CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Bjorn "Speed" Strid
(chant)
-Peter Wichers
(guitare)
-Sylvain Coudret
(guitare)
-Sven Karlsson
(claviers)
-Ola Flink
(basse)
-Dirk Verbeuren
(batterie)
TRACKLIST
1)Late for the Kill, Early for the Slaughter
2)Two Lives Worth of Reckoning
3)The Thrill
4)Deliverance Is Mine
5)Night Comes Clean
6)King of the Threshold
7)Let This River Flow
8)Epitome
9)The Akuma Afterglow
10)Enter Dog of Pavlov
DISCOGRAPHIE
Il faut l'avouer, plus grand-monde n'attend quoi que ce soit de neuf de la part de Soilwork depuis un bail. Le déclin artistique amorcé avec Figure Number Five (voire même Natural Born Chaos) semblait inéluctable, et le sursaut de Stabbing The Drama n'avait pas été confirmé pour cause de réactions globalement négatives de fanboyz. Le retour de Peter Wichers et l'arrivée de Sylvain Coudret en lieu et place d'Ola Frenning avait au mieux fait lever un sourcil, mais sûrement pas déchaîné les passions. Ce Panic Broadcast saura-t-il raviver la flamme ?
Ben non, pas vraiment. Les premières écoutes de l'album laissent une impression cuisante de Soilwork générique, celui qui se contente de réutiliser les mêmes recettes depuis des années. Le renouvellement intégral des guitaristes depuis l'album précédent est imperceptible à l'oreille : les riffs et les harmonies n'ont rien de différent de ce qu'on connaît, et si les solos de guitare sont sympas ils ne cassent pas non plus des briques. Rien n'est de la trempe des déluges de gratte de A Predator's Portrait, en fait rien ne s'en approche même qualitativement. Certains titres fades sortent même tristement du lot, tel "The Thrill", down-tempo pénible avec un refrain interchangeablt et "Enter Dog Of Pavlov", ratage d'autant plus regrettable qu'il donne à entendre un refrain hurlé plutôt cool. Dans la série figure imposée on retrouve le sempiternel enchaînement intro qui défouraille / arrivée du chant sur un riff seul / reprise du riff en speed avec le chant en plus sur les deux premiers titres. Vu le nombre de fois que Soilwork nous a fait le coup ça agace un peu. Et encore une fois on se dit que vu comment Strid assure en growl death (rappelez vous de "Figure Number Five") c'est vraiment dommage qu'il s'en serve aussi rarement. Puis l'album se révèle...
...et on finit par repérer des petites nouveautés qui font plutôt du bien. Strid a eu l'excellente idée de remplacer une partie des fameux refrains en chant clair par de l'agressif-mélodique, et ses performances en la matière sur "Deliverance Is Mine", "King of the Threshold" et "Let This River Flow" sont plus qu'honorables. En parlant de refrains, une bonne partie de ceux de l'album se révèlent très entêtants : "Two Lives Worth Of Reckoning", "Deliverance Is Mine" "Night Comes Clean", "Epitome" et "The Akuma Afterglow" présentent autant de mélodies vocales qui trottent dans la tête longtemps après que le CD se soit arrêté dans la platine. Dommage que certains de ces titres n'aient que leur refrain pour eux... Les titres les plus speeds sont plutôt bons et "King of the Threshold" donnera probablement des sueurs froides au pit en live : on est clairement un cran au-dessus des titres thrashy vains de Sworn To A Great Divide mais ce n'est pas l'extase non plus... c'en est même rageant parfois. Soilwork aligne en effet un des line-ups les plus méchants du circuit mine de rien, et la performance ahurissante de Dirk Verbeuren dans les blast-beats de "Late for the Kill..." est frustrante quand on constate que le batteur ne se fend d'aucun plan mémorable sorti de ça.
Bien évidemment Soilwork n'a pas résisté à l'appel du tube, et "Let This River Flow" est à cet album ce que "20 More Miles" était à celui d'avant : un hymne pensé en tant que tel. L'entrée acoustique à la Opeth, les gros riffs simples à stade, le ping-pong entre chant et growl, le refrain qu'on entend déjà chanté par la foule, tout est compris dans le prix. Efficace ? Oui. Intéressant ? Euh... en tous cas pas autant que les petites idées éparpillées ici et là tel ce miniscule passage zarbi hurlé/parlé après le premier refrain de "Deliverance Is Mine", le bridge en clair de la même (« Where do we gooooo ? ») ou le couplet chanté de "Epitome" sur lequel Strid prouve encore une fois qu'il a un joli brin de voix. Malheureusement il y a des idées qui le font moins, comme le couplet down-tempo de "Night Comes Clean" dont les claviers vintage sont sans grand intérêt. Soilwork livre donc avec The Panic Broadcast un album hétérogène, sans gros plantage mais dont les moments d'inspiration se comptent sur les doigts de la main. Bien sûr c'est bien joué, bien produit, carré à l'extrême, on sait déjà tout ça... mais Soilwork ne réussit jamais à retrouver le niveau d'inspiration fabuleux de la doublette Chainheart Machine / Predator's Portrait.
Soilwork persiste à replir le contrat et s'en contenter. Quelques plans vraiment réussis, quelques compos dont on se dit qu'elles rendront méchamment en concert, et c'est tout. Le reste se contente d'en toucher une sans remuer l'autre, et on finit par se dire que ce groupe est effectivement cramé. Ils ne sortiront jamais de bouse, mais un grand album ? Permettez-moi d'être pessimiste.