Dur de ne pas se voiler la face... Car Afterwords est le cas typique de l'album qui heurte le chroniqueur qui sommeille en moi. Je m'explique : comment The Gathering peut-il se débrouiller pour passer après Disclosure-le-magnifique, pinacle musical de l'année passée ? On s'en doute, c'est impossible. Impossible de retrouver les mêmes émotions, impossible de caler un nouveau 19/20, impossible de proclamer que voilà, on le tient, notre album de l'année. Mais ça, mes amis, ce n'est pas facile de l'admettre. Car non, Afterwords n'est pas aussi bon que Disclosure. A jamais, Afterwords restera l'accessoire de Disclosure. Un accessoire bienvenu, mais pas indispensable. Oh, que n'aurais-je pourtant aimé écrire le contraire.
En droit existe un adage qui dit quelque chose comme « accessorium sequitur principale » ; soit, traduit en français : l'accessoire suit le principal. Partant de ce principe, Afterwords , accessoire de Disclosure, aurait dû être l'album de l'année. Sauf que voilà, en musique, l'adage en question tombe à l'eau. Conséquence : non, Afterwords n'est pas l'album de l'année. Et pourtant... et pourtant cette nouvelle sortie est loin d'être ratée. Car si Afterwords n'atteint pas la grâce de Disclosure, il complète ce dernier avec brio. Exit le trip-rock ici, place au trip-hop quasiment pur. Les morceaux accrocheurs de l'album précédent cèdent leurs places à des pistes d'ambiances, délicates mais loin d'être catchy. Cette année, les guitares du groupe se contentent le plus souvent de plaquer quelques accords qui rebondissent et font écho à l'infini. Le chant magnifique de Silje se fait rare, très rare - trop rare - et vaporeux comme jamais. Ceux qui sont venus pour elle en seront pour leurs frais et devront parfois s'habituer à des sonorités presque tribales ("Sleep Paralysis" - l'une des pistes les plus étonnantes). La batterie est aux abonnées absentes ou presque tandis que le clavier et les bidouillages en tout genre, en revanche, prennent toute la place. Bref, on comprend sans mal que cette fois, le groupe a voulu donner dans l’ambiant. Une évolution bienvenue qui confirme la place d'Afterwords : un « album » de déconstruction/reconstruction.
Pour expliquer ce choix, il faut revenir sur le fond de notre sujet : Afterwords, c'est quoi ? Surtout pas un album à proprement parler, vous l'aurez compris. On y trouve des réinterprétations, de la face-B, du featuring avec de l'ancien personnel (Bart Smith, premier chanteur de la formation, intervient sur un morceau titre qui transpire le Dead Can Dance - joli compliment) et, tout de même, quelques nouveautés. Voilà ce qu'est Afterwords : un patchwork, un essai, une tentative un peu hybride. A dire vrai, on aurait bien imaginé une version deluxe de Disclosure avec en supplément ledit Afterwords. Bref. Reste à voir si tout ce beau mélange se tient correctement. Et la réponse est oui, mais un petit oui, sans trop d'éclat. Les réinterprétations seront les pistes les plus ambiantes, les plus planantes (même chose pour "S.I.B.A.L.D", 100% éthérée). Les nouveautés sont plus intéressantes. "Afterwords" déstabilise en s'éloignant du style traditionnel du groupe ; "Areas" voit Silje chanter sur un ton d'une douceur enfantine et s'avère une franche réussite ; "Afterlights", bref instrumental d'à peine deux minutes rempli son office et s'avère d'une grande sensibilité tandis que "Bärenfels" clôt le disque sans éclat, mais avec classe et spoken-words masculins, le tout sur fond de la trompette d'"Heroes For Ghost".
Afterwords n'est pas une merveille et, là où Disclosure tourne encore régulièrement plus d'un an après sa sortie, ce dernier opus sera vite rangé. Il faut néanmoins louer le groupe pour sa volonté d'évoluer et d'aller de l'avant. Terminé le trip-rock, place à du trip-hop quasi-pur, zen et anesthésiant à souhait. L'écoute d'Afterwords sera toujours agréable, c'est inévitable quand les mélodies sont aussi jolies, mais force est d'avouer qu'on attend encore avec impatience le prochain véritable album du combo. Va pour un 13/20 un peu sec, mais honnête.