Réalisé dans le but de convertir un public non-metal à la musique de Megadeth (autrement dit, pour se faire plein de blé), Risk a bien sûr dégoûté un bon paquet de fans de metal. Mais bon, ce n'est pas la première fois que Megadeth cherche à rendre sa musique plus accessible, loin de là. Déjà, à partir de Countdown To Extinction, on pouvait constater que le groupe devenait plus mélodique et donc moins bourrin qu'avant dans son approche. Pour la petite histoire, le titre de l'album, Risk, a été trouvé suite à un reproche que Lars Ulrich avait fait à Dave Mustaine en lui disant qu'il ne prenait jamais de risques avec son groupe ! Alors Mustaine s'est dit, vu que Metallica vend plein d'albums, ben c'était peut-être un bon conseil à suivre ! Difficile donc de ne pas faire le lien avec Load dans la démarche. Metallica avait rendu une sorte d'hommage au rock; Megadeth a choisi de rendre hommage à la pop ! Sur Risk, Megadeth a choisi son camp, contrairement à Cryptic Writings qui était un peu perdu entre le commercial et le brutal, on avait l'impression d'écouter un best-of (sur lequel on passait sans complexes du gros boulet de canon bien thrash "The Disintegrators" à la p'tite ballade "I'll Get Even" !!!).
Le nouveau style est donc bien pop-metal, dans la continuité de ce qu'avait entrepris Megadeth sur des chansons comme ""Almost Honest", "I'll Get Even" et "Use The Man". Sauf que là, la production de Dann Huff fait que l'album sonne hard-rock et non plus metal. Il y a souvent des p'tits arrangements électro par ci par là réussis. "Crush 'Em" débute même avec un beat dance, et le pire c'est que ça tue !!! La plupart des compos sont brillantes, la recette employée est toujours la même, mais elle s'avère rudement efficace : pop-songs avec des refrains catchy qui te scotchent pour tout le restant de la journée ! D'autant que la production est vraiment splendide (moins metal que celle de Load), un vrai orgasme pour les oreilles, à mon sens jamais un album de Megadeth n'avait été aussi bien produit. L'arrivée d'un nouveau batteur, Jimmy DeGrasso, permet de décrisper le style de Megadeth, jusque là très mécanique et "mitraillette". Il apporte un putain de groove sur chaque titre ! Entre parenthèses, Jimmy est bien meilleur que Nick Menza, il suffit d'écouter sa performance sur le Suicidal For Life de Suicidal Tendencies pour s'en convaincre que même dans un style plus metal et technique, il envoie son prédécesseur aux oubliettes !
Comment rester insensible à "Breadline", "Ecstasy" ou "Wanderlust" ??? Pour la première fois, il est possible de siffler les mélodies de Mustaine sous sa douche, alors qu'avant y'avait pas moyen ! D'autant plus que même si les tempos se sont vachement ralentis, l'énergie est toujours présente, mais elle s'exprime différemment, de manière nettement plus nuancée. La comparaison avec Load est valable aussi dans cette volonté de simplifier à l'extrême, d'aller à l'essentiel avec des solos courts mais décisifs et toujours bien placés ("Breadline", "Time: The End"), des rythmes basiques et binaires, et une richesse musicale déconcertante dans les riffs (fini les riffs basiques do do do do do do do, ré ré ré ré ré ré ré ré, etc...). Pourquoi s'emmerder avec des démonstrations techniques de barbare quand des rythmes binaires sonnent mieux ? Quelques titres se font quand même plus heavy, comme "Insomnia" et ses sonorités arabisantes, le single jovial "Crush' Em", composé pour devenir l'hymne de la ligue de Hockey sur glace américaine et "Time : The End" qui termine l'album sous une forme d'apothéose très courte, mais très chargée, qui possède un gros heavy-riff killer comme Megadeth sait si bien les faire, un solo qui tue et des p'tits arpèges sur la fin, un peu dans le même style que ceux de Van Halen. Un autre moment très fort, c'est "The Doctor Is Calling", qui s'inscrit dans la continuité de Cryptic Writings, bien heavy à la base et avec surtout un putain de refrain, p'tits arpèges et mélodies, que du bonheur (comme sur "Almost Honest") ! Et y'a aussi des titres bien fun, où Megadeth se dévoile sous un jour festif qu'on ne lui connaissait pas ! "Prince of Darkness", c'est la moins bonne de l'album d'ailleurs, avec un refrain un peu bidon et des riffs trop faciles. "Seven" est la rock-song de l'album, et dans ce style, Mustaine excelle aussi, à grands renforts d'orgue Hammond sur le refrain, ça sonne un peu comme du Deep Purple, trop top ;o) !
Risk ne joue quand même pas dans la même catégorie que Load qui lui était un vrai chef-d'oeuvre ! Risk est plus léger mais ça ne l'empêche pas d'être un des meilleurs albums de Megadeth même si je dois être le seul à penser ça !