Jour
2
:22 juin 2013
Samedi matin, 10h30 : allez hop, tout le monde sur le pied de guerre ! Le Hellfest n'attend pas c'est déjà l'heure de s'y remettre et… en fait non, les Eternels a un sérieux retard à l'allumage. Entre ceux qui ont suivi Avantasia jusqu'au bout et qui ont du mal à émerger, ceux qui subissent le contrecoup du double hit combo cuite le jeudi soir / journée de concert intensive le vendredi et ceux qui ne sont tout simplement pas franchement emballés par la programmation du matin, l'équipe affiche un taux d'absentéisme digne de l'Education Nationale…
Heureusement, JC et Silverbard sont là pour sauver l'honneur en assistant au set des invités de dernière minute,
Regarde Les Hommes Tomber (
report ici). Et là... la torgnole ! Sans forcément réinventer quoi que ce soit, le groupe parvient à prendre aux tripes dès les premières notes de son black / postcore. Le son est nickel (comme souvent sous la Valley depuis le début du festival), le set carré et doté de montées en intensité très bien foutues. Bref, les Frenchies assurent et on ne peut que regretter de les voir quitter la scène au bout d'une demi-heure seulement. Voila une excellente initiative que la programmation de ce groupe, qui figurent parmi les meilleures surprises / découvertes de cette édition. En revanche, une heure près sur la même scène,
Surtr bande un peu mou et ne parvient pas à créer la même accroche avec son doom trop académique. Dur dur de rester jusqu'à la fin du set. Et encore une heure après, toujours sur la même scène,
Procession aura délivré un set efficace. Du doom sans fioritures que les Chiliens appliquent à merveille pour nous offrir des titres aux airs redoutables ("Chant of the Nameless" entre autres). Vu de ce que le groupe propose sur galette, on ne s'attendait pas à un tel concert (ce qui ne veut au passage pas dire que sur skeud ça soit nul, loin de là !). Une bien bonne surprise !
Entre-temps, j'avais pris le relais avec
Audrey Horne, qui nous livre un excellent set et qui aurait mérité une place un peu plus haut sur l'affiche (
report ici). La prochaine fois peut-être ! Ah tiens,
P.O.D. sur la Mainstage, ça peut être sympa ça. Non pas que je sois un grand spécialiste de ce groupe, mais bon, du neo metal, j'en ai écouté pas mal dans ma jeunesse, et même si j'étais déjà passé à autre chose, "Youth of the Nation" et "Boom" avaient plutôt bien marché en leur temps. Les Californiens attaquent d'ailleurs par ce dernier… et là c'est un peu comme mater les photos de classe de lycée : la Stéphanie qui était tellement bonnasse dans nos souvenirs, ben en fait, voilà quoi… Résultat, au bout de 10 minutes, cap sur le Temple où se produit
Koldbrann. Les Norvégiens donnent dans un black metal assez conventionnel, donc rapide et abrasif, entrecoupé de quelques pièces plus lentes comme "Inkvisitor Renegat". Assez classique donc… jusqu'à l'arrivée sur scène pour le dernier morceau d'un mec en short, crane rasé, lunettes de soleil, du nom de Renton of Death (facile, c'est écrit sur son torse). Petit détail : il tient dans ses mains une trompette, et c'est parti pour "Russian Vodka", une reprise d'un morceau thrash/punk russe. Complètement WTF comme final, et parfait pour marquer les esprits !
Par contre, le temps maussade ne s'arrange guère en ce samedi midi : il fait gris, les petites averses se succèdent et on se caille les miches assez sévèrement. Bref, ce n'est pas un temps à mettre un hardos dehors… et pourtant il y en a pas moins de 6 sur scène ! Le hic, c'est que les gars de
Krokus n'ont pas l'air bien motivés : ça bande mou (quelle purge cette reprise de "American Woman"), Marc Storace paraît bien emprunté pour un vieux briscard et on se demande bien pourquoi il y a 3 guitaristes. Et quelle idée d'essayer de faire participer un public visiblement peu motivé à CHAQUE morceau… On attendait bien plus que ce set soporifique de la part des AC/DC suisses. Allez hop, next… Ceux qui auront misé sur les
Casualties dans la Warzone auront eu la main plus heureuse. Le set des créteux nous aura procuré un énorme smile qu'il aura été difficile d'enlever. L'énergie est là, l'ambiance, les hymnes, la communication avec le public bref, tout ce que l'on demande à un concert de punk pour passer un bon moment. Rien de neuf dans la musique du combo mais on s'en fout, ça fonctionne du début à la fin. La chanteur aura même fait participer le public en organisant un Chicken-Fight (un gus en porte un autre sur ses épaules et tente de faire tomber ses rivaux alcoolisés). Le public aura semblé apprécier se concert bien fun.
Du fun, la musique des Allemands d'
Equilibrium n'en manque pas non plus. Epic metal oblige, on headbangue comme un couillon sur des blasts chevaleresques. Le chapiteau est ultra blindé et on se dit que c'est peut être en partie dû à la pluie qui commence à tomber ou à l'arrivée des attendus The Old Dead Tree mais il semble ne rien en être. Des crashs barrières jusqu'au fond du chapiteau le public est réceptif au set des Teutons même si, avouons-le, ça finit par tourner en rond. Un bien agréable moment néanmoins. Dans le même temps sur la Mainstage 2, l'ambiance nostalgie fin des 90's – début des années 2000 se poursuit, avec les revenants de
Coal Chamber. On avait pu apprécier les performances du grand Dez Fafara l'an dernier avec Devildriver, il revient ici avec son premier groupe, culte pour certains, un peu ridicule pour d'autres. En tout cas le dark-néo-métal lourd des Américains passe plutôt bien ; on se rappellera notamment de l'incontournable tube "Loco" et ce concert sera un bon moment au final, malgré une sacrée attitude de posers / rockstars pas franchement agréable de la part des occupants de la Chambre de Charbon. Gros événement ensuite à l'Altar avec le passage de
The Old Tree, qui débute sa tournée exceptionnelle pour célébrer les 10 ans de son album culte,
The Nameless Disease (
report ici).
Encore un groupe pour les djeunz sur la Mainstage 2, mais dans un style différent : exit (momentanément) le neo metal, place au metalcore. Mais pas du metalcore putassier à deux balles hein :
Parkway Drive qui, sur la lancée de l'excellent
Atlas, impressionne le public venu en nombre (
report ici). Ceux qui ont opté pour le Temple ne perdent pas au change, car
Kampfar nous livre aussi une excellente prestation. Les Norvégiens s'appuient sur 3 atouts : des compos variées, tantôt black, tantôt pagan, ce qui évite la monotonie ; un son parfaitement réglé et une exécution sans faille des morceaux, ce qui est toujours appréciable ; enfin, un frontman hors pair. Dolk est une sorte de Sebastian Bach version black metal : même silhouette longiligne, même crinière blonde, et surtout même sens du show. Efficacement secondé par le batteur II13 sur certaines parties vocales, Dolk ne cesse de haranguer un public fourni, quand il ne le brosse pas dans le sens du poil («
cette année, on n'avait pas prévu de tourner, mais le Hellfest est le seul festival où on va jouer cet été parce qu'on sait qu'en France, on est toujours bien accueilli… Pas comme en Allemagne, fuck le Wacken ! »). Effet immédiat, puisque peu de groupes de black et assimilés auront mis tant d'ambiance sur les 3 jours (Rotting Christ peut-être ?). Bien joué les gars !
Difficile ensuite de rivaliser avec
Down, qui draine un max de monde devant la Mainstage (
report ici). Et pourtant, dans la Warzone,
Gallows est loin d'avoir démérité (
report ici). En ce qui me concerne, ayant raté Asphyx la veille, direction l'Altar pour le set de
Sinister. Sauf que c'est comme se dire «
tiens, j'ai raté Kreator, je vais me rattraper avec Tankard » : le style n'est pas très éloigné, mais la différence de niveau est flagrante. Les Hollandais donnent dans la boucherie / charcuterie en gros, mais ils n'ont pas le même sens aiguisé du riff qui tache et du refrain qui tue. Et puis bon, désolé pour l'ex-batteur reconverti hurleur Adrie Kloosterwaard, mais n'est pas Van Drunen qui veut… Bref, un set correct, mais sans différence majeur avec celui de n'importe quel groupe de death de second rang. Match nul ensuite entre
Rotting Christ (
report ici) et
Karma to Burn (
report ici), qui nous livrent chacun une prestation de très haut niveau. Dans la foulée, malgré tout le respect que j'éprouve pour Unearth et Amorphis, impossible pour eux de rivaliser avec
Accept, qui se montre digne de son rang sur la Mainstage 1 (
report ici). Après une telle performance, il fallait un groupe qui ne doute de pas lui-même… et ça tombe bien puisque c'est le cas de
Papa Roach, qui nous livre comme à son habitude un set plein d'énergie (
report ici).
Alors que
Red Fang déçoit légèrement avec un set solide mais manquant de folie (
report ici),
Converge tient magistralement son rang avec un set démentiel (
report ici). Sur la Mainstage 1, place au premier des deux gros poissons expliquant l'affluence extraordinaire du jour (41 000 billets vendus, record pulvérisé) :
ZZ Top. Evidemment, le show est statique, les deux barbus ayant passé l'âge de courir dans tous les sens (65 ans quand même, doyens du Hellfest 2013 avec Gene Simmons, respect). Par contre, on aura retrouvé tout ce qui a fait la légende des Texans : les grandes barbes, forcément, mais aussi les sapes improbables, les petits pas en cadence, les guitares en fourrure et surtout, les tubes en pagaille. Le son parfaitement réglé met en valeur tant les hits d'Eliminator que les morceaux bluesy, dont une reprise de "Foxy Lady". ZZ Top, c'est aussi de sacrés zicos : dès le premier titre, l'excellent "Got Me Under Pressure", Billy Gibbons calme l'assistance avec cet extraordinaire solo exécuté à la perfection. A ses côtés, Dusty Hill abat un sacré boulot et nous montre ce qu'est un vrai bassiste, avec des lignes qui ne se contentent pas de suivre bêtement la guitare. Quant au discret Frank Beard, son jeu épuré et groovy fait merveille. Pas forcément spectaculaire, mais impressionnant tout de même.
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S'il y avait un nom à entourer en gros sur le planning de l'Altar cette année, c'est
Candlemass. En effet, les pères du doom trad' tirent leur révérence après près de 30 ans d'existence. La tournée d'adieu fait donc escale au Hellfest, dernière opportunité pour les fans français de revoir une dernière fois leurs idoles et dernière opportunité pour les néophytes de ne pas mourir idiots. Enfin ça, c'est ce qu'on se disait avant parce qu'à l'issue de ce concert, c'est un peu la douche froide... ou tiède plutôt. Métaphoriquement bien sûr, puisque le set se déroule au sec sous l'Altar dont la déco ambiance cimetière colle parfaitement à la musique. La question est : pour un show d'adieu, quelle est la pertinence d'orienter la moitié de la setlist sur le dernier album, à des année- lumières qualitativement des premiers efforts ? D'autant que la prestation scénique n'est pas là pour rattraper les titres : c'est mou et pas enjoué - OK c'est du doom, mais un petit effort quoi ! Seul moment à retenir, le final avec "Solitude" et son refrain repris en choeur par tout le public. A côté de ça, un "Bewitched" sympa et un "At the Gallows End" dont la grâce a été totalement gâchée par les boeufs de roadies d'Immortal qui faisaient les réglages batterie à fond (merci les gars!). Grosse déception, on ne vous dit pas à la prochaine du coup!
On aurait mieux fait de rester dans la Valley pour le set exceptionnel de
Manilla Road, surtout que la bande à Shelton a eu droit de jouer les prolongations suite à l'annulation de Masters of Reality. Il n'y avait pas forcément grand-monde sous le chapiteau, ce qui est conforme au côté culte du groupe, finalement peu connu malgré 36 ans d'existence. Les absents auront raté quelque chose : 1h20 savamment menée à l'aide de riffs accrocheurs et de chant lyrique. Le groupe a encore une sacrée pêche : Mark "the Shark" Shelton impressionne de par sa dextérité, malgré un son de guitare très cru semblant sortir d'un ampli 15W, et Bryan Patrick reste un sacré frontman. Alors peu de monde certes, mais un public de real trve fans que l'on sent vivre l'instant à fond et ça, c'était déjà énorme. Aussi énorme que
NoFX, le genre de groupe que l'on attendait énormément et qui n'a pas déçu. Des tubes à la pelle, un très bon son pour la Warzone, une ambiance de malade mental encore plus bon enfant que d'habitude, et surtout du fun en barres, car Fat Mike et ses acolytes sont tout de même à crever de rire, offrant entre chaque morceau des sketchs à la con sur la France, les metalleux et l'originalité de leur propre présence sur le festival («
Look at us, we're the only ones wearing white t-shirts in here ! »). Indéniablement une réussite.
23h10 : c'est l'heure du grand spectacle à l'américaine sur la Mainstage avec
Kiss (
report ici).Cela n'empêche pas les autres scènes d'afficher également complet : la Valley est blindée pour le passage de
Cult of Luna (
report ici), et c'est la même chose au Temple pour
Immortal. Comme à chaque passage au Hellfest, les Norvégiens sont attendus de pied ferme. C'en est même gênant pour Candlemass de voir autant de monde présent sous la tente juste histoire d'être bien placé pour le passage d'Abbath et ses sbires. Après, c'est toujours la même chose avec Immortal : le plaisir d'entendre des tueries comme "Tyrants", "One by One" ou "Withstand the Fall of Time" est tout de même un peu gâché par la mise en place sonore, entre un son de guitare fort et brouillon qui ne permet pas tellement d'apprécier les riffs à leur juste valeur et un Horgh si puissant derrière ses fûts qu'il empiète un peu sur l'espace de ses camarades. Immortal demeure un groupe culte du black avec une vraie présence scénique et un showman hors pair, mais ce set en restera au stade du pas mal, sans plus. Un peu comme
Korn, qui ne nous a pas refait le coup de l'annulation cette année (
report ici). Et Bad Religion ? On aurait bien voulu voir, mais comme pour NoFX, l'entrée de la Warzone est tellement obstruée qu'on n'aura pas eu le courage d'insister…
Et voilà, c'est fini pour cette seconde journée qui aura battu des records d'affluence, effet Kiss (cool) + ZZ Top oblige. On aura parfois eu l'impression d'être dans le métro à l'heure de pointe, notamment dans pendant le set des Texans, durant lequel il était impossible de rebrousser chemin. Malgré tout, cela aura permis de renouveler le public du Hellfest, avec plus de familles, d'anciens et surtout de gens qui n'appartenaient visiblement pas à la sphère metal. Ce ne fut pas forcément du goût des trves, mais on peut en conclure que le public metal ne fait plus peur et qu'il est même considéré comme normal. Et ça voyez-vous, on ne va pas s'en plaindre !