Royal Hunt fait partie de ces groupes qui n’ont jamais vraiment connu le succès qu’ils méritent. Sous l’égide du grand (par la taille mais aussi par le talent) André Andersen, le groupe propose depuis 1992 des albums de bonne voire d’excellente facture, et pourtant, le groupe est loin de bénéficier de l’engouement d’un Stratovarius ou d’un Symphony X malgré une heure de gloire dans la seconde moitié des années 90. Toutefois, Royal Hunt a toujours fait preuve d’un grand professionnalisme, malgré des derniers temps difficiles avec le peu de succès des albums post DC Cooper. Le nouveau visage de Royal Hunt est cependant, avec John West au micro, loin d’être inintéressant si l’on met de côté le moyen EyeWitness. Paper Blood dans les bacs depuis un an, la tournée promotionnelle achevée, le groupe débarque avec son premier DVD live, dix ans après le mythique double CD Live 1996, et d’ores et déjà on peut affirmer que les chasseurs royaux sont encore là pour un moment.
Le départ de DC Cooper, chanteur et frontman de génie, avait fait craindre le pire quant à l’avenir du groupe. John West, qui hérita de la lourde charge de le remplacer, avait dès le début convaincu la majorité de son public sur The Mission, où il donnait une excellente mesure de ses capacités vocales. Restait à confirmer sur scène que Royal Hunt n’y perdait pas au change. La tournée 2006 était donc un moment charnière pour le groupe, avec l’arrivée en son sein d’un nouveau guitariste et d’un nouveau bassiste, et enregistrer un live avec un groupe nouvellement recomposé peut s’avérer périlleux. Signe des temps difficiles pour le groupe, la date Française n’avait mobilisé qu’une poignée de fans qui avaient été toutefois récompensés par un show de bonne qualité. Ce DVD a lui été enregistré à St Petersbourg, lieu important pour André Andersen, lui-même d’origine russe.
Toutefois, on peut se demander si ce choix était judicieux. N’étant pas sur place, il est difficile d’en juger vraiment, mais le public Russe semble assez spécial. Il est déjà étrange que, sur les six premières chansons, le public ne soit pas du tout filmé, faisant même penser à un live virtuel, recomposé en studio. Rassurez-vous, ça n’est pas le cas, mais on peut constater lors de travelling sur la salle (raisonnablement bien remplie) que les spectateurs sont loin d’être en délire et que l’endroit ne comporte que des places assises, ce qui ne favorise pas une ambiance mouvementée. Il ne serait pas juste de blâmer le groupe pour son public, mais si l’on juge le DVD et non les musiciens, on ne peut qu’affirmer qu’un show filmé avec une assistance limite amorphe est vraiment préjudiciable quant au plaisir de le visionner.
Et c’est d’autant plus dommage que la prestation de Royal Hunt est vraiment bonne. Bien filmé, le montage est clair et dynamique sans être hystérique comme c’est trop souvent le cas, l’image est bonne (même si les lights du show sont loin du spectaculaire). Le son est par contre trop propre, limite studio, et le public (comme déjà évoqué) trop peu présent. Mais le gros point positif est l’attitude et la performance du groupe, plein de bonne humeur et d’énergie. West assure une prestation impressionnante, et conduit véritablement le groupe avec son charisme et sa présence scénique. Ses compères ne sont pas en reste et on se trouve face à un groupe qui dégage une bonne humeur communicative et semble vraiment prendre son pied sur la scène russe. La playlist est intelligente, et représente un échantillon de la carrière du groupe avec les incontournables "Last Goodbye", "Martial Arts", "Running Wild", "Time" ou encore "Message To God". Dix-huit titres en tout (avec les inévitables moments de bravoure de chaque musicien dont on se serait bien passé), soit un contenu complet dessinant une excellente photo du groupe de l’année 2006.
Le fan de Royal Hunt aura déjà acheté ce DVD, les autres s’en passeront sans doute sans regret. Un produit de qualité, bien fait et bien fini, qui souffre de son public (qui semble même parfois avoir été samplé à un ou deux moments…), mais s’adresse plus à celui qui connaît (et apprécie) déjà bien le groupe qu’à celui qui souhaiterait le découvrir. On trouvera en bonus un reportage totalement superflu du groupe backstage, qui se résume à une série de « ouais, untel est génial, c’est génial de jouer dans Royal Hunt, tout le monde il est beau et génial ». Bref, Live 2006 montre Royal Hunt comme ce qu’il est : un groupe de gens motivés, talentueux et professionnels, face à un public qui les boude et ne leur offre pas tout à fait le succès qu’ils méritent depuis un bon moment.