Première nouveauté sur cette livraison du Quo : le son commence à devenir propre, une vraie surprise alors que les fans étaient habitués au son tranchant et brut des albums précédents. Cela ne sera pas tellement du goût d'Alan Lancaster qui regrette déjà l'aspect rugueux des Quo, Hello et Piledriver ! C'est également avec On The Level que les mélodies prennent véritablement de l'importance ; les guitares deviennent plus subtiles. L'album porte davantage la patte de Francis Rossi, alors que sur Quo, Alan Lancaster était très présent.
Tous ces progrès, sans perdre de vue que le boogie du Quo n'omet pas d'écraser tout sur son passage : "Little Lady" pour commencer, ça calme hein ? Tempo des plus enlevés, rythmiques Parfittiennes efficaces entrecoupées de quelques cassures avant de repartir de plus belle, bref on ne pouvait pas mieux démarrer !
Quand on compare avec les groupes de rock de la fin des années 60 et du début des années 70, cela ne fait aucun doute : Status Quo était un des groupes qui dépotait le plus à l'époque, même si on a du mal à se l'imaginer aujourd'hui. On les classera même souvent dans le hard rock à cause de ça, et de leurs cheveux longs... Mais leurs productions dans les années 80 les décrédibiliseront quelque peu, c'est une autre histoire. "Down Down" est également du même acabit que "Little Lady" et attaque la seconde face sans pitié ! Et la reprise de Chuck Berry, "Bye Bye Johnny", s'avère en fin de compte le morceau le moins mélodique et le plus hargneux de l'album. On fait facilement la distinction entre cette reprise et les compos du Quo, mais bon, on peut difficilement faire plus boogie que ce classique là ! "Little Lady", "Down Down" et "Bye Bye Johnny" deviendront très vite des incontournables en concert, mais On The Level ne se limite pas à ça!
Alan Lancaster sans moustache sur la pochette, ça n'arrive pas tous les jours, et un John Coghlan qui peut se targuer d'être l'un des premiers à avoir une telle allure de "metal-warrior", bien avant Manowar et toute la horde de metalleux des années 80. En troisième position de la première et deuxième face, on retrouve deux titres dans le même style, le "Rossi Style" ("I Saw The Light" et "What To Do"), rock 'n' roll et toujours très distingué, très classe. L'intro de "What To Do" est assez gratinée dans le genre, une sorte de solo qui semble ne jamais finir, comme s'ils avaient bu deux coups de trop ! Les compos d'Alan Lancaster sont moins immédiates, peut-être plus riches et elles changent du bon gros boogie saturé : "Over And Done" et "Broken Man", avec des guitares un peu à la Jimmy Page pour ce dernier.
Comme tout se fait deux par deux sur cet album, on retrouve également deux ballades: l'une bluesy ("Most Of The Time"), sympathique et une autre, "Where I Am", très belle également. Seul "Nightride" est plus faible que les autres titres, la faute à un refrain un peu lourdingue sur les bords. Mais ça reste un bon morceau rock. On The Level n'est pas le meilleur Quo, mais c'est peut-être l'album le plus complet de cette première époque. C'est aussi avec celui-là que Status Quo commence à s'ouvrir progressivement à d'autres horizons même si, concédons-le, il faut vraiment être fan pour s'en rendre compte.
Alan Lancaster reprochera à On The Level d'être plus commercial, de vouloir tenter une percée en Amérique. Pourquoi pas après tout, puisque le Quo marche très bien en Europe, avec des tournées faisant salle comble grâce à une réputation live qui n'est déjà plus à démontrer. A quand un album live ?