Après un Mandylion qui valait assurément le coup d'oreille, mais qui n'était pas exempt de défauts (pas assez varié, structures parfois monolithiques...), The Gathering clôt (en quelque sorte) sa période metal atmosphérique avec Nighttime Birds. Un opus pas forcément apprécié par Anneke van Giersbergen, la chanteuse du groupe... De mon côté, je serais tout de même tenté de dire que Nighttime Birds est meilleur que son prédécesseur. Baignant toujours dans un flot de riffs midtempo ou lents, de nappes de claviers très aériennes et d'une batterie imposant une rythmique très lourde, l'ambiance de ce disque sort grandie de l'expérience passée.
Premier détail: un effort a été apporté, par rapport à Mandylion, sur les variations de tons et sur les constructions des morceaux. La guitare de Wiersma tisse toujours une trame de fond très rythmique, déployant un riff pachydermique, qui fait presque barrage sonore sur certains morceaux, dont Rutten file les nouvelles ascendances tout le long du disque (le riff secondaire de "Confusion", quasi saturé, la fin de "New Moon, Different Day") en duelliste hors-pair qu'il est devenu. Le son de sa guitare est devenu caractéristique, rappelant parfois même celles de Lacuna Coil (les premiers instants de "The Earth Is My Witness") dans la tessiture. La plupart des morceaux ont une trame très progressive, d'ailleurs, au niveau de la montée en puissance et de la variation des textures.
Second effort : les claviers de Boeijen sont enfin mis en avant de manière très correcte. L'ambiance n'en est que plus majestueuse et mélancolique ("The May Song", "Kevin's Telescope"), et surtout, l'appellation "atmosphérique" prend, sur ce disque, tout son sens. "New Moon, Different Day", autant par les paroles que par la mélodie, invite quasiment à la méditation et à l'introspection. C'est d'ailleurs à partir de ce morceau que des rémanences des prochains albums apparaîtront. Fini pour de bon, le death metal des débuts, place à un metal/rock hybride, sans vraiment de référence sur qui fonder son opinion pour la comparaison. On peut dire que les trois derniers quarts de l'album posent les bases de ce que jouera le groupe par la suite sur How To Measure A Planet?.
L'instrumentation se fait moins expérimentale, plus variée, plus enjôleuse et directe (les percussions de "Nighttime Birds", inédites) pour finir sur une ballade piano-voix ("Shrink") d'autant plus surprenante qu'elle clôt l'album. En fin de compte, Nighttime Birds subit un decrescendo général dans le style, pour établir une transition que l'on imagine plus aisée pour le prochain album. Du côté du chant d'Anneke, il est toujours aussi aérien et majestueux, bien qu'encore fragile et moins varié que par la suite. La belle affronte les riffs de guitare sans problème à l'aide d'un timbre de voix profond et puissant. Chant qui, après, fera preuve d'une bien plus grande variété de tons, et surtout de plus de légèreté en général, le changement de style musical s'y prêtant plus bien sûr...
Que dire de Nighttime Birds, en conclusion? La structure même de l'album nous renseigne sur les changements à venir, qui sont plus ou moins exprimés ça et là au fil des morceaux. Cependant, il reste un album de metal atmosphérique, avec de bons gros riffs qui finissent clairsemés vers la fin et un chant tout à fait adapté à cela. Autant dire que cet album est d'un point de vue objectif, meilleur que Mandylion : des constructions et des tonalités plus variées, plus aérées, laissant l'occasion à tous les instruments de s'exprimer enfin de façon plus intègre. Maintenant, Nighttime Birds nous laisse légèrement sur notre faim, car il est impossible de capter sa raison d'être: en perpétuelle évolution, le groupe se cherche encore.