Ah, Status Quo, les plus vieux d'entre nous connaissent forcément ce monument du rock, célèbre pour ses fameux rythmes boogie. Status Quo, c'est un peu comme AC/DC, ils font leur truc et ils n’ont que faire de ce qu'on peut penser d'eux. Sans oublier qu'un album de Status Quo ressemble généralement à un autre album de Status Quo. Pour les fans, c'est une qualité et pour les autres, cette redondance servira de prétexte à toutes les railleries possibles et imaginables. Et comme AC/DC, Status Quo n'en a cure et n'est pas prêt de lâcher prise, avec maintenant environ quarante années de carrière au compteur (le groupe s'est quand même formé dans les années soixante).
Piledriver fait partie de leurs classiques, indispensable pour découvrir le groupe à son meilleur niveau. Leur musique était encore fortement marquée par l'héritage des années soixante, c'est pour ça que Piledriver paraîtra sûrement très "rétro" à de nombreuses personnes aujourd'hui. Il n'empêche, Status Quo tue, mais toujours avec classe, tout en retenue ! Ca ne gueule jamais (ou rarement) et leur approche est bien plus mélodique que ne peut l'être un groupe de (hard) rock classique. Les guitares ne versent pas dans les gros riffs qui tâchent, mais plutôt dans du boogie au son bien saturé. Piledriver est un album assez équilibré, entre les morceaux pop ("A Year", "All The Reasons"), bluesy ("Unspoken Words"), la traditionnelle reprise des Doors ("Roadhouse Blues", un des classiques les plus repris de l'histoire du rock), le rock 'n' roll imposant la griffe inimitable du groupe ("Don't Waste My Time", "Paper Plane") et enfin les brûlots un poil plus heavy et agressif ("O Baby" et "Big Fat Mama"). Voilà pour le programme !
C'est avec Piledriver que le style Status Quo se met réellement en place. Déjà, rien qu'en mattant la pochette, on sait à quoi s'attendre : ça va déchirer, pour parler à la d'jeunz ! Concédons-le, le son n'a pas très bien vieilli, mais ça n'empêche pas d'apprécier la galette à sa juste valeur. Rick Parfitt s'impose d'ores et déjà comme le rocker le plus rapide de l'univers, il n'y a qu'à regarder la vitesse à laquelle il attaque chaque riff. Avec "Don't Waste My Time" et "Paper Plane", Status Quo impose son boogie traditionnel et pour les années à venir, je crois qu'il est inutile de compter le nombre de morceaux du même genre que le groupe composera, sinon on n'a pas fini!
Sans perdre de vue les rythmes boogie o combien efficaces, Status Quo peut aussi se montrer d'une puissance à toute épreuve comme en témoigne "O Baby" (voix fluette accompagnée de gros riffs) et "Big Fat Mama" (mention spéciale au pont instrumental, digne des BO des plus grands western de Sergio Leone). Quand Status Quo calme le jeu, ce sont leurs influences pop qui ressortent le plus et cela nous donne de sympathiques ballades ("All The Reasons", le bluesy "Unspoken Words") et surtout le magnifique "A Year", un morceau inhabituel pour le groupe. La progression sur "A Year" est remarquable et ce morceau pourrait avoir de la gueule avec un orchestre symphonique, mais bon, je m'emballe ! Je ne suis pas fan par contre de la reprise des Doors ("Roadhouse Blues"), sans grand intérêt, la version qu'en avait faite Blue Öyster Cult était bien meilleure, plus burnée à mon sens.
Il va de soi que la musique de Status Quo, à mi-chemin entre le rock 'n' roll des années soixante et le hard des années soixante-dix, laissera peut-être indifférent le hardos le plus endurci. Pour les autres, désireux d'écouter autre chose que du AC/DC, Status Quo représente une bonne alternative tant les deux groupes ont été animés par la même passion durant leurs carrières.