Deep Purple en 2005, voilà bien le dernier album que j'attendais. Après des tournées best of à n'en plus finir et un Bananas mou du genou, inutile de dire que mes espoirs étaient bien maigres. Quelle ne fut pas ma surprise, et ce dès la première écoute du disque, de voir un Deep Purple à nouveau ambitieux, technique et toujours capable de délivrer un bon album de rock! Bref, tout ce que je n'osais plus attendre de leur part est là sur cette galette! Rien de bien nouveau à première vue, Rapture Of The Deep offre un mix des trois albums précédents, entre le hard rock d'Abandon (pour les couplets), la production de Bananas (toujours par Michael Bradford) et quelques audaces proches de Purpendicular.
On commence avec un "Money Talks" sans surprise, avec un petit clin d'oeil arabisant à Perfect Strangers des plus sympathiques. Toutefois, on est au moins rassuré sur un point: l'énergie du groupe est de retour. Deep Purple a visiblement tenu compte des critiques qui trouvaient Bananas trop mou et ils ont tenu à prouver qu'ils étaient toujours capables de botter le cul. Ian Gillan retrouve un peu du poil de la bête et ne cherche plus à brailler comme autrefois. Steve Morse nous offre un bon travail, de bons riffs rock (chose qui manquait cruellement sur Bananas) et des solos inspirés, quoique très classiques (on ne peut pas dire qu'il se soit renouvelé). Bref, il nous fait du Steve Morse, inutile d'attendre autre chose! Ian Paice retrouve son alliance magique entre groove et technique. Et enfin, celui que l'on remarque le plus, c'est bien Don Airey aux claviers, on sent clairement sa participation aux morceaux, alors que son apport était plutôt négligeable sur Bananas.
Avec "Girls Like That", on a un bon aperçu de l'orientation générale de Rapture Of The Deep: du rock pas prise de tête, efficace et pas mal de subtilités dans les arrangements guitares - claviers, avec à nouveau de bons duels à se mettre sous la dent! Miam! "Clearly Quite Absurd" est le (dispensable) successeur de "Haunted", une ballade pop un poil longue et sans grand intérêt, mais tout de même plus riche et moins mièvre qu'"Haunted". "Rapture Of The Deep" (le morceau) est un peu à part, avec ses sonorités une nouvelle fois arabisantes; certains fans se sont même empressés de comparer ce morceau à "Kashmir" de qui vous savez... Même si l'exercice de style était osé (à défaut d'être totalement original), j'avoue ne pas totalement accrocher à ce genre de morceau, tout comme le célèbre "Stargazer" de Rainbow d'ailleurs! Et les « It's allright » de Gillan rappellent sans cesse ceux de "A Touch Away" sur Purpendicular, c'est agaçant!
Finalement, c'est bien la seconde moitié de l'album qui dépote le plus: "Don't Let Go" et son refrain pop original, "Kiss Tomorrow Goodbye" et son tempo bien enlevé, un peu dans la veine de "Hey Cisco". Rien que du bon rock comme Deep Purple a (presque) toujours su le faire ("MTV", "Back To Back", "Junkyard Blues")... Et que dire de ces solos teintés néo-classiques? Ils se sont vraiment lâchés là-dessus, leur inspiration semble sans limites, la classe! Et pour terminer, on se disait bien qu'après tout cet enchaînement ininterrompu de bon rock, il manquait un moment « Purpendicularesque ». Cette perle est là, "Before Time Began", atmosphérique et magnifique!
Il ne faut toutefois pas se faire d'illusions: on est loin d'atteindre le niveau de créativité de Purpendicular, mais il est bien meilleur qu'Abandon et Bananas. Rapture Of The Deep est à prendre pour ce qu'il est, un bon album de Deep Purple en 2005, c'est déjà beaucoup! Quant à savoir si il fera date ou non dans la discographie du groupe, c'est peut-être un peu tôt pour se prononcer là-dessus. En tout cas, il semble davantage faire l'unanimité que Bananas ou Abandon. En espérant que Deep Purple profite de ce regain de forme pour caser de nouveaux titres sur la prochaine tournée... Il y a urgence!