Je vais vous parler de A Change Of Seasons. Ah, "A Change Of Seasons"! La pièce épique « metal prog » par excellence. Le titre qui, avec “Metropolis Pt.1”, résume le mieux ce que représente Dream Theater. Bref, le titre intouchable par excellence, qu’on a tellement écouté et tellement aimé qu’on n’est même plus certain de pouvoir lui trouver des défauts, et si on en mentionnait, ma foi, que de risques prendrait-on!
"A Change Of Seasons", le titre sur lequel on a tant disserté, qu’on a tant disséqué, si bien qu’au fond je me demande: que peut apporter de plus une nouvelle chronique? Analyse de fond en comble des vingt-trois minutes du morceau? Hors de question: je n’en ai ni les compétences, ni l’envie. Quand tout pourrait être résumé en deux mots: « C’est énorme! » Et est-ce le cas, vraiment? Sa réputation n’est-elle pas faussée par tout le contexte qui l’entoure? Oui, c’est tout de même de Dream Theater dont on parle, le plus célèbre groupe de métal progressif, qui lance en 1995 ce que tous attendaient d’eux: une suite progressive, en sept mouvements, dépassant la vingtaine de minutes; par avance, ce serait hérésie que de qualifier cela de mauvais, de tentative ratée, de yeux plus gros que le ventre…
Toute cette intro fastidieuse pour finir par vous dire que, quoi qu’il en soit, je suis également persuadé de l’immense qualité de ce titre. En revanche, je refuse de voir en lui la meilleure pièce que Dream Theater nous ait pondue, l’œuvre absolument parfaite . De même que je ne le vois pas tenir tête aux pièces progressives d’antan, ces "Supper’s Ready" et "Close To The Edge" qui m’ont plus apporté encore. Tout simplement parce que - en mettant à part quelques défauts superflus (une intro un chouïa longuette, un son de caisse claire pas extraordinaire) – si l’écoute de "A Change Of Seasons" me procure un plaisir immense et non feint, je n’ai pas pour autant le frisson d’un bout à l’autre du voyage, je ne suis pas complètement transporté comme je peux l’être à l’écoute de "Metropolis" du même groupe.
Ces quelques réserves exprimées, je ne serais cependant pas en accord avec moi-même si je ne classais pas "A Change Of Seasons" parmi les plus belles pages de l’œuvre dreamienne. Escapades instrumentales vertigineuses (sans verser dans le masturbatoire), vignettes musclées aux refrains imparables, pauses acoustiques mélancoliques, et final toute en puissance et emphase, pour un résultat brillant, royalement interprété. Une pièce équilibrée, variée, d’une cohérence parfaite, et finalement plus typée progressive que métal. Il est d’ailleurs curieux de constater que les autres longs travaux de Dream Theater ("Six Degrees…" et plus récemment "Octavarium") présentent également un caractère agressif très peu prononcé. Je ne sais s’il faut s’en plaindre.
C’est tout? Non! Nos cinq joyeux lurons ayant horreur du vide, ils ne peuvent vendre sortir un nouvel album sans l’avoir rempli à ras-bord, et le fan extasié a donc droit à quatre prises live, toutes tirées d’un concert très spécial où le groupe avait principalement joué des reprises de groupes ou artistes que ces gaillards chérissaient dans leur enfance: Elton John, Deep Purple, Led Zeppelin, Pink Floyd, Kansas et j’en passe… Il n’y a là rien d’essentiel, mais c’est très rafraîchissant, et qu’importe si tout cela sent l’overdub (ceux qui ont écouté le bootleg Uncovered confirmeront), ça se prend sans rechigner. Mais si cet achat s’avère indispensable à l’amateur de métal progressif, c’est, on l’aura compris, pour sa d’ores et déjà mythique plage titulaire. Quant au curieux, ce n’est pas le plus mauvais moyen pour faire connaissance avec le théâtre des rêves…