Entre les deux excellents albums If_Then_Else (2000) et Souvenirs (2002), The Gathering sort un EP de toute beauté pour faire patienter les fans les plus avides. Sous ses aspects limitatifs, Black Light District est essentiel, rien que pour son titre éponyme. Un titre étiré (de dix-sept minutes!), inspiré jusqu'au bout des ongles. Sa structure est telle que l'on parvient à entrevoir tout ce qui fait vibrer The Gathering depuis quelques temps déjà. Un mélange de rock éthéré, tissé sur des volutes musicales fines, ambiantes et teintées de trip-hop.
Les claviers deviennent indispensables à la musique du groupe, on commence à s'en rendre compte petit à petit. Mais la guitare n'a pas perdu de sa superbe, loin de là... En témoigne, au beau milieu de la chanson, sous une boucle électro à la limite du saturé, ce riff hypnotique venu de nulle part, qui va et vient sans crier gare, mais vous emporte loin dans l'exploration musicale. Le chant, sur ce titre, n'est que passager du rythme imposé par les instruments. Anneke ne serait-elle donc plus au premier plan?
Oui...et non. Annonciateur du changement musical qui s'opère depuis deux albums déjà et qui va définitivement prendre place avec Souvenirs, Black Light District, sous ses airs de rien, met sur un pied d'égalité instruments et voix. "I am speechless", dit Anneke sur ce titre: doit-on prendre ça comme une abdication? Non, disons juste qu'Anneke ne sera plus l'unique vecteur émotionnel du groupe. Les instruments vont donc vraiment jouer un rôle différent. On s'y attendait, mais qu'on ne s'y trompe pas: "Debris" et "Broken Glass", plus classiques, montrent que le groupe n'a rien perdu de son passé ou plutôt de ses apprentissages avec How To Measure A Planet?. C'est plutôt bon signe, non?