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CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note : 19/20

LINE UP

-Björn Ove Ingemar "Speed" Strid
(chant)

-Carl David Natanael Andersson
(guitare)

-Sylvain Coudret
(guitare)

-Sven Morten Ragnar Karlsson
(claviers)

-Björn Gunnar Rasmus Ehrnborn
(basse)

-Bastian Thusgaard
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement:

-Nisse Karlén
(chant)

-Morgan Schrantz
(voix)

-Rachel Hall
(violon+violoncelle)

-Johan Randén
(guitare acoustique+banjo)

-Daniel Fäldt
(kaval)

-Hanna Carlsson
(violoncelle)

Chœurs:

-Laila Prigorowsky

-Helene Alexandersson

-Catrine Ellwen

-Gonca Yazan

-Jenny Ericsson

-Cia von Heijne

TRACKLIST

1) Övergivenheten
2) Nous Sommes La Guerre
3) Electric Again
4) Valleys of Gloam
5) Is It In Your Darkness
6) Vultures
7) Morgongåva / Stormfågelqui
8) Death, I Hear You Calling
9) This Godless Universe
10) Dreams Of Nowhere
11) The Everlasting Flame
12) Golgata
13) Harvest Spine
14) On The Wings Of A GoddessThrough Flaming Sheets Of Rain

DISCOGRAPHIE


Soilwork - Övergivenheten
(2022) - mélodique death metal - Label : Nuclear Blast



(For English version, scroll down)

« Som af förtviflan, sorg eller ledsnad vid lifvet frågarefter ingenting hvad som kan hända, och derföre blindt störtar sig i hvarje fara. »
« Celui qui, empoisonné par le désespoir, le chagrin ou la tristesse de vivre, ne se pose plus de questions sur ce qui peut advenir, et se jette aveuglément dans tous les périls. »

Övergivenheten est hanté par les pensées les plus sombres qui participent de l'identité et de l'inspiration de Soilwork. Cet album, de son seul nom, convoque un ensemble très vaste de visions et d'expériences touchant à l'individu autant qu'à la multitude, fomentées par le sentiment d'abandon – subi ou causé – et dont la conscience et la réalité se sont trouvées accrues par le contexte redoutable de complexité de la pandémie.


L'intensité du sentiment d'abandon est à la mesure du désir de reconnexion et de complétude, Övergivenheten est donc dual. La balance vertueuse, ciment de la dyade David/Björn, a permis de fondre leurs deux écritures – introjectée ou objectivée – en un langage gémellaire. L'architecture adroite d'Övergivenheten repose sur des contrastes lyriques, stylistiques et narratifs forts. Soilwork a su tirer parti du temps de claustration et a porté un soin particulier à la réalisation de cet album d'un niveau de technicité accru. Pensé et conçu pour être organique, il fait de l'auditeur son noyau central. D'une sincérité sans faille, il restitue les émotions convoquées dans leur authentique pureté. Mais il est surtout d'une intensité remarquable. Une réalisation encore ennoblie d'une main de maître par l'irremplaçable M. Thomas « Plec » Johansson, qui a choyé la limpidité et le naturel de la musique.
Interrogé sur son sentiment, il répond : « Je pense qu'aujourd'hui Soilwork fait vraiment son propre truc. C'est un changement dont je suis très heureux de faire partie. Il y a tellement de groupes qui essaient de sonner comme les autres. Mais avec Soilwork, ils sont uniques et essaient toujours de repousser les limites ».
Ainsi ceinturé, l'auditeur se sentira concerné et impliqué. Mais Övergivenheten en est d'autant plus dense et complexe. Une écoute attentive est vraiment de rigueur pour l'apprécier à sa juste mesure.
Clair/obscur évidement dans le jeu des musiciens qui se réclament de cette dichotomie. Loin d'une surexploitation de blasts qui « donnerait mal au crâne à un caillou », de murs de guitares surnuméraires et d'une systématisation du chant grave. La sublimation naît ici de la subtilité de l'instrumentation et de l’alternance judicieusement opérée du chant clair/grave. Björn ne semble jamais devoir s’essouffler dans son ascension vocale et triomphe de nouveaux sommets de maîtrise et d'éloquence. Son chant, quel que soit le registre, respire l'intuition et l'implication. Et le pouvoir émotionnel de sa voix atteint ici son acmé. Les chœurs ont également été soigneusement travaillés pour amplifier la portée dramatique du propos et donner leur note de contraste à la narration – ainsi ces voix angéliques, marqueurs saisissants du morceau éponyme. Leur intervention ennoblit un état de grâce à l'imminente déchéance. On soulignera enfin la participation de Nisse Karlén (Sacramentum) en invité, qui contribue à la profondeur de l'épique de clôture.
Lors de cette écoute, on se toque de la qualité du jeu de Bastian qui, lorsqu'il lance le pouls, ne se perd jamais dans l'exagération ou une quelconque suffisance. Il s'illustre au contraire dans son habileté à naviguer avec une souplesse remarquable entre puissance, douceur et groove, sa performance mise au service seul de la portée du propos – intense. Point de mélodies creuses ou cassantes, de riffs cavaliers cheminant seuls, ou de murs de guitares poreux. Il n'y a pas de place pour le vide. Le travail effectué à la basse par Rasmus (excellent musicien, créatif, et précieux atout live, désormais membre officiel de Soilwork), apporte tout cette solidité et cette densité indispensable à la musique, sans se restreindre à coller aux guitares. Et l'on se doit encore de souligner le rôle de Sven aux claviers, dont on ne peux que savourer l'élégant maillage d’atmosphères. Acides/amères, affectées ou encore stellaires. Mais surtout, conjugués à cette basse « itinérante » (comme la qualifie Björn), ces claviers amplifient considérablement la résonance. Élément artistiquement crucial, car cette grande profondeur de champ nous permet d'apprécier d'autant mieux tout les détails de ce paysage sonore.
Le jeu racé des guitares n'en est que plus intense. Rivalisant de dextérité, de véhémence et d'élégance, David et Sylvain s'attaquent à chaque facette du thème pour nous injecter jusqu'à la dernière goutte d'émotion. Enfiévrées ou mélancoliques, écrasantes ou séduisantes, les guitares subliment l'oraison. Enfin, de touchantes partitions acoustiques s'invitent dans les dialogues : les guitare et banjo de Johan Randén, ("Övergivenheten") dont l’intervention inattendue ne préjuge pas de sa subtilité, l'altérité du violon de Rachel Hall ("Electric Again", "This Godless Universe", "The Everlasting Flamme") d'un charme délicat, la gravité du violoncelle de Hanna Carlsson, la flûte de Daniel Fäldt, sans oublier le piano, douce voix emprunte de cette mélancolie si particulière. Enchâssées entre deux splendides épiques, "Övergivenheten" et "On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain", s'entrelacent les pistes vindicatives qui nous prennent à la gorge, les mélancoliques et les enfiévrées, les frondeuses instrumentales. Mais chacune découvre sa part inhérente de contrastes pour former un ensemble tout en nuances.
"Electric Again" est fièvre et tourment. À la virulence de sa section rythmique s'adjoint un jeu de guitares sans appel qui nous précipite dans un mouvement de chute hélicoïdal (ce vortex sera l'un des fils rouges de l'album). Une cruelle réalité - l'attraction du vide - l’arrachement - nous sont martelés dans de féroces couplets. La déchirure et la promesse éperdue sont restituées dans les bouleversants refrains. Rage, égarement et ferveur se succèdent. Et quand, d'une élégante désinvolture, le violon s'élève pour incarner la vision d'une présence sensible, tout en grâce, est-ce regret ou espoir ? La guitare s'abandonne alors à un monologue fiévreux – sans réponse, si ce n'est la chute. "Is It In Your Darkness" est un maelström acharné. Plus frontal, plus rapide, plus acrimonieux. Ses attaques massives et son chant acharné matérialisent sa vérité brutale. La vision du vortex est ici amplifiée par la lamentation des guitares et la rythmique fuselée de la batterie. Un goût d’inéluctable imprègne ce morceau. Mais il se fend aussi de conjurations claires, de sursauts incendiaires, et d'un break aérien dans lequel s’engouffre un solo avide de lumière. Son inexorable densité n'en reste pas moins écrasante. Mais il est aussi ce voile qu'on déchire avec férocité.
"This Godless Universe" sera l'une des plus implacables. Elle s'introduit par une mélodie de piano, mais d'une solitude glacée qui réalise déchéance et errance. Ici renforcées par le ton improbateur des guitares et du violoncelle, encore rejoints par un violon accablé autant que sentencieux. "This Godless Universe" est périssabilité et cendres. Elle hurle l'agonie d'une conscience trop aboutie de la finitude et dénuée de refuge. Sa rythmique et ses murs sonores resserrent l’étau. Son chant âpre et ses chœurs, à la sévérité amplifiée, forment une multitude compacte. Tout s'abat sur ce piano solitaire qui hante la fin du morceau. Plus ambigu est l'hérétisme de "Golgata". Son atmosphère limpide et stellaire, ses frémissantes guitares, la libèrent du temps et de l'espace. Bien qu'essuyant de corrosifs couplets, son solo suave et déchirant, ainsi que sa dominante sidérale auraient pu l'imposer comme la contemplation d'un lointain fascinant, une vision onirique. Mais il n'est plus rien à atteindre, toute l'exaltation possible a été ressentie. "Golgata" est désenchantement."Harvest Spine" se jette alors dans une cavalcade déchaînée. Sa véhémence prend forme dans une batterie massive et résolue, l'impétuosité des guitares et un chant inflexible qui enflamment sa narration féroce. Inébranlable, elle porte le germe de la sédition. Son break et sa brûlante guitare achèvent de la rendre indomptable.
À la furie de ces morceaux se mêlent les propos lunaires. "Dreams Of Nowhere", présentée comme la fusion des résonances passées et des orientations présentes de Soilwork, est axée sur l'impérissable dichotomie réalité/évasion. Elle est le jour qui adresse une sévère mercuriale à la nuit. Sa rythmique et ses guitares tranchantes sont bataille entre les couplets. Mais ses riffings se font aussi plus aériens dans les refrains. Elle veut relever celui qui s'abandonne, aveuglé par sa propre douleur. Le chant est autant admonestation que vœux désespéré de ressusciter une vision claire. La meurtrissure est bien présente, mais la dominante est flamme. Mais c'est "Valleys of Gloam", qui exhale une pure lumière. Intensifiée par un chant exclusivement clair, un jeu de guitare bien plus ascensionnel et une rythmique obstinée, elle impose sa profondeur et sa vision lumineuse. Son break envoûtant résonne comme un sursaut de conscience. Balayant la douleur intériorisée et solitaire, elle se ressent comme la projection d'un futur faisant renaître envies et audaces.
Dans le déploiement de ses vastes ailes, "Vultures" accroît la magnitude de sentiments dévorants à un niveau particulièrement élevé. Cette chanson ensorceleuse est une pépite pure. Céleste de part sa profondeur de champ remarquable et les tonalités astrales de son atmosphère. Magnétique dans son groove. Passionnée, dans un chant redoublant tant de profondeur que de brillance. « Fulgur ignis spiritus ». Elle est surtout l'embrasement de la guitare qui lui confère toute sa sensualité, paroxysmique lors de son fervent et voluptueux solo. Elle est douceur, enfin, à la faveur d'une tendre mélodie de piano. "Death I Hear You Calling" en est le miroir. Dangereusement fascinante, elle nous entraîne dans son sillage. Mais nous marchons ici sur des charbons ardents. Le chant est emprunt de gravité, la rythmique est plus oppressante, mais la guitare s'élève dans une douloureuse complainte, déchirée entre tentation et résistance. La mort, séductrice, découvre un beau visage. Il flotte toujours dans l'air ces touches sidérales. "Death I Hear You Calling" est un poison létal, et pourtant, hypnotisés, on s'arrache d'elle à corps défendant. Övergivenheten nous ouvre aussi la porte de deux alcôves instrumentales. Deux malicieuses antithèses : "Morgongåva / Stormfågel" (un cadeau offert par l'amoureux à sa belle au lendemain matin de leurs noces  / l'océanite-tempête, un oiseau présage et qui, dans certaines légendes, incarne l'âme des marins perdus en mer) et "The Everlasting Flame". Les dialogues qu'entretiennent ici les instruments, d'une mélancolie rêveuse, ont le charme d'improvisations nocturnes. De ces pensées qui ne peuvent se traduire en mots. Ces morceaux délicats ne cassent nullement les velléités ni le rythme de l'ensemble, mais participent bien de sa construction duale. Ainsi placés sous la protection d'un temps suspendu et mélodieux, il nous est d'autant plus difficile de nous arracher de ce refuge.
Entrelaçant lueurs et ténèbres, chaque morceau laisse percer une dominante subtile. C'est l'articulation des différents titres pris dans leur ensemble qui réalise la juste balance entre diaphanéité et neurasthénie. La déroutante "Nous Sommes la Guerre" fait exception. Sa mélancolie déliée est hissée par une oraison en chant clair et une instrumentation plus que singulière qui nous place en plein paradoxe. Ici, nous sommes conscience funambule évoluant sur un fil tendu entre deux espaces contraires. Cet équilibre est élégamment metaphoré : dans un chant intuitif et sensitif qui porte à part égale dilection et accablement. Dans la juste mesure de la batterie, dont la cadence suggère l'oscillation d'un cœur assouvi ou exalté. Dans les paroles, amères/ardentes, en contemplation égale de chaque vérité. Dans une mélodie flûtée ou des nappes astrales évocatrices d'une vision gracieuse, aussi proche que lointaine. Mais la fusion de la plénitude et de la déréliction est surtout le fruit de l'effervescente guitare. Gorgée de vibrations contraires, elle nous insuffle un sentiment indéfinissable qui atteint l'éminence dans un solo brillant et bouleversant. Déroutante, jusqu'à la dernière note. Achevant de magnifier ce morceau sis au point d'équilibre d'une vision transcendantale.
Enfin, celles qui enluminent l'album, deux fantastiques épiques, celle qui initie et celle qui consume.
"Övergivenheten", comme le pinacle du parcours musical de Soilwork. Symbiose de ses inspirations, de son évolution et des risques audacieux pris en vingt ans d'existence. "Övergivenheten", très loin d'être la simple amorce de cet album, mais l'injection immédiate d'un concentré pur. Cinématographique, elle reconstitue la matière. Flamboyante, elle fait de nous son centre. Elle est intensité brute. Elle est tout d'abord une innocence enracinée par un banjo et une guitare acoustique. L’ascension progressive de chœurs, célestes et enchanteurs, en état de grâce. Puis la mélancolie qui se déploie de concert. Une gravité, de plus en plus envahissante. L'imminence d'un danger... Et soudain, "Övergivenheten" est la frappe, l'assaut acide de la guitare, le cri féroce, le tourbillon... qui tous nous précipitent dans la chute. L'atmosphère composée ici, aussi ample qu'étouffante, crée cet abîme dans lequel nous tombons. Un gouffre dont les parois glissantes sont faites de murs de guitare frontaux qui ne laissent nul obstacle à saisir. Une chute sans secours où il n'est que les frappes d'une batterie implacable, amplifiée par les soufflets des claviers et d'impitoyables guitares. Irrémédiabilité. Dans la férocité des couplets - chant corrosif et guitares âpres et amères. Dans la supplique des refrains - voix déchirantes et poignante mélodie sous-jacente. Mais alors, le rappel à la surface de l'initial banjo, le sursaut de ce solo ascensionnel, la tendre mélancolie du piano final. Un espoir de transformation ? À moins que ce ne soit la contemplation résignée de la déchéance.
"On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain". Le miroir d'"Övergivenheten". Au faîte de l'abandon réside le désaveux de l'errance. Il n'est pas regret, il est conscience résolue. La portée de la narration en est modifiée : ici les refrains sont lourds et séditieux quand ils étaient majoritairement d'un chant clair et douloureux. Ici, les couplets sont fulgurance et invocation ferventes, là où ils étaient attaque frontale subie. Si les murs de guitare sont toujours aussi massifs, si le mouvement hélicoïdal demeure notre fil rouge, la guitare lead cause un désaxement. Elle crée le mouvement paradoxalement ascensionnel. Ce n'est plus le reflet d'une fatalité écrasant son orateur. Il convoque et dresse devant lui une vision, qu'il veut altière, lui commandant de se déchaîner. Il n'est plus une pensée introjectée, sa fantasmatique s'est extraite. Il y a désormais deux entités. "On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain" est la révoltée qui déploie alors ses ailes et découvre sa structure progressive. La ferveur atteint le paroxysme : baigné de gravité, le chant est impérial, il ouvre le passage à l'exaltation absolue d'une guitare plus incandescente que jamais, à la cavalcade féroce qui arrache du joug de l'abandon, à la prière toute puissante qui exhale la complétude. Celle « qui ne monte que vers un gouffre ». "On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain" est la sublimation de tout ce que capture cet album.
Les lyrics d'Övergivenheten sont plus noirs et frontaux que jamais. Ces paroles sont un concentré des pensées les plus violentes que peut éprouver un esprit perclus dans sa propre vision de l'abandon. Cet album aurait très bien pu n'être qu'une débauche de douleur, de désespoir et de désillusion à expurger. Ce n'est pas tant la dualité ténèbres/lumière inhérente à cet album que ce qu'elle met en valeur. Impulsive, brutale ou sensible, organique avant tout, la musique répond à son propre compositeur autant qu'à l’auditeur dont il se fait la voix. Incarnant la présence recherchée pour défier l'abandon. La vertu à souligner ici est la transformation de la matière, cette masse de sentiments noirs, en une source d'inspiration génératrice d'une fantastique créativité. L'abandon se dépasse alors par le mécanisme vertueux de la sublimation par la création.
L'esprit d'Övergivenheten trouve son prolongement dans la réflexion des artistes et réalisateurs qui ont contribué, par l'image, à cet ensemble. La seule couverture de l'album, signée David Palmqvist et Giorgia Carteri Music & Artworks, est d'emblée révélatrice. Tous ont été sensibles à la sincérité brutale de cet album, à ses nuances et sa mélancolie, ainsi qu'à sa visée organique. Et tous ont eu à cœur de restituer ce qu'il en ont capturé avec la même authenticité. Dans chacune de ces réalisations, nous retrouvons ténèbres et couleurs éclatantes, drame et survivance, chute et élévation. Et de la perception initiale que nous en avons, se découvre peu à peu une richesse d'intentions, à l'interprétation libre. Ces différentes créations sont intuitives, font appel à la matière et restituent une vision ouverte, en parfait reflet de la musique qu'elles viennent illustrer. Raison pour laquelle il m'est apparu évident de convier ces artistes à partager avec nous leur impressions.
Les clips vidéos réalisés pour "Overgivenheten" et "Dreams of Nowhere" par Hanna Oldenburg et Johan Kuurne diffèrent sensiblement dans leur approche des réalisations antérieures signées Bravo&Bravo Films. Cette nouvelle perspective est rafraîchissante. On ne peut que saluer l'élégance de la mise en scène, la sensibilité de ces plans captivants, l'originalité des idées et la beauté de ces vidéos qui enluminent la musique.
Hanna nous en parle : « Lorsque nous avons écouté la mélodie et les paroles de la chanson "Övergivenheten", cela nous a fait penser à une saga épique. C'est intemporel et aventureux, mais avec cette sensation de se noyer dans la solitude. Nous avons imaginé un personnage masculin partir en quête dans un monde apocalyptique, dans la poussière et l'obscurité. Puis nous avons contrasté ceci avec de la lumière et un personnage féminin, le souvenir d'un être aimé.
Pour "Dreams of Nowhere", nous voulions rester dans un univers similaire, celui de la saga épique. Garder l'intemporalité des mélodies en utilisant deux personnages féminins, deux cavalières. Les paroles sont magnifiquement poétiques et abstraites, c'est ce qui nous a orientés vers la fantasy, la magie de la nature, des pyramides, nous inspirant de certains mots clés, comme la flamme brûlante. Pour nous, Soilwork compose une musique magnifique, qui allie l'obscurité, la brutalité avec les espérances de celui qui est en quête. C'est ce que nous voulions dépeindre. C'est un honneur de réaliser des vidéos pour eux. Johan et moi, nous aimons créer des choses sombres et abrasives, mais avec une âme et de la lumière. La beauté est dans le contraste. Et notre style semble plutôt bien fonctionner avec la musique métal
».
La saisissante animation illustrant "Nous Sommes La Guerre," élaborée par Jiří Miškeřík, se distingue là aussi de sa prédécesseuse, Stålfågel réalisée par Elia Cristofoli. Cette fois-ci par son intense impact visuel et sa narration déroutante. Très ancrée dans le contexte de la pandémie, elle véhicule cette même vision de la transformation par la création. Jiří Miškeřík offre de découvrir l'entier détail de son travail sur cette video
Enfin, je tiens à souligner les splendides artworks réalisés par Argavilda pour cet album, captivants de par leur richesse, leurs couleurs, et cette sensation tangible de matière qu'ils inspirent. Argavilda a su s'approprier l'esprit de chaque morceau illustré, tout en laissant le champ ouvert à nos propres interprétations. Je vous invite chaudement à découvrir ses oeuvres.
À son tour, il a eu la très grande gentillesse de partager avec nous un peu de son histoire avec Soilwork : « J'ai écouté Soilwork pendant la majeure partie de ma vie d'adulte. C'est le groupe que je préfère pour initier les gens au métal. Dire qu'ils ont eu une influence sur la bande-son de ma vie, ainsi que sur mon propre développement en tant que musicien, serait un euphémisme. Lorsqu'on m'a demandé de travailler avec eux sur le nouvel album, j'ai été enchanté. Je connais Bastian depuis l'enfance, et c'était un peu surréaliste de collaborer à ce projet alors que nous ne sommes en fait que deux jeunes de l'ouest du Jutland (Danemark) qui ont été massivement influencés de différentes manières par un groupe avec lequel nous avons tous deux grandi.
J'ai immédiatement adhéré aux thèmes du changement, de la réinvention de soi. Metanoia (ndt :[un changement total de la pensée et de l’action qui permet de se transformer]). Il y a une tristesse, une sorte de mélancolie sur laquelle il est difficile de mettre le doigt, mais qui, je pense, est immédiatement reconnaissable pour quelqu'un du Nord.
Je voulais à la fois exprimer aussi précisément que possible les sentiments du narrateur et l'impact que l'honnêteté brutale des paroles ont eu sur moi en tant qu'auditeur. J'ai utilisé des textures d'écorce d'arbre et de fleurs provenant des marais d'Odense afin d'insuffler à l'œuvre le poids de l'histoire et de jouer avec la lourdeur des paroles et de la musique. 
Je voulais représenter au mieux la musique que Soilwork a si magistralement créée, et laisser l'agressivité contenue de l'image préparer le terrain pour que l'auditeur soit accueilli par la même lourdeur que les incroyables chansons.
Ce fut un plaisir absolu de faire partie du processus, et je dois remercier Bastian et le reste de Soilwork de m'avoir permis de jouer un petit rôle dans cette nouvelle étape de leur voyage musical. Mon histoire avec Soilwork est longue, et elle ne fait que s'amplifier avec ce projet. C'est vraiment un honneur d'en faire partie.
»

Dire qu'Övergivenheten me fascine serait un euphémisme. Il est relativement difficile de présenter cet album tout en gardant sa part d'objectivité. À la fois intimiste et champ ouvert, l'auditeur peut si aisément s'y reconnaître. Et il réserve encore et toujours des surprises malgré de (très) nombreuses écoutes. De quoi s'inscrire dans le temps. Mais cet album respire surtout une détermination à créer plutôt que se reposer sur des acquis. Soilwork offre désormais une musique toujours plus aboutie, authentique et audacieuse. Organique, elle l'est incontestablement. D'une identité originale, sans le moindre doute. Verkligheten et A Whisp Of The Atlantic en étaient déjà la pleine démonstration. Övergivenheten poursuit cette ambition. C'est le talent et cette inspirante manne de créativité que j'admire et que j'ai souhaité mettre en valeur ici.

Tous mes remerciements à Thomas Johansson, Argavilda et Hanna Oldenburg pour leurs partages.




« Som af förtviflan, sorg eller ledsnad vid lifvet frågarefter ingenting hvad som kan hända, och derföre blindt störtar sig i hvarje fara. »
« The one poisoned by despair, sadness, tired of living, that no longer wonders about what may happen, blindly overturns oneself in every danger ».

The darkest thoughts intrinsic to Soilwork's current identity and inspiration haunt Övergivenheten. In a nutshell, it summons a huge array of visions and experiences – singleton and collective -  triggered by the feeling of abandonment. Its awareness and reality further heightened by the dreadful and complex context of the pandemic.


The depth of the feeling of abandonment is commensurate with eagerness for reconnection and wholeness. Therefore Övergivenheten is dual. Thanks to a valuable balance - David and Björn's dyad succeeded in merging their – introjected and objectived –  writing styles into a twin language. Taking advantage of the lockdown, Soilwork took particular care with this highly technical album that was designed and produced to be organic, placing the listener at its core. It reproduces the original purity of emotions with seamless sincerity. But above all, Övergivenheten is deeply intense. The irreplaceable Mr. Thomas "Plec" Johansson - known to cherish transparency and naturalness – has ennobled it further.
And when asked about his point of view, he replied: « I think that Soilwork is really doing their own thing at this point. It's a change I'm very excited to be a part of. There are so many bands out there who try to sound like that other band but with Soilwork they are very unique and always try to push the envelope. »

Övergivenheten makes the listener feel concerned and involved in the process. But it is all the more dense and complex. An in-depht listinning is required to appreciate its true worth.
Claiming this dychotomy, no need to say that the performance is all long light and shades. Far from overuse of blasts (that would « give a rock a headache »), supernumerary walls of guitars and systematic low vocals. The sublimation arises from subtle instrumentation and clever clean/low vocals balance. Björn never seems to run out of breath in his vocal ascent. With mastery and eloquence, he reaches new pinnacles. Regardless of the register, his vocals carry intuition and commitment. The emotional impact of his singing reaches its peak. Special care has been taken with the choirs to amplify the drama and add contrast to the narrative. Thus these angelic voices, striking markers on the eponymous track. Their intervention ennobles a pictured state of grace in imminent decay. Finally, Nisse Karlén (Sacramentum) as a guest is worth mentioning, adding depth to the epic closing.
While listening, one is struck by Bastian's excellent performance who never exaggerates or falls into complacency. He distingues himself by his ability to navigate with remarkable flexibility between power, groove or softness. He puts all his skills at the service of the subject's scope – intense.  No hollow or cutting melodies here, no brazen riffs riding alone, no porous walls of sound. No room left for emptiness. The « itinerant bass » as Björn named it, plays its big part, setting up essential solidity and density to the music, not restricted to align with the guitars. And we congratulate Rasmus, very high skilled musician, creative, as well as a precious asset on stage, now official member of Soilwork. Sven's keyboards also deserve to be highlighted. One can only savour their elegant network of atmospheres, acidic/bitter, affected or stellar. But above all, both bass and keyboards remarkably increase the resonance. Artistically significant, as this wide depth of field allows us to enjoy the details of this musical landscape all the more.
Refined guitar playing is highly intensified. Filled with dexterity, vehemence and elegance, David and Sylvain tackle each side of the theme to inject us every last drop of emotion. Feverish or melancholic, overwhelming or seductive, they sublimate the purpose. Finally, touching acoustic patterns in the dialogues: the guitar and banjo of Johan Randén, ("Övergivenheten") unexpected but so subtle; the otherness of Rachel Hall's violin ("Electric Again", "This Godless Universe", "The Everlasting Flame"), of a delicate charm, Hanna Carlsson's grave cello,
Daniel Fäldt's kaval. And of course the piano, its soft voice reflecting this unique melancholy. Embedded between two splendid epic tracks, "Övergivenheten" and "On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain", the pieces intertwine, the vindictive kind that grab us by the throat, fervently melancholic or instrumentally seditious. However, each piece reveals its inherent contrasts which results in a nuanced whole.
"Electric Again" is fever and torment. A virulent rhythmic section joined by mercyless guitars throw us into a helical fall (this vortex will be one of our key thread). A cruel reality - the appealing void – the wrench - are hammered on with harshness verses. Overwhelming chorus convey heartbreak and distraught promise. Rage, bewilderment and fervour all along. And when the violin rises with elegant casualness and embodies the vision of a sentient presence - shaded with grace, hope or regret - the guitar surrenders in a feverish monologue - no answer back, except for the fall. "Is It In Your Darkness" is a relentless maelstrom. Frontal, faster, and acrimonious. Its massive attacks and harsh vocals convey a brutal reality. Guitars's wailing and refined drum beats amplified the vortex motion. The piece tastes inescapable. But it offers clear conjurations, incendiary bursts, and an aerial break into which a solo eager for light rushes. Its relentless density remains crushing, though it is also this veil one tears with harshness.
"This Godless Universe" will be one of the most implacable. It begins with a piano melody, but with an icy loneliness that realize decay and doom. The fall is increased by sharp guitars and cello, joined by a violin as overwhelmed as it is sentencious. This "Godless Universe" reflects perishability and ashes. A damning consciousness of finitude and vacuity that drives one mad with agony. And there's no salvation. Its rhythmic and guitars tighten the noose. The amplified choirs and harsh voices form a compact multitude. All crashes on the lonely piano that haunts the end of the track. "Golgata"'s hereticism is more ambiguous. Its pur stellar atmosphere and thrilling guitars free it from time and space. Although slashed by its corrosive verses, the suave and heartbreaking solo and its sidereal dominance could have imposed it as a contemplative of a fascinating distance. An oneiric vision. However, it is disenchantment and disruption. Nothing is left to reach, all the thrills have already been experienced. "Harvest Spine" throws headfirst into a wild ride. Its vehemence takes shape in the massive and resolute drums, impetuous guitars and unbending vocals that fill us with energy. Inflamed, unwavering, it sows the seeds of sedition. Its break and its burning guitar end up making it untamable.
The raging songs embrace the lunar ones. "Dreams Of Nowhere" - a merger of Soilwork's past resonances and current orientations -  focuses on the imperishable reality/escape dichotomy. It is a daylight that admonishes an introjected night. Its sharp guitars and rhythmic pattern lead a battle between the verses. However, the riffs are more ethereal in the choruses. Vocals try to pick up again the one who gives in, blinded by his own pain. The song is as much an admonition as a desperate wish to resurrect a clear vision. The pain remains, but the main feature of this piece is flame. "Valleys of Gloam" exudes pure light. Intensified by clear vocals, ascending guitar playing and a stubborn rhythmic pattern, it imposes its more luminous vision. Its spellbinding break feels like an eye-opener, it swepts away  introjected pain and loneliness. We feel embraced by the prediction of a looming future. Reviving desires and daring.
Spreading its vast wings, "Vulture" increases the magnitude of all-consuming feelings to a higher level. This bewitching song is a pure gem. Celestial in its remarkable depth of field and its sidereal atmosphere. Magnetic in its groove. Deep and brilliant in its vocals. « Fulgur ignis spiritus ». Above all, dangerously sensual when the guitar ignites. Paroxysmal in its fervent and voluptuous solo. Sweet, finally, thanks to a tender piano melody. "Death I Hear You Calling" mirrors it. Perilously tempting, it bring us to its wake. We walk through a column of fire. The vocals are deeper, the beat is more oppressive, but the guitar is torn  between temptation and resistance. It rises in a painful lament. Death reveals its most seductive face, and the air is still filled with these stellar patterns. "Death I Hear You Calling" is letal poison. Though, mesmerized, one leaves it unwillingly. Övergivenheten opens the door of its two instrumental alcoves. Two mischievous antithesis: "Morgongåva / Stormfågel" (the morning-after nuptials gift from the sweet-heart to his bride/ the storm-petrel, a bird that foreshadows tempest, and in some legends, embodying the souls of died at sea sailors) and "The Everlasting Flame". The dialogues are dreamy melancholy and have the charm of some nocturnal improvisations. Thoughts that no words can describe. These delicate pieces do not break the scope or the rhythm, but contribute to its intrinsic duality. Under the protection of a suspended and melodious time, it is all the more difficult to tear oneself away from this refuge.
Intertwining glow and darkness, each track reveals a subtle dominant. It is the articulation of all the pieces that achieves the balance between diaphaneity and neurasthenia. However the unsettling "Nous Sommes la Guerre" makes an exception. Its untied melancholy is enhanced by a clear vocal oration and a more than unique instrumentation. We are in the midst of a paradox. A tightrope walker evolving between two opposing fields. This balance is elegantly metaphorised, thanks to an intuitive and sensitive voice that conveys as much dilection as overwhelm. The drums whose cadence reflects the oscillating beats of fulfilled or exalted heart. The lyrics, bitter or ardent, as a contemplation of every truth. A fluting melody, or strings and astral patterns as a graceful apparition, as close as it remains distant. But above all, plenitude and dereliction fuse by means of an effervescent guitar. Drenched with opposite vibrations, it inspires an indefinable feeling, which reaches eminence in a brilliant and moving solo. Unsettling until the very last note, magnifying this song at the midpoint of a transcendental vision.
And then there are the ones that illuminate the whole album, two fantastic epic tracks. The one that initiates, and the one that consumes.
"Övergivenheten", as the pinnacle of Soilwork's musical journey. Symbiosis of its inspirations, its evolution and the bold risks taken in twenty years of existence. "Övergivenheten" is far from being the simple starter of this album. It is the pure concentrate of it. The immediate injection. Cinematic, it reconstitutes the material. Blazing, it makes us its core. It is raw intensity. At first, a vision of innocence settled by a banjo and an acoustic guitar. The smooth ascent of celestial and enchanting choirs towards a state of grace. But alongside the melancholy that unfolds. A gravity, more and more prevalent, invading the space. The imminence of danger rising. And suddenly "Övergivenheten" is the strike, the acidic guitar assault, the ferocious scream, the whirlwind that precipitate us all in the fall. The wide and stiffling atmosphere sets up an abyss. Its slippery walls made of frontal guitars  leave no obstacle to grasp. An unassisted fall where there are only the beating of relentless drums, amplified by the keyboard breathing and the merciless guitars. Irredeemability. In the fierceness of the verses, corrosive vocals and bitter guitar. The heart-rending plea of the choruses, heartbreaking voice and underlying melancholic melody. Then suddenly the reemergence of the banjo, the surge of this ascending solo, the tenderness of the final piano. In hope of transformation? Unless it is in resigned contemplation of decay.
On The "Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain". The mirror of "Övergivenheten". At the peak of abandonment lies the disavowal of wandering. It is not regret, it is resolute consciousness. The scope of the narrative is transformed: here the choruses are massive and seditious, whereas they were mostly clear and painful. Here, the verses are vision and fervent invocation, where they were a frontal suffered assault. If the walls of guitar remain significants, if the helix remains our key thread, the lead guitar causes a dislocation. It creates a paradoxical ascensional movement. It is no longer the reflect of an overwhelming fate. The narrative summons and builds a presence before him, which he wants to be haughty, and commands her to unchained. It is no longer an introjected thought, its phantasmatic has been extracted. There are now two entities. "On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain" is the rebellious one which deploys its wings and displays its progressive structure. The fervour reaches a paroxysm: bathed in gravity, the vocals are imperial, opening the gateway to the absolute exaltation of a guitar more incandescent than ever, to the ferocious cavalcade that tears away the abandonment, to the almighty prayer that exhales completion. « The One who ascends to a chasm ». "On The Wings Of A Goddess Through Flaming Sheets Of Rain", is the sublimation of all that this album captures.

Övergivenheten's lyrics are deeper, darker and more head-on than ever. The words concentrate the most violent thoughts that can come across a mind when trapped in its own vision of abandonment. This album could easily have been nothing more than a collision, a debauchery of pain, despair and disillusionment to expunge. It is not so much about the duality dark/light intrinsic to this album but what it highlights. Impulsive, brutal or sensitive - organic above all - the music replies to both its own composer and the listener whose voice he conveys. Embodying the sensitive presence needed to defy the pain. The virtue underlined here is the dynamic transformation of this mass of black feelings into an inspiring source of fantastic creativity. The process of sublimation through creation overcomes the feeling of abandonment.

Övergivenheten's sense is reflected in the visions of the artists and directors who have contributed to this ensemble. The artwork developed by David Palmqvist and Giorgia Carteri Music & Artworks is revealing right away. All of them felt the brutal sincerity of this album, its nuances and melancholy, as well as its organic aim. And they have all been keen to convey their perceptions with the same authenticity. We find darkness and bright colours, drama and survival, fall and ascent. And from the initial view we get, a wide scope of meaning is gradually revealed, to be freely interpreted. These works are intuitive, seize the matter and provide an open and generous vision, in perfect accordance with the music they illustrate. That is why it seems so obvious to me to invite these artists to share their own point of view with us.
The video clips for "Overgivenheten" and "Dreams of Nowhere" directed by Hanna Oldenburg and Johan Kuurne have a significantly different approach from the earlier Bravo&Bravo Film productions. This new perspective is refreshing. One can only applaud the elegant direction, the eye-catching and sensitive shots, the original ideas and the beauty of these videos that illuminate the music.
Hanna tells us about this experience : « When we heard to the melody and lyrics of the song "Övergivenheten", it brought to mind an epic saga. It's timeless and adventurous, but with the feeling of drowning in loneliness. We let a male character go on a search in an apocalyptic world, with grittiness and darkness, then we mixed it with light and the feminine as the memories of a loved one entering.
For "Dreams of Nowhere" we wanted to keep within a similar world, the epic saga. To keep the timelessness of the melodies by using two female characters on horses. The lyrics are beautifully poetic and abstract, which made us go in the direction of fantasy, and the magic of nature, pyramids inspired by key words from the lyrics, such as the burning flame. We think Soilwork makes beautiful music and blends darkness, rawness with the hopeful spirit of a searcher. That’s what we wanted to portray. It’s an honor to make the videos for them. Johan and I, we love creating gritty, dark things but with soul and some light. The beauty is in the contrast. And our style seems to work pretty well with metal music.
»
The striking animation directed by Jiří Miškeřík for "Nous Sommes La Guerre" also differs from its predecessor, "Stålfågel" directed by Elia Cristofoli. This time by its quite sharp and intense visual and its confusing narrative. Deeply anchored in the pandemic context, it conveys this very same vision of transformation through creation. Jiří Miškeřík offers to discover all the details of his work on this animation
 
Finally, I would like to underline the splendid artworks made by Argavilda for this album, striking in their richness, their colours, and this tangible feeling of matter that they inspire. Argavilda managed to capture the spirit of each piece illustrated, while leaving the way open for our own interpretations. I warmly invite you to discover his creations
He kindly shared with us some of his history with Soilwork : « I have been listening to Soilwork most of my adult life. They have been my go-to band for introducing people to metal. To say that they have been influential in both the soundtrack of my life, as well as my own development as a musician would be a massive understatement. When I was asked to work with them on the new album, I was overjoyed. I know Bastian from childhood, and it was a bit surreal to be collaborating on this project when we're really just two kids from western Jutland who've been massively influenced in different ways by a band we both grew up with.
I immediately connected with the themes of change, of reinventing yourself. Metanoïa ([a total change of both thought and action that allows one to transform oneself]). There's a sadness, a sort of melancholy that is hard to put a finger on, but I think is instantly recognisable to someone from the North. I wanted to both express as accurately as I could, the narrator's feelings and the impact the brutal honesty in the lyrics had on me as a listener. I used textures from tree bark and flowers from the bogs of Odense to infuse the artwork with the weight of history to play up against the heavy lyrics and music. I wanted to represent the music that Soilwork has so masterfully crafted as best as I could, and to let the kind of restrained aggression of the artwork set the stage for the listener to be greeted by the same weightiness that the incredible songs have to them.
It has been an absolute pleasure to be a part of the process, and I owe many thanks to both Bastian and the rest Soilwork for lettign me play a small part of this, the next leg of their musical journey. My history with Soilwork is long, and it only grows ever more impactful with this project. It's truly an honour to be a part of
. »


Saying that Övergivenheten fascinate me would be an understatement. As obviously demonstrated by this substantial review. It is quite difficult to portray this album in an objective way. Both intimate and open field, the listener can so easily identify with it. And it still has surprises in reserve despite intensive listening. Enough to pass the test of time. But above all, this album exudes a creative determination and the will not to rely on its past. Soilwork delivers an increasingly accomplished, authentic and audacious music. Organic, unquestionably so. Of a unique identity, without a doubt. Verkligheten and A Whisp of The Atlantic clearly demonstrated this. Övergivenheten aims to pursue the same ambition. Talent and wealth of creativity that I admire and that I wanted to highlight.

Many thanks to Thomas « Plec » Johansson, Argavilda and Hanna Oldenburg for their sharing


A David




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