CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-D.C. Cooper
(chant)
-Andre Andersen
(clavier+guitare)
-Jacob Kjaer
(guitare)
-Steen Mogensen
(basse)
-Allan Sorensen
(batterie)
+
-Maria McTurk, Lise Hansen, Kenny Lübcke
(chœurs)
TRACKLIST
1)The Awakening
2)River of Pain
3)Tearing Down the World
4)Message to God
5)Long Way Home
6)Time Will Tell
7)Silent Scream
8)It's Over
9)Tearing Down the World (Radio Edit)
10)Message to God (Radio Edit)
11)Time Will Tell (Radio Edit)
12)Silent Scream (Radio Edit)
13)Martial Arts
14)Restless
DISCOGRAPHIE
Paradox, disons le tout de suite, est l’album qui a révélé Royal Hunt aux yeux du monde. Après trois albums méritoires, qui ont surtout servi à forger la personnalité du groupe et son approche mélodique, le groupe d’Andre Andersen en était déjà à l’époque de l’album mythique. Certains diront que si un groupe, en l’espace de 4 albums, n’a pas au moins pondu un album d’exception, c’est qu’il ne le fera plus jamais. Que cette assertion un peu vaine soit fondée ou non, Royal Hunt avait en tous cas rempli son contrat en 1997.
Paradox, c’est Royal Hunt à son meilleur. DC Cooper, chanteur haut de gamme que le groupe a révélé aux yeux du monde, explose le qualité-o-meter avec son chant juste, à la fois dans le ton mais aussi dans l’interprétation. Voix lisse et aux ressources quasi-illimitées, chaude et parfaitement maitrisée, elle emballe Paradox dans un écrin de velours en lui donnant une douceur et une élégance imparable. Mais le plus beau n’est pas seulement l’organe vocal de DC, c’est aussi – et surtout – les compositions d’Andre Andersen, encore et toujours seul maitre à bord du bateau Danois. Forcément, le clavier occupe du coup une place non négligeable, véritable marque de fabrique du groupe. Car la production – disons-en un rapide mot – est calibrée au millimètre près pour répondre aux exigences du label « Royal Hunt ». Chœurs féminins, claviers en avant, guitare et basse au rôle sobre d’accompagnement sauf lors des solos : Royal Hunt a une recette déjà bien éprouvée de hard-rock teinté de heavy metal et de néo-classique.
Les titres sont plutôt longs et complexes, sans que cela ne rende en aucune manière l’album difficile d’accès. Les lignes vocales sont facilement identifiables et mémorisables, les refrains marquent facilement les mémoires, bref : Royal Hunt reste un groupe facile à découvrir et qui se révèle tout de suite à l’auditeur. Pour autant, le groupe parvient à composer des titres chargés en variations, breaks, intermèdes et autres petits plaisirs qu’un compositeur ne manque jamais de se faire, mais sans jamais rendre le propos pédant ni soporifique. A ce titre, chacune des huit plages qui composent réellement l’album – le reste n’est que bonus – est un hit potentiel. "Message to God" et sa ligne de basse, "River of Pain" et son refrain, "Long Way Home" et son introduction poignante ou "It’s Over" qui clôt magistralement Paradox avec son thème solennel et dramatique. Car oui, une autre caractéristique qui pointe systématiquement dans Royal Hunt, c’est cette nostalgie constante, ces thèmes toujours un peu dramatiques et tragiques qui rodent parmi les mélodies et les arrangements. Pas de « hey rock’n’roll » et autre « one, two, three, four », le Royal Hunt de 1997 est sérieux.
Sérieux, mais jamais pénible. Album concept tournant autour de la religion, Paradox n’est ni un album moralisateur ni un album se prenant fatalement au sérieux. Paradox est un album qui se prend pour ce qu’il est, c'est-à-dire l’un des tout meilleurs albums de hard/heavy des années 90. Bien sur, les allergiques aux claviers légèrement kitsch – dans un sens non-péjoratif du terme – ou ceux qui recherchent la drogue, le sexe et le rock’n’roll ne seront que moyennement fascinés par Royal Hunt en général et Paradox en particulier. Des quarante-huit minutes que dure Paradox, donc, rien à jeter. Et même la suite de bonus, qui rendent la galette remplie ras-la-gueule, sont là pour démontrer avec des radio-edit que la musique de Royal Hunt peut, en la condensant un peu, devenir des hits dans le sens radio du terme. Bien sur, du coup les titres perdent un peu de ce qui fait le sel de Royal Hunt, mais la démonstration est parlante. Quant aux deux titres réellement bonus ("Martial Arts" et "Restless"), ils ne sont pour le coup pas vraiment fascinants, même si "Martial Arts" est depuis LE titre instrumental que Royal Hunt – ou plutôt Andersen – ne peut omettre de jouer sur scène.
L’essentiel de Paradox n’est bien sur pas dans ses bonus, et de toutes façons d’autres éditions ont suivi par la suite, dont une avec un CD Live en bonus. Malgré un indéniable talent d’écriture et d’exécution, Royal Hunt semble être cantonné à un second rôle sur la scène metal européenne. Flagrante injustice, quand on voit la qualité du matériel proposé depuis de longues années. Paradox, dans la longue carrière des Danois, est l’une des étapes, la première, qui ont contribué à donner ses lettres de noblesse au groupe.