Et c'est une équipe au grand complet qui en ce dimanche radieux fend le terrain de l'Alcatraz, bien décidée à savourer pleinement cette ultime journée de festivités. Que la bière coule à flots et que la musique nous enflamme (métaphoriquement, bien sûr) !
ALIEN WEAPONRY – 11h30-12h10 – Prison Stage (Eudus)
Généralement, un dimanche matin de festival est un moment calme, les festivaliers sont fatigués et ne se pressent pas pour assister aux premiers sets. Sauf que, pour cette édition 2019, l’Alcatraz a décidé de frapper fort en programmant sur la mainstage et ce dès 11h30, les Néo-Zélandais d’Alien Weaponry. Avec seulement un album au compteur, mais grâce à une campagne promo savamment orchestrée depuis plus de deux ans (articles à n’en plus finir, tournée avec
Slayer et
Anthrax), le trio s’est déjà fait un doux petit nom. Il faut dire que leur thrash groovy et presque mélodique fait mouche, surtout avec l’intégration éléments traditionnels maoris (et ce, à même pas vingt ans !) De plus, les petits jeunes font un tabac sur les réseaux sociaux. On peut dire que Napalm a sûrement trouvé une future poule aux œufs d’or. Mais ce qui nous intéresse ce jour est leur performance scénique. Et bien, ils assurent les bougres ! Si les deux blondinets à la guitare et basse font un peu tendre, le batteur à le visage qui sied parfaitement aux incantations maoris du début de set (comme un Haka quoi). Le ton est donné et le trio n’a pas froid aux yeux, sent sa musique, joue avec l’espace et ne se montre pas pour le moins du monde impressionné.
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Techniquement irréprochables, on peut reprocher aux membres le manque de prise de risque sur les titres en anglais, moins mélodiques, moins racés, mais qui semblent convenir aux puristes. Car mes aïeux, quelle ambiance pour un premier set, et un pogo démarré dès le premier titre. Mais ce qu’il faut retenir, c’est bien leurs compositions avec influences maories: là où on peut s’attendre à juste quelques sons par ci par là, Alien Weaponry joue la carte tribale à cent pour cent et c’est ainsi que les propositions de la seconde partie du set, et spécialement "Ahi Ka" et "Rü Ana Te Whenua" mettent clairement le feu. Peu farouche, le trio communie avec la foule, investit l’espace (notamment le chanteur torse nu qui se permet un petit solo à moitié allongé sur une enceinte). Ajouté à cela de nombreux sourires du bassiste et un batteur motivant les foules. Moi qui suis peu adepte du thrash (sauf
Kreator en live, mais qui n’aime pas les
shows de Kreator ?) je vous avouerais avoir été complétement conquis par la prestation d’Alien Weaponry, maitrisée et inspirée, la hype autour d’eux semble bel bien méritée. Le trio étant encore jeune, le plus dur va commencer pour eux, car il s'agira de garder la tête froide, continuer un véritable travail de création afin de ne pas transformer l'affaire en pétard mouillé.
CARNATION – 12h10-12h50 – Swamp (Shamash)
Carnation a été reprogrammé ce dimanche matin. Dommage pour ceux qui n’avaient pris qu’un ticket pour la veille. Les Belges, très attendus au vu du nombre impressionnant des T-shirts à leur effigie, vont en effet retourner la Swamp par la grande qualité de leur prestation. Du death old-school, rien de nouveau sous le soleil, bien évidemment. Notons cependant le grand professionnalisme de ces jeunes loups qui entendent faire parler d’eux dans les années à venir. Leur signature chez Season Of Mist est amplement méritée, compte-tenu de leur capacité à accoucher de riffs lourds et puissants qui raviront les amateurs du style. C’est simple mais c’est bon. Des passages brise-nuque à la pelle, un chanteur couvert de sang (faux, a priori) au chant guttural à souhait, évoquant un peu
Corpsegrinder et quelques lignes de guitares qui fleurent bon la Suède du
début des années 1990. À l’heure de l’apéritif, difficile de faire mieux pour réveiller notre petit organisme qui commence à souffrir du rythme effréné de ce fest. Une bonne surprise que ce concert. Bravo Carnation !
FIRE DOWN BELOW – 13h00 – 14h06 – La Morgue (Tabris)
Les amateurs de fuzzed-stoner et de psyché, de sonorités ouatées et chaudes, gourmands de
Kyuss,
Tool et Elder, auront-pris leur rendez-vous une fois encore sous La Morgue avec le quartet belge de Fire Down Below. Car oui, Gent n'accouche pas que des groupes de dark ambiant et de sludge, mais également de heavy psychédélique et, bordel, c'est savoureux. Parés d'un très alléchant
Hymn of the Cosmic Man, leur dernière offrande, les quatre compères ont bien envie de nous embarquer en voyage vers le cosmos au moyen d'un rock vibrant, spatial et groovy à souhait. Et la proposition s'avère sérieuse. Tout débute avec ce "Ignition / Space Cruiser". Fire Down Below charme d'emblée son monde par la qualité de sa prestation, tantôt rêveuse, tantôt lourde et écrasante, mais toujours aventureuse. Ici, rien de froid ni de figé, pas d'étoiles mortes ni de planètes crevées de profonds cratères sans sublimation de l'obscurité. Une magie psychédélique, des sonorités amples, une rythmique syncopée, un riffing immédiatement accrocheur et des nappes inspirées qui vous donnent envie de plonger tête la première dans ce précipice astral si joliment déployé devant nous. On savoure ce "Saviour Man" enthousiaste, frénétique et tourbillonnant, mais aussi ce "The Cosmic Piligrim", petite comète ignée qui fend les airs comme un rien, ou encore le sidéral "In a Sea of Stars", riche en surprises, tantôt emporté, tantôt ponctué de touches orientalisantes ou fuzz... Quant à la présence scénique, l'on ne peut là encore bouder son plaisir. Le frontman – dont le chant est agréablement mis en avant - se mêle à la foule et traverse toute la tente guitare à la main. On signale également l'arrivée en guest de Jan Coudron (King Hiss – Carneia) pour un duo sur "Roadburner" qui met littéralement le feu aux poudres et enfin ce coup de théâtre sur "Dashboard Jesus" avec l'arrivée sur scène d'un second batteur – Peter Gaelens (Cowboys & Aliens) - pour une performance de haute volée... (l'une des baguettes lancée au public atterrira par bonheur dans nos mains, son état en disant long sur l'implication complète du tenant des futs). Le public n'est en rien trompé sur ce set de qualité, délivré avec entrain, conviction et chaleur, et l'on ne peut que faire tout naturellement l' éloge de ce collectif tout à fait inspiré.
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Interlude: au tour de Fire Down Below de nous confier ses impressions sur ce festival, nous les en remercions.
First, congrat' for your performance at the Alcatraz festival. It was a discovery for us, but such a great discovery. Thanks a lot. Do you want to share with us your feeling about this fest, what marked you, the public, the ambiance, the organisation, etc... ?
Hi Tabris! Thanks for getting in touch. And thanks for the kind words!
We had a great time at Alcatraz, it was a day to remember. We are extremely happy and grateful to have been given this chance to present ourselves at a fantastic event like Alcatraz. The organization and technical crew are top notch, the staff is great and the crowd was just amazing. We were playing rather early but the tent was pretty much full and the people were giving us so much energy right from the first minute, felt awesome!
We're playing a lot of shows this year but we wanted to do something special for this gig, so we reached out to some friends, that's how we got Jan from King Hiss and Peter from Cowboy & Aliens to join us on the stage. We think it worked out great, and the crowd seemed to love it too
Thanks a lot, and maybe we'll see you again some time. Cheers!
UNLEASHED – 13h30-14h10 – Swamp (Shamash)
Unleashed et son death mélodique puisant son inspiration dans la période Viking débarquent sur scène. Jamais je n’ai été conquis sur disque. De bons morceaux, j’en ai entendu quelques-uns, mais pas au point de succomber totalement. Depuis trente ans, le groupe, dont le line-up n’a quasiment pas bougé, s’est en effet évertué à proposer un death puissant et mélodique. Sans surprise, leur concert sera bon. Au point de me donner envie de creuser, un peu, leur discographie, déjà conséquente. Unleashed m’a un peu fait l’effet d’un
Amon Amarth avec de la hargne et des titres plus fouillés. À réécouter au calme pour confirmer cette bonne impression.
METAL CHURCH – 14h10-14h50 – Prison Stage (MFF)
«
Manquer volontairement la fin du récital de Metal Church ? Mais vous déraisonnez, mon ami ! Dois-je mander les secours ? ». Le bon sens a parlé. Pourquoi diable une personne officiellement saine d'esprit songerait à écourter le plaisir d'assister à la performance déjà beaucoup trop brève – quarante malheureuses minutes – de la plus enthousiasmante section de Seattle programmée en cette douzième édition ? En raison d'une setlist honteuse ? Évidemment, on n'aurait pas craché sur une pépite vintage supplémentaire en lieu et place du falot "
Needle and Suture" mais pour le reste, c'est du très très bon, y compris du côté des titres les plus récents tels l'énergique "
By the Numbers". Le son serait-il défaillant ? Hormis quelques soucis sur les guitares durant l'hymne "
Badlands" et une caisse claire un peu mate (Ndlr : lol), les instruments, de même que le chant une nouvelle fois épatant de puissance et de justesse ont sonné de manière plaisante et équilibrée. Un jeu de scène soporifique, alors ? Peu de chance que cela se produise avec Mike Howe derrière le micro, ce dernier étant trimballé d'un bout à l'autre de la scène par le fringant quinquagénaire qui sprinte en long, en large et même dans la fosse, le tout en assurant avec maestria ses parties vocales. Ses compagnons se montrent beaucoup plus tranquilles, bien que le bassiste Steve Unger ne dédaigne pas lui non plus explorer les recoins de la «
Prison » et interagir avec l'assistance. Dans ces conditions, pourquoi vouloir partir avant la fin ? Parce que les concerts s'enchaînent sans aucun temps mort d'une scène à l'autre et que si l'on ne veut pas manquer le début du set suivant compte tenu de la distance entre Prison et Marais, il faut se résigner à rater l'épilogue de la prestation en cours. Les accords implacables de "Fake Healer" raisonnent alors que l'on s'apprête à tourner les talons. Ceux-ci restent finalement bien plantés dans le sol, leurs propriétaires étant bien trop affairés à s'époumoner et s'écheveler dans l'allégresse. Merci Metal Church et tant pis pour les quelques minutes loupées en amorce du concert suivant, à savoir celui des trop rares Voivod
VOIVOD – 14h50-15h30 – Swamp (MFF)
Après avoir honoré de sa présence l'Europe dont la France et la Belgique à l'automne 2018, Voivod revient asséner son thrash à la fois dense et mélodique, exigeant et direct, auprès d'une solide fanbase mais aussi, à l'évidence, de curieux découvrant une formation atypique au parcours contrarié. Ces derniers s’étonnent du chant singulier de Snake qui n'a jamais cherché à rivaliser en puissance et en stridence avec ses homologues eighties – difficile de trouver plus antinomique sur le créneau du thrash vintage que l'impressionnant Sean Killian qui officiait deux jours auparavant avec Vio-lence. Initialement vêtu d'une splendide veste en cuir patchée à l'effigie de l’album
Killing Technology, le frontman finira par se départir de son encombrant vêtement qui entrave ses déambulations incessantes, au diapason de ses remuants acolytes. Les constamment souriants Chewy (guitare) qui arbore une superbe marguerite sur son t-shirt et Rocky (basse) n’ont en effet de cesse de secouer l’assistance en montrant l’exemple ainsi qu’un plaisir évident de jouer devant un auditoire fourni. Et leur bonne humeur est communicative. Les extraits du dernier recueil,
The Wake, sont bonifiés par la puissance accordée à la six-cordes et les classiques claquent – le toujours émouvant "
The Prow", l’inquiétant "
Psychic Vacuum" et le punk "
Voivod" en tête. Le seul regret réside dans la durée du set – même pas trois-quarts d’heure: quand le bonheur est au rendez-vous, c’est bien trop court. Emmenés par le batteur Away, sosie de Louis Bertignac et seul membre permanent du groupe, les Québécois peuvent se targuer d’avoir maintenu une intensité de tous les instants et livré une performance remarquable.
Interlude: Voivod, en plus de nous régaler, et que nous avons eu le plaisir de rencontrer en signing session, nous confie ses impressions (en français dans le texte). Merci à Dan "Chewy" Mongrain de s'être prêté à l'exercice:
Notre première impression a été la qualité de l’accueil, la bonne humeur de l’organisation et donc son impact contagieux sur les groupes et festivaliers. Un festival très bien ficelé avec une panoplie de styles musicaux qui fait en sorte que l’auditeur ne peut s’ennuyer ou trouver son séjour répétitif. la camaraderie se sentait partout sur le site et entre les artistes. Nous avons pu avoir des bonnes conversations avec nos fans ainsi qu’avec les gars de Messhuggah et Anvil, Rose Tatoo et Max Cavalera (*conversations avec aussi Decapitated, Sacred Reich, Deicide etc...) Nous sommes choyés d’avoir été invité, c’est un bel endroit et le site se marche bien, les distances entres les scènes et les kiosques et les dressings room etaient parfaites! Nous espérons y participer dans le futur, le public a été très généreux avec Voivod et le transfert d’énergie fut mutuel ! Merci au festival, bands et festivaliers, nous avons pu profiter pleinement de notre passage au Alcatraz fest!
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SACRED REICH - 15h30 – 16h20 – Prison Stage (MFF)
Qu’attend-on d’un concert de Sacred Reich ? Que la section de Phoenix, Arizona, interprète les hits "Independent" et "Surf Nicaragua" avec un bon son. C'est le cas. Un petit "
War Pigs" du
Sab’ en bonus, histoire de perpétuer les bonnes habitudes ? Non ? Pas grave. En résumé: cinquante minutes de thrash old school pas génial mais bien remuant – contrairement au statique et débonnaire Phil Rind, qui a fait le taf’ derrière le micro. Autre chose ? Non. Merci Messieurs et à la prochaine.
DECAPITATED - 16h20-17h10 - Swamp (Shamash)
Decapitated est également présent à l’affiche de l’Alcatraz, de retour depuis quelques mois après les démêlés qu’il a connus avec la justice américaine. Des Polonais, je ne connais finalement que les deux premiers albums. Pas étonnant, vu la tournure prise par leur musique, sobrement intitulée groove/death metal. Comprenez: un peu de death et des riffs plus entraînants. Quelques minutes suffiront à me convaincre que je ne suis pas du tout amateur du style. À l’inverse de nombreuses personnes qui réagissent aux incitations de Rafał Piotrowski et bougeront dans tous les sens.
DEICIDE – 18h00-18h50 – Swamp (Shamash)
Du death, du vrai, il en est question avec l’une de mes attentes de ce festival. Deicide, dont j’ai croisé la route il y a près de vingt ans désormais, entend prouver à tous qu’il est bien vivant. Revenu en forme ces dernières années, notamment à la faveur de son dernier opus en date,
Overtures of Blasphemy, dont un seul titre sera joué, le surpuissant "Seal the Tomb Below", les Floridiens semblent prêts à en découdre. Le son est rapidement d’excellente facture. L’on entend bien les guitares puissantes et mélodiques, la basse claque et la batterie de Steve Asheim vient écraser nos malheureux tympans. Mais chose incompréhensible, de là où je suis placé, difficile d’entendre la voix de Glen Benton. Le charismatique frontman donne l’impression de s’impliquer, mais un trop léger filet de voix sort. Loin de ce que l’on est en droit d’attendre. Alors, problème technique ou petite forme ? Finalement peu importe la cause, le résultat est des plus frustrants, d’autant que la setlist fait la part belle aux classiques. "They are the Children of The Underworld", "
Once Upon The Cross", "Sacrificial Suicide" ou encore "Dead But Dreaming". Musicalement superbe, la prestation est gâchée par la quasi-absence de voix de Benton. C’est donc avec un goût amer en bouche que nous regardons partir ces géants du death. Quel dommage.
POWERWOLF – 18h50-19h50 – Prison Stage (Eudus)
L’édition 2019 de l’Alcatraz n'est pas véritablement placée sous le signe du power metal. Pourtant, en ce dimanche 11 août, outre la présence en tête d’affiche d’Avantasia, c’est un autre gros poisson du style qui nous attend en cette fin d’après-midi, à savoir les Allemands de Powerwolf. À l’instar de
Sabaton, ils sont devenus l'une des figures emblématiques du genre et continuent d’agrandir leur fanbase au fil de leurs LP’s (sept à ce jour). Si les deux premiers n’ont pas vraiment marqué les esprits, la suite n’est qu’enchaînement de tubes, de refrains fédérateurs, s’auto-pompant certes, mais au demeurant, diaboliquement efficaces. Et ce n’est pas leur dernier rejeton,
The Sacrement of Sin, qui me fera mentir puisque c’est un énorme succès critique et commercial. Malgré cette faible affiche heavy, le public répond présent et se masse pour voir Attila et sa bande (notons que beaucoup de personnes arborent à cette occasion le t-shirt à l’effigie du combo), et les fans dans les premiers rangs hurlent déjà leur bonheur à l’approche du set. En attendant l’arrivée du quintet, on peut observer un décor magnifique avec un immense backdrop représentant le visuel de
The Sacrement Of Sin, backdrop qui changera par deux fois pendant le show, ce qui fait toujours son petit effet. Les premières notes de "Fire & Forgive" résonnent et l’audience est immédiatement conquise.
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Pendant une heure, on assiste à du slam non-stop. Cette heure est la démonstration de ce qu’il faut faire pour réussir un set de festival. Jouer ses tubes les plus connus, ceux qui font le plus bouger, aux mélodies les plus faciles et faire participer le plus possible le public. Ainsi, plusieurs fois, Attila et son acolyte Falk apprennent au public les bases de certains titres comme "Demons Are a Girl’s Best Friend" ou encore l’hymne qu’est devenu au fil du temps "Werewolves of Armenia". La foule ne se fait pas prier et n’hésite pas à donner de la voix pendant ces soixante minutes passées en compagnie de Powerwolf. Cependant, un petit creux se fait ressentir sur l’enchaînement "Armata Strigo" et "Blessed & Possessed" (de l’album du même nom, pas forcément le plus adapté au live, bien qu’"Army Of The Night" fasse toujours mouche). Les propositions de l’excellent
Bible Of The Beast qui prennent le relais se révèlent bien plus redoutables ("Ressurection By Erection" / "Werewolves Of Armenia"). Artistiquement parlant, rien de reprochable à Powerwolf, les riffs sont affutés, les refrains vous restent en tête des jours après et la communion avec le public est flagrante. Toutefois, et c’est le défaut que je reprocherais au combo (et aux groupes de power en général, comme Sabaton et
Tobias Sammet): trop de bla-bla entre chaque titre. Faire participer le public est important, mais ça devient lassant, tout comme le petit jeu entre Attila et Falk qui font des pitreries semblables à celles de Flake, le claviériste de
Rammstein. Cela n’empêche pas de passer un très bon moment et cela prouve qu’il faut compter sur Powerwolf sur la scène power metal.
TESSERACT – 19h50-20h50 – Swamp (Eudus)
Le
djent ? Autant vous dire qu’avant mon arrivée au sein des Eternels, je n’en avais jamais entendu parler, bien que je connaissais de nom une formation comme Meshuggah (également présente ce jour). Le peu que j’en ai écouté ne m’a pas forcément plu, mais, après avoir lu sur notre éminent forum que Daniel (le vocaliste) était un très bon chanteur, j’ai creusé la discographie du Monsieur (surtout son dernier album solo) et j’ai réellement été conquis par son organe (vocal), moins par l’album qui souffre de longueurs. C’est donc d’un pas pressé que je quitte la mainstage à la toute fin de Powerwolf pour rejoindre mes acolytes qui avaient déniché une place tout devant, merci à eux ! [NdT: mais tout le plaisir est pour nous, cher ami]. Le décor est à la fois sobre et particulier, à l'image des sonos et la batterie sur laquelle des bras lumineux sont fixés. Je ne vais pas vous infliger un exposé sur tout ce qui tourne autour du groupe, et par exemple rappeler qu'un Tesseract est l’analogue quadridimensionnel du cube ou un cube cosmic chez Marvel. Non, je ne le ferai pas. Car le quatuor débarque sur scène, dont Amos, le bassiste, pieds nus. Soit. [NdT: il convient de préciser qu'Amos est un personnage on ne peut plus habité sur scène et que ses déplacements sur les planches le rapprochent d'avantage d'un danseur hanté que du stéréotype du bassiste statique et oublié dans un coin obscur]. Après les premières notes d’"Acceptance", Daniel surgit, porteur d'une énergie marquée qui ne le quittera pas pendant le set. Rapidement, il prend la foule entre quatre yeux, demandant qui connaissait le combo, et devant le peu de mains levées, promet que les spectateurs vont découvrir le quintet et qu’ils ne le regretteront pas. Parlons du personnage, qui ne correspond que très peu aux stéréotypes que l’on peut se faire des métalleux. Propre sur lui, plutôt beau gosse, une boule d’énergie - qui en fait peut-être un peu trop par moment, notamment dans son jeu de corps - il a, pendant cette heure passée avec ses acolytes, tout donné, et s’est même offert un bain de foule à mi-parcours. Sa voix ne vrille à aucun moment, que ce soit quand il grunte, quand il met plus d’énergie et de puissance mais surtout quand il la joue plus douce, notamment sur la rayonnante "Phoenix" et le final sublime de "Juno" en clôture du show.
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Techniquement et musicalement parlant, on assiste à un véritable moment de musique, très particulier. C’est puissant, le rythme change à tout instant, prenant l’auditeur de court et brisant tous les schémas de pensées que l’on peut avoir quand on pense metal. Le jeu de lumière, dont ces bras attachés aux sonos et à la batterie, sont coordonnés avec les sonorités et plongent les spectateurs dans une sorte d’introspection musicale, les yeux rivés sur le combo et la scène. Ce qui m’a également beaucoup plu à titre personnel et en tant que novice vis à vis des Anglais, c’est la construction de la setlist, extrêmement bien pensée. Le set commence par les trois premiers volets de
"Concealing Fate", titre divisé en six parties et issu de
One le premier LP des Britanniques. Plus brut et moins mélodique que ses successeurs, ce dernier plonge directement le public dans le monde et les débuts de TessecracT. Après un intervalle avec "Luminary" et "Of Mind - Nocturne" (seul titre issu d’un
album sans Daniel chanté ce soir), le combo enchaîne avec un trio issu du mélancolique
Polaris à travers le single "Survival", l’envoûtant "Dystopia" et ces magnifiques notes de piano ainsi que "Phoenix" aux accents très pop. Après une entrée brute et puissante puis un trio plus «
lumineux », TesseracT conclut avec trois propositions issues de son dernier rejeton, "Sonder", qui a reçu des accueils mitigés mais qui propose une palette variée, entre les cris ravageurs et tourmentés sur "Smile" et "King" ainsi que la beauté finale qu’est le refrain de "Juno", véritable merveille à mi-chemin entre djent et pop en conclusion d'une prestation carrée et foncièrement émouvante. Ce set fut, en ce qui me concerne la grosse surprise de cette journée à l’Alcatraz.
Interlude: hé oui, TesseracT, en plus d'être extrêmement communicatif on stage, l'est également en off. Quelques mots donc sur ce set, pour notre plus grand plaisir:
The weekend leading up to Alcatraz was very intense for us. We had just played one of our largest shows in the UK and were still on a high from this show. So, we definitely looked forward to a high energy show in Belgium. And Alcatraz did not disappoint! The whole festival felt very upbeat and positive and as a result it was a very fun show for us. It was slightly sad however, as it was the last show that we were going to use our ‘Sonder’ light show, which has travelled the world with us for the last two years. But, it turned out to be a great end to a fantastic run for us this summer.
MESHUGGAH – 20h50-22h00 – Prison Stage (Shamash)
Je me rends sur la grande scène pour voir Meshuggah. Sans rien attendre des Suédois. Alors oui, j’apprécie grandement leurs débuts, mais je n’ai plus suivi depuis longtemps le parcours des géniteurs du djent. Le son est monstrueux, le décor magnifique. Les musiciens, on s’en doutait, font preuve d’une grande aisance technique. Il me faudra quelques minutes avant de me faire totalement happer par le monde froid dépeint en ce début de soirée... avant de succomber totalement, au point de ne plus pouvoir me détacher de ce qui se passe sur scène. Me voilà, un peu malgré moi, immergé dans les méandres syncopés du quintet. Le chant de Jens Kidman se marie ici parfaitement à la musique complexe élaborée par le reste de la troupe. Mention spéciale à Fredrik Thordendal et à ses soli lunaires. L’heure offerte ici m’aura transporté loin. Bien plus que je n’aurai pu l’imaginer. La bonne surprise de ce festival, tant je n’attendais rien de ce set réellement impressionnant. Difficile après cela de redescendre et d’apprécier les derniers groupes à l’affiche [NdS : aucune substance illicite n’a été ingérée ni avant, ni pendant, ni après ce concert].
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HEMELBESTORMER – 21h00 – 22h06 – La Morgue (Tabris)
Ultime rendez-vous à la Morgue. «
Tabris, tu devrais venir, je crois que ça va te plaire... » . Que oui, ça ne pouvait que me plaire. Car il est question à cette heure de post-metal. Et une fois encore, je ne peux que louer la qualité des artistes issus de la scène belge, décidément riche en inventions. La tente est plongée dans l'obscurité, seuls les lustres suspendus se laissent encore entrevoir, filets de lumière diffuse permettant de nous joindre à la foule. Et en fond, ce back drop captivant. À l'heure où je rejoins la tente, c'est un soleil, noir et blanc qui se colle à mes rétines. Puis, ce sera une successions de rencontres stellaires: lune, planeètes, myriades d'étoiles... Vous l'aurez compris, le voyage proposé par le quatuor est une plongée dans l'ether. Post-rock, post-metal, doom et black-metal, les différentes bases s'architecturent avec grâce pour former un ensemble riche et dense, complexe et saisissant. Les tonalités sont froides, désenchantées, parfois même malsaines. La rythmique est lente et tellurique, les nappes enveloppantes, et les lignes de guitares d'une mélancolie enchanteresse. On se laisse si aisément inviter à plonger dans un état de contemplation rêveuse. Le temps se suspend, l'atmosphère se charge, on est ailleurs, très loin du sol, balancés au delà de la mise sur orbite. La fin du set nous laisse groggy, anesthésiés, sensibles à la lumière... Un régal.
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Interlude: là encore, nous avons de la chance. Filip de Hemelbestormer a eu la gentillesse de nous faire un retour sur le fest:
Playing at Alcatraz, being an instrumental post-doom band, initially felt a bit odd. After all, the festival mainly books traditional hard rock and metal. But we were at ease quite fast. Not only did Alcatraz set up a stage, The Morgue, solely for local support - which is a big tumbs up, they also had a stellar and flawless organisation - which again is a big tumbs up. A festival by passionate people for passionate people!
ROTTING CHRIST – 22h00-23h00 – Swamp (Eudus)
Après une petite pause au sein de la morgue pour apprécier Hemelbestormer, place à Rotting Christ, dernier show me concernant (j’ai déjà eu le droit à
trois heures d’Avantasia en avril, s’en est assez pour un seul homme). Les Grecs, avant même de commencer le show, sont en terrain conquis au vu de la foule venue assister à leur performance et qui semble bien impatiente. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de voir jouer un groupe reconnu, avec plus de trente ans de carrière et sans réelle sortie de route. Il faut dire que la décennie 2000 a été bénéfique au groupe, avec trois LP’s qui ont connu un très gros succès. Cependant, ce soir, les fans de cette période dorée, seront un peu déçus, puisqu’autre titre de cet âge d’or ne sera au menu. Peu importe, la version années 2010, si elle en déçoit certains, reste de très grande qualité et c’est ainsi que le dernier né (le très bon
The Heretics) et ses deux prédécesseurs se partagent la plus grosse part du gâteau (huit ingrédients sur onze). Cependant, le choix de l’opener est déjà une grosse surprise puisque "Hallowed By Thy Name" est très lente, mid-tempo et n’est pas le genre de titre qui met dans l’ambiance direct. Mais, au vu de la construction du set, Rotting Christ propose au fil du show une montée en tension permanente qui prend grâce dès l’arrivée en second round de "Kata Ton Daimona Eaytoy", véritable pépite scénique, qui met en osmose à la fois le quatuor et son public. Les samples sont parfaitement dosés, à savoir, qu’ils sont à leur place et laissent la part belle aux musiciens déchainés. Les guitares ne sont pas en reste, et ce n’est pas le solo bien heavy de "Fire God and Fear" qui dira le contraire. Rotting Christ propose un dark/black metal puissant et surtout sans chichis, sans jeu de lumière et ni artifices superflus. C’est brut, et les Héllènes sont venus pour jouer de la musique et la faire ressentir à leurs fans.
Rituals étant l’album du combo que j’apprécie le moins, je ressens un léger petit flottement sur l’enchaînement "Elte Kyrie" et "Apage Satana". Fort heureusement, "Dies Irae" fait l’effet que j’attendais, à savoir, une tuerie sur scène (bien plus que sur album) notamment grâce à l’harmonie des instruments et la puissance du rythme principal. Par la suite, on retrouve la petite séquence nostalgie avec les anciens "Forest of N’Gai" (qui se permet de se retrouver une nouvelle jeunesse sur scène) et "King of a Stellar War", qui nous prouve que le brave Sakis n’a rien perdu de son timbre, à la fois ravageur et posé, puissant et doux. Cette séquence est entrecoupée par la traditionnelle "Societas Satanas" (une reprise de Thou Art Lord) mettant encore en valeur le côté heavy que peut avoir Rotting Christ sur certains aspects et qui surtout met le feu au public. Le groupe conclut sur un duo issu de
Kata Ton Daimona Eaytoy, la presque progressive "In Yumen-Xibalba" et ses nombreux changements de rythme couplée au tube qu’est "Grandis Spiritus Diavolos", véritable tsunami qui conclut la prestation parfaite, avec un public déchainé, véritablement conquis par les Hellènes. Si TesseracT fut le concert révélation, celui-ci fut tout simplement le meilleur de la journée vécu par votre modeste chroniqueur.
Peu à peu, l'équipe rend les armes. Repus, bienheureux, trois d'entre nous regagnent leurs pénates, les esgourdes remplies jusqu'à ras-bord de sonorités entremêlées, les orbites explosés, proches de la crise d'épilepsie. Cependant, l'un d'entre nous ira jusqu'au bout de lui-même, jusqu'à la toute fin - et quelle fin ! Gloire à lui, il a bien du courage !
AVANTASIA – 23h00-00h40 – Prison Stage (Shamash)
Abandonné par mes camarades Éternels, me voici en train d’errer sur le site. Allez savoir pourquoi, je me retrouve face à la tête d’affiche de ce dimanche, Avantasia. Autant le dire tout de suite, je ne comptais pas m’éterniser. Mais est-ce l’effet de la fatigue ou l’envie de prolonger l’expérience Alcatraz jusqu’à son terme, quoi qu’il en soit, je vais voir une partie du show offert par Tobias Sammet. Son opéra metal symphonique n’est pas marqué par l’humilité. Il y invite une foule de chanteurs, parmi lesquels je verrai Eric Martin de
Mr. Big,
Jorn Lande ou encore
Geoff Tate. Les décors sont horribles, dignes de ceux de la kermesse de ta petite cousine. Les invités en font des tonnes. C’est à celui qui aura le plus de cuir sur la langue. Le public est finalement assez clairsemé, surtout comparé aux deux autres soirées à la même heure. Et le set est tellement long que, pour la première fois me semble-t-il, le groupe de la Swamp commencera avant même qu’Avantasia n’ait terminé. Ce groupe, c'est Soulfly...
SOULFLY – 00h20-01h20 – Swamp (Shamash)
Je voulais voir Max Cavalera (bien) en chair et (peu) en os. Les cheveux de ce dernier doivent désormais contenir autant de germes que les mouchoirs usagés de la totalité des pensionnaires d’une maison de retraite pour tuberculeux. Son fils martèle sa batterie comme une brute, mais ne parvient pas à relever le niveau très faible des compositions. Quatre morceaux après le début du set je tombe de fatigue et d’ennui et préfère me retirer au bien nommé camping Graveyard, ce dernier jouxtant ce qui semble être un lieu où sont entreposées des cendres
Ne restent donc plus désormais que les cendres-souvenirs des concerts passés et un nombre incalculable de gobelets, le seul réel point noir de ce fest (hélas, nous ne pouvons nous empêcher de le souligner une nouvelle fois, mais il semble que recouvrir tristement le sol d'une étendue de plastique la plus épaisse possible soit un sport national - voir par ailleurs la performance réalisée naguère au Graspop voisin). Cependant, quitter un festival qui vous a tant ému, dans tous les sens du terme, riche en joies, en découvertes, avec quelques petites amertume aussi, car oui, il en est mais elles posent le contraste nécessaire à la jouissance que l'on retire de tout ce qui est bel et bon, laisser tout ceci, oui, est un moment difficile. Le corbillard garé à quelques mètres de l'entrée nous laisse un curieux sentiment, un sentiment de vide. Ahh, faut-il vraiment rentrer ? Ne pourions-nous pas remonter le temps, revenir en arrière et recommencer à savourer ? Hé non. Il nous faudra bel et bien attendre. Mais que le plaisir sera grand de revenir alors !
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La team des Eternels