sage. Les vocaux de Strid - produits un nouvelle fois par le père Townsend – sonnent très bien et sont techniquement parfaits... mais la haine propre au genre semble bridée, mise en sourdine.
L'impression d'écouter du Soilwork générique persiste durant toute la première moitié de l'album, même après plusieurs écoutes. On a l'impression d'écouter des chutes de studio de Natural Born Chaos ou Figure Number Five, la patate en moins... car le tout ne retrouve jamais le niveau de violence d'un "Follow The Hollow" ou "Black Star Deceiver" alors que d'un autre côté la dose de chant clair (brillament interprété mais aux mélodies bateau) devient presque nauséeuse. Soilwork semble être devenu un groupe de heavy-metal pas super inspiré avec chant hurlé, ce qui fait un peu mal vues les pépites qu'ils ont pu produire par le passé. Il faut attendre "The Pittsburgh Syndrome" pour que tout ça commence enfin à déboîter : cette compo ne vaut pas tant par son riff melodeath convenu que par son couplet martial et pachydermique où Dirk Verbeuren fait presque peur ainsi qu'un refrain où le chant clair de Strid sert enfin à coller la pêche plutôt qu'à calmer le jeu. L'inspiration du combo semble enfin revenir, et le titre est trop court... et surtout semble bien isolé quand "I, Vermin" débarque derrière avec un riff sympatoche mais très vite stoppé par de nouveaux développements heavy sans saveur avec chant clair prévisible.
Car c'est bien là que le bât blesse : tout ça n'avance pas, et les craintes exprimées dans le premier paragraphe deviendraient presque des certitudes... s'il n'y avait pas ces quelques compos qui nous rappellent enfin que Soilwork est censé être un groupe de gens aimant innover d'album en album. Les ruptures mélodiques et les sonoritées inattendues de "Sick Heart River" (qui fait presque postcore par moments) redonnent espoir, et la performance de Strid derrière le micro est assez bluffante. Idem, les passages atmosphériques voire pop de "Light Discovering Darkness" sont une très bonne surprise même si les puristes seront sûrement effrayés par un chant qui rappelle Depeche Mode sur les couplets. Dommage que les refrains renouent avec cette sale habitude des vocaux cousus de fil blanc. Le dernier titre "20 More Miles" est pour sa part un tube annoncé : rythmique brisée ultra-efficace dans les couplets, bridge qui fait monter la pression, refrain-hymne que les fans connaîtront par coeur une semaine après la sortie de l'album, break inattendu, c'est du lourd. C'est malheureusement assez peu par rapport au nombre de titres sans relief dans lesquels Soilwork donne l'impression de faire du Soilwork au lieu de juste être Soilwork...
Sworn To A Great Divide n'est pas un mauvais album : sorti de la carrière de Soilwork il serait sûrement digne de louanges. Mais tel n'est pas le cas : à part Figure Number Five chaque album du groupe avait été une nouvelle baffe dans le genre. Ce nouvel album n'est ni une baffe ni une expérimentation, juste un recueil de chansons sans réelle identité pour la plupart. On blâmera le départ de Peter Wichers, on prendra cet album comme une transition, et en attendant on se dira que si on veut du lourd il y a toujours le dernier Watcha... la boucle est bouclée.