Ritchie Blackmore, après d'interminables prises de tête avec Ian Gillan (lequel s'était fait virer du groupe à l'époque de Slaves And Masters en 90) décide finalement de quitter le groupe pour de bon ! Bien lui en a pris ! Après une tournée avec Joe Satriani (!) à la place de Ritchie, Deep Purple se rend compte, après des années de dictature blackmorienne (l'arrivée de Joe Lynn Turner sur Slaves And Masters, un bon album de Rainbow en plus FM), qu'il peut très bien s'en sortir sans son taciturne guitariste. Le choix définitif se porte alors sur Steve Morse qui parvient sans problèmes à intégrer le groupe. Mieux, la cohésion du groupe s'en trouve décuplée, Deep Purple est à nouveau heureux de jouer et ça s'entend ! En plus, le départ de Ritchie permet à Deep Purple de se renouveller et de redevenir créatif, car lorsque Ian Gillan et Ritchie Blackmore jouaient ensemble dans Deep Purple, la musique a très souvent stagné, et ce n'est pas nouveau, cela faisait 20 ans que ça durait (depuis Who do we think we are) !
Le titre d'ouverture, "Vavoom: Ted the mechanic" est tout bonnement hallucinant, cela faisait des lustres que Deep Purple n'avait pas proposé des morçeaux de ce calibre, avec un méchant groove, on se croirait presque revenu à l'époque de Machine Head ! Steve Morse est impérial, il apporte à nouveau ce groove qui faisait défaut au groupe depuis 20 ans au moins, il permet aussi de moderniser le style qui devenait un peu anachronique ces dernières années (mais est-ce vraiment un mal ?) avec une touche agressive et heavy ! Mais Ritchie c'est Ritchie et on ne le remplace pas aussi facilement, son jeu si fin et posé ne se retrouve hélas pas toujours dans le style de Steve Morse (on peut lui reprocher d'être parfois un peu « bourrin »). Mais peu importe, Purpendicular est superbe et c'est sans problèmes un des meilleurs albums toutes périodes confondues.
Hyper inspiré, mélangeant avec brio des rock songs dans le plus pur style Purple ("Somebody Stole My Guitar", "A Castle Full Of Rascals" avec encore une fois un putain de groove et un pont d'une beauté, impressionnant, et "The Purpendicular Waltz", un peu plus bluesy que les autres), du heavy purplelien ("Cascades: I'm Not Your Lover" et son intro d'anthologie et avec un court duo guitare-claviers inspiré par le classique, comme à la grande époque !) et des « ballades » belles à pleurer, parfois un peu longues mais trop chargées d'émotions ("The Aviator" et son côté médiéval où la guitare acoustique aurait pu apparaitre sur un album de Joe Satriani, "Sometimes I Feel Like Screaming" et "Loosen My Strings", toutes les 2 magnifiques et sur lesquelles Steve Morse apporte une touche un peu « progressive »).
On peut toutefois reprocher à l'album d'être un peu mou par moment ("A Touch Away", limite variétoche) ou de contenir quelques longueurs ("Rosa's Cantina" qui tourne un peu en rond malgré un groove imparable, et "Soon Forgotten", vraiment inhabituel ce titre, à la fois festif et sombre, mais c'est quand même grandiose !), et à ce moment-là on se prend à regretter les titres ultra accrocheurs, heavy et teintés de progressif du père Ritchie ("Anya" sur The Battle Rages On et "Wicked Games" de Slaves And Masters, toutes les 2 injustement méconnues). Mais heureusement, les montées d'adrénaline de l'album (notamment le refrain de "Hey Cisco" et son intro en arpège aussi, trop beau) sont toujours judicieusement placées pour maintenir l'intérêt de l'auditeur.
Au final, malgré quelques (petits) inconvénients liés à un changement brutal, après plus de 10 ans de Blackmore, Purpendicular est quand même la preuve vivante que Deep Purple peut toujours surprendre son monde avec une musique passionnante plus de 20 ans après des débuts sur lesquels la plupart du public rock est resté focalisé. Changez un peu d'air, le groupe n'a pas seulement composé In Rock et Machine Head !