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CHRONIQUE PAR ...

10
Beren
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note : 14.5/20

LINE UP

-Grutle Kjellson (chant+basse)

-Ivar P. (guitare+claviers)

-Arve Isdal
(guitare)

-Dirge Rep
(batterie)

TRACKLIST

1)Convoys To Nothingness
2)The Voices
3)Vision: Sphere Of The Elements - A Monument Part II
4)Hollow Inside
5)The Cromlech Gate
6)Enemy I
7)Smirr
8)The Sleep: Floating Diversity - A Monument Part III
9)Outro: Self - Zero
10)Sigmundskvadet (HOV Featuring Trygve Mathiesen)

DISCOGRAPHIE

Emperor / Hordanes Land (split) (1993)
Vikingligr Veldi (1994)
Frost (1994)
Eld (1997)
Mardraum: Beyond The Within (2000)
Monumension (2001)
Below The Lights (2003)
Isa (2004)
Ruun (2006)
Vertebrae (2008)
Axioma Ethica Odini (2010)
Riitiir (2012)
In Times (2015)
E (2017)
Utgard (2020)

Enslaved - Monumension
(2001) - black metal - Label : Osmose



L’écoute de Monumension à la suite de celle de Below The Lights laisse un arrière-goût assez spécial sur la bouche. Ces deux albums d’Enslaved n’ont à vrai dire, pas grand-chose en commun, si ce n’est une propension incroyable à rejeter toute forme d’appartenance à un quelconque mouvement. Car de musique torturée et difficile, il est véritablement question ici : Monumension est un concept-album, assimilation parfois très personnelle des travaux de Pink Floyd. L’influence de ces derniers est particulièrement importante sur le millésime Enslaved de ce début de nouveau siècle et changera de forme, d’ailleurs, par la suite.

Attention : Monumension reste un album extrême. Cependant, les inspirations psychédéliques et atmosphériques semblent tous converger au sein de cet album assez incroyable de complexité. A l’écoute du riff d’ouverture de "Convoys Of Nothingness", premier morceau de Monumension en forme de trompe-l’oeil, on peut d’ailleurs se poser tout à fait légitimement la question de savoir quelle mouche a piqué le groupe : balancé de droite à gauche par un schéma de morceau aux breaks succulents et novateurs et un fil conducteur presque invisible, on se perd délicieusement à trouver les multiples facettes musicales exprimées ici. "The Voices" nous échappe encore un peu plus, oscillant entre richesse musicale confinant presque à l’incompréhension et texture rock n’roll volontairement mise en avant. Quant à "A Monument Part II", il nous égare complètement : un long passage éthéré invite à l’évasion, lorsqu’au milieu du morceau, le groupe revient à la charge avec un moment furibond, pendant lequel la voix vocodée de Grutle et un gros riff psyché continuent le travail de sape. On pense ainsi à Anathema, puis à Pink Floyd sur ce morceau étonnamment déstabilisant.

Les trois premiers morceaux préfigurent ainsi totalement le nouveau visage du groupe norvégien, bien décidé à dérouter. Les contrastes sont saisissants : des moments tels que le doom protéiforme de "Hollow Inside" en introduction du black furieux d’un "Cromlech Gate" à la conclusion énorme, les voix claires, majestueuses, sur l’évanescent "Smirr" ou bien encore "The Sleep – Floating Diversity", court morceau postcore dans la veine d’un Neurosis sur Enemy Of The Sun, laissent pantois. La conclusion du disque ("Self Zero") est un long morceau traditionnel norvégien (!).

Bref, chaque morceau – je dis bien chaque ! – est différent et illustre un pan du concept de Monumension, auquel il faudra bien entendu se référer pour assimiler, en plus d’écoutes attentives et répétées, un album difficile d’accès et parfois, il faut l’avouer, ennuyeux. Car si les premiers morceaux passent très bien, il n’en est pas de même pour les suivants. Le principal problème de Monumension n’est pas tant sa diversité ni sa complexité que le sentiment d’impuissance parfois éprouvé à son écoute.


Monumension est à Enslaved ce que Be est à Pain Of Salvation, pour schématiser un tantinet facilement : album fantastique ou œuvre incomprise, il reste que cet album est un album d’une rare sagesse, preuve quasi-matérielle du génie de ces Norvégiens décidément peu farouches, mais au revers parfois déstabilisant et (trop) souvent surprenant. Monumension, en bonne bête sauvage, ne demande qu’à être maîtrisée…mais apprivoisée ? Cela ne dépendra que de votre appréciation personnelle. En cela, Below The Lights est bien plus enivrant.


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