Chronique : Kiss Hotter Than Hell (1974)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 21 septembre 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-"Paul" Stanley Bert Eisen
(chant+guitare)

-Chaim "Gene Simmons" Witz
(chant+basse)

-George Peter John "Criss" Criscuola
(chant+batterie)

-Paul Daniel "Ace" Frehley
(chœurs sur "Parasite", "Comin' Home" et "Strange Ways"bass+guitare+basse sur "Parasite")

TRACKLIST

1) Got To Choose
2) Parasite
3) Goin' Blind
4) Hotter Than Hell
5) Let Me Go, Rock'n'Roll
6) All the Way
7) Watchin' You
8) Mainline
9) Comin' Home
10) Strange Ways

DISCOGRAPHIE

Hotter Than Hell (1974)
Kiss (1974)
Dynasty (1979)
Music from "The Elder" (1981)
Creatures of the Night (1982)
Lick It Up (1983)

Kiss - Hotter Than Hell

(1974) - hard rock - Label : Casablanca Records

De bon matin, on sonne à la porte de l’appartement. Paul grogne.
- Gene, va ouvrir ! J’ai mal à la tête ! Les deux groupies m’ont épuisé !
- Mmmm… Ace ! Va donc…
- « Ace ! Va donc… » Et voilà, ça va être encore pour ma pomme !
Ace n’a guère le temps de ronchonner qu’un grand bruit met fin aux espoirs de grasse matinée des membres du groupe. Neil, le boss de Casablanca, vient de défoncer la porte. Et il n’est pas content.

Alors j’ai pris quelques libertés avec la réalité. « Il faut toujours romancer, ça fait vendre » nous disait notre professeur de marketing. Mais une chose est claire : si un album sort à peine huit mois après son prédécesseur, s’il est encore plus court que ledit prédécesseur, et si presque la moitié des titres se finissent en fade out, c’est qu’il a été composé en urgence ! Pas sûr que Neil Bogart se soit réellement pointé dans ce studio imaginaire, avec une guitare dans chaque main, et la basse et la batterie dans le coffre du camion qui attend en bas dans la rue, mais les membres de Kiss ont bel et bien été pressés de donner une suite au brillant, mais moins vendeur que prévu, premier album du Baiser. « Vous gardez notre confiance, mais maintenant, on veut des brouzoufs ! » Hotter Than Hell, qui marchera encore moins que Kiss, soit dit en passant, a donc été créé dans ce climat de précipitation et ça se sent mais… est-ce réellement une mauvaise chose ? Haunting the Chapel, Live Undead, par exemple, ont été également conçus dans des circonstances peu sereines. Laisser le créateur s’embourgeoiser et reprendre une ration de whisky et deux autres de groupies n’est pas forcément la meilleure voie vers l’apogée artistique. Dans le cas de Hotter Than Hell, cependant, le résultat est intéressant, mais pas totalement abouti. Intéressant car Kiss propose ici son premier véritable album de hard-rock, adopte un son plus brut et compose même ses premiers titres réellement sales - musicalement parlant, parce que point de vue parole, l'album précédent se pose là.
Les mélodies rampantes de "Parasite", repris plus tard par Anthrax sur Attack of the Killer B’s, tiennent d’ailleurs plus du heavy metal que du rock à la papa encore trop entendu sur le premier album éponyme. "Strange Ways" donne également dans le rock lourd et un peu vicieux. La première véritable ballade du groupe, aux paroles aussi saines que celles d’ "Edge of the World" de Faith No More, voit également le jour. "Mainline", plus académique, s’avère tout de même très efficace. Quant à "Watchin’You" et ses twins guitars, elle se la joue chaloupée et sexy. Conclusion : Hotter Than Hell abrite de très bonnes choses en son sein mais le grand décollage n’est pas encore à l’ordre du jour. S’il n’y a rien de réellement mauvais sur ce court album, Kiss semble avoir tout de même raclé les fonds de tiroir. Une proportion significative de l’album nous offre du rock simple, trop simple, tellement simple qu’on en arrive même à songer à AC/DC - le drame - notamment sur "Hotter Than Hell" qui pourrait avoir inspiré le "Highway to le même endroit", composé cinq ans plus tard par les Australiens. Autre exemple : "Comin’ Home" n’est pas infamante mais elle pourrait très bien avoir été écartée du premier album avant d’être réintégrée à contrecœur ici. Il faut reconnaitre toutefois deux choses. Un : l’abus de cowbell ne tue pas, sinon Peter serait décédé depuis belle lurette. Deux : le groupe excelle dans l’art de composer de manière concise et correcte en toute situation.

Soumis à un « stress test » important avec un album à composer de toute urgence, les membres de Kiss ont assuré et sont même arrivés à innover sur certains passages de ce Hotter Than Hell tout de même un peu en deçà de ce qu’on aurait pu attendre après un premier album si inspiré. Pour le grand saut, il faudra patienter quelques années de plus.