Après des débuts psychédéliques reniés par le groupe lui-même, Piledriver voyait enfin le vrai Status Quo prendre forme, avec un boogie irrésistible. On a du mal à réaliser aujourd'hui le succès colossal qu'a pu rencontrer Status Quo durant les années 70 et 80 avec une quantité astronomique d'albums vendus et un nombre incalculable de singles classés dans les charts. Status Quo détient d'ailleurs le record du nombre de singles classés en tête des charts anglais. Hello ! est en général l'album préféré des fans, ce qui est logique puisque toute l'essence du groupe y est concentrée.
Hello ! ne relâche jamais la pression et bien que l'album soit hyper répétitif, on ne s'ennuie pas une seconde. Piledriver était un peu plus varié, je pense, puisqu'ici, hormis les roucoulades pop de "Claudie" et "And It's Better Now" que d'aucuns qualifieraient de "sous-Beatles", c'est toujours pareil sinon !
"Sacrilège, comment peut-on oser qualifier "Claudie" de "sous-Beatles"? ", s'exclamera un membre de la Quo Army s'il a le malheur de tomber sur ma chronique ! "Claudie", c'est simple, vous prenez les mélodies des Beatles, vous y rajoutez des guitares saturées et épaisses, et voilà, c'est prêt. Le genre de morceau agréable, pas de problème, mais d'un point de vue artistique, l'intérêt est limité puisque les Beatles faisaient la même chose... en mieux bien sûr ! Sur la ballade "And It's Better Now", on ressent clairement les influences country de Francis Rossi, et je dois avouer qu'elle me gonfle un peu. Ces influences country seront parfois encore plus présentes sur les prochains albums.
Sur Hello !, ce ne sont pas les classiques qui manquent, entre les très dynamiques "Roll Over Lay Down" (rythmique sautillante inégalée dans le genre) et "Softer Ride", le séduisant "Caroline" et le final grandiose de "Forty-Five Hundred Times", qui démarre pépère pour ensuite monter progressivement en puissance tout au long de ces dix minutes et laisser place à des solos ravageurs. "Forty-Five Hundred Times" affiche prêt de dix minutes, avec des changements de rythmes réguliers... Alors prog ou pas prog ? Sans blague, on parle bien de Status Quo là, et même si Hello ! est leur album le plus technique à l'époque (un adjectif à manier avec précaution dans leur cas), ce n'est pas le genre de la maison. La façon qu'a le groupe d'accélérer la sauce sur "Forty-Five Hundred Times" est purement jouissive, l'intérêt même du morceau repose là-dessus. Cette déferlante ne semble jamais s'arrêter, un peu comme le "Overkill" de Motörhead dans un autre style.
C'est sur Hello ! qu'apparaît également le pianiste Andy Bown ce qui ne fait qu'ajouter du groove supplémentaire. Il ne sera reconnu comme membre officiel de Status Quo que bien des années plus tard, ce qui peut s'expliquer par la faible quantité de piano sur l'album. Sans oublier les quelques notes de saxo, subtilement mélangées au reste sur "Blue Eyed Lady", effet garanti ! Les harmonies rock 'n' roll (ça se dit ça ?) des deux guitares sur ce morceau sont réellement excellentes et représentent une des marques de fabrique de la paire Rossi-Parfitt.
Hello ! reste l'album phare à recommander à tous ceux qui voudraient découvrir le groupe. Je ne sais pas si c'est le meilleur, mais en tout cas c'est le plus homogène, aucun doute là-dessus. Et pour la première fois, Status Quo bénéficie même d'un bon son. A l'instar des Rolling Stones ou d'AC/DC, le style redondant de Status Quo a rendu difficile le maintien d'un haut niveau de qualité pour chaque album. Il vaut mieux faire le tri entre les bons albums et les albums sortis parce qu'il fallait en faire un de plus avant de repartir en tournée.