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CHRONIQUE PAR ...

5
Fishbowlman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Rob Halford
(chant)

-Glenn Tipton
(guitare)

-K.K Downing
(guitare)

-Ian Hill
(basse)

-Dave Holland
(batterie)

TRACKLIST

1)Heading Out To The Highway
2)Don't Go
3)Hot Rockin'
4)Turning Circles
5)Desert Plains
6)Solar Angels
7)You Say Yes
8)All The Way
9)Troubleshooter
10)On The Run

DISCOGRAPHIE


Judas Priest - Point Of Entry
(1981) - heavy metal - Label : Columbia



Judas Priest n'a jamais été le genre de groupe à refaire deux fois le même album. Ainsi, après avoir mis toute la communauté metal à genou avec British Steel, Point Of Entry fait figure de successeur pour le moins particulier. Généralement, les fans de Judas Priest écoutent aussi du metal allemand – ça ne s'invente pas – des groupes comme Gamma Ray, Rage, Primal Fear, Iron Savior... bref, dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi Point Of Entry puisse faire tâche dans la discographie du Priest. Pas le genre d'album conçu pour plaire aux fans d'Hammerfall et Iron Maiden.

1981, la New Wave Of British Heavy Metal se développe à vitesse grand V avec, il faut bien le dire, beaucoup de petits groupes semblables les uns aux autres : un son pourri, des riffs assez pauvres, des harmonies simplistes et des chanteurs sans charisme particulier, braillant dans les aiguës (la seule chose qu'ils ont retenu de l'influence du Priest), voilà en résumé ce qui les caractérisent. Judas Priest n'a aucun mal à s'imposer avec l'expérience et la maturité en plus. Contrairement à Black Sabbath la même année, le Priest ne cherche pas à coller à la NWOBHM ; le heavy metal pur à la sauce années 80 viendra plus tard avec Screaming For Vengeance.

L'ouverture avec "Heading Out To The Highway" a pour but de coller une baffe équivalente à celle de British Steel avec "Breaking The Law", avec cet aspect délicieusement froid et austère du Priest des 80's, tranchant comme une lame de rasoir. On peut dire que c'est réussi ! D'emblée, on pourrait s'attendre à un album très dur, dans la lignée de British Steel justement mais "Don't Go" vient tout de suite brouiller les pistes. Tempo assez lourd, rythme saccadé, refrain joyeux et choeurs décontractés, pour un peu on aurait presque l'impression d'écouter du rock californien. Le groupe a de l'espace pour se laisser aller à quelques subtilités, c'est le cas des guitares du duo Tipton – Downing qui font preuve d'une élégance rare avec de légers pincements de cordes comme peuvent le faire les guitaristes de Wishbone Ash. Quant à la section basse-batterie, elle n'avait jamais été aussi groovy chez le Priest.

Servi par une production impeccable (le remaster est un régal !), Dave Holland est parfaitement mis en valeur. Point Of Entry est bien l'album où il joue le mieux. D'une simplicité extrême, la technique n'a jamais été son fort. Son background a toujours été rock, c'est le batteur de Trapeze, le groupe de Glenn Hughes. Rien d'étonnant alors à ce qu'il place régulièrement des ouvertures de charlet et des coups de caisse claire étouffés, des procédés typiquement rock contribuant à aérer l'album. On est loin des bûcherons habituels du heavy metal qui ne font que cogner de façon mécanique, à l'instar d'un Scott Travis qui lui vient des super-héros du metal, Racer X... pas la même culture, forcément. Et pour faire du heavy basique, la rythmique du Priest est remarquable, une des meilleures du metal assurément. Pas au niveau technique bien sur, Ian Hill joue 2 notes de basse par morceau et Dave Holland fait « poum tchac poum tchac » tout le long, avec quelques roulements de toms hyper carrés, redoutables de simplicité et d'efficacité. Il suffit juste d'écouter la rythmique pleine d'entrain sur "Hot Rockin'", nettement plus proche dans l'esprit d'un Ac/dc que de n'importe quel tagada tsoin tsoin d'Iron Maiden. Avec "Heading Out To The Highway", "Hot Rockin'" fait parti des titres les plus heavy du disque, les plus agressifs car pour le reste, Point Of Entry se veut nettement plus épuré.

Judas Priest retrouve même une liberté artistique comparable à celle qui était la sienne dans les années 70, avec une volonté de proposer autre chose que du heavy racé et basique. On retrouvait également ce souci de varier les plaisirs sur Killing Machine, mais pas sur British Steel bien sur. Avec Point Of Entry, la tonalité est toujours heavy (on ne se refait pas) mais le groupe réfléchit à deux fois avant de cogner. La finesse des guitares et les vocaux non-agressifs de Rob Halford permettent de mettre en valeur des compos inhabituellement planantes pour le Priest ("Solar Angels", "Desert Plains", "Turning Circles"…). Les solos sont particulièrement soignés, notamment sur "Solar Angels", "Hot Rockin’" et "On The Run", le duo Tipton – Downing a rarement été aussi inspiré.

Le groupe se modernise, c’est assez flagrant sur "Solar Angels" (qui servira à démarrer les concerts de la tournée Point Of Entry, un choix osé à l’instar d’"Out In The Cold" sur la tournée Turbo) et "Desert Plains", deux titres superbes, hyper mélodiques (l’opposé de British Steel donc), ponctués d’effets et de bruitages en tout genre (avion en plein décollage sur "Solar Angels", renforçant encore plus son aspect aérien, forcément !). Quant à "Turning Circles", à l’instar de "Don’t Go", les références au rock californien sont là aussi évidentes, le pont est superbe, un des passages en arpège les plus émouvants jamais écrits par le Priest.

Jusqu’à "Solar Angels", c’est un sans faute, on pourrait tenir là leur meilleur disque dans les années 80. Simplement, la seconde face marquera moins les esprits car constituée de délires rock ‘n’ roll à ne surtout pas prendre au sérieux. Judas Priest nous offre tour à tour deux titres carrément boogie ("You Say Yes", "On The Run") et deux pastiches d’Ac/dc ("All The Way", "Troubleshooter")… c’est fou le nombre de groupes qui ont été influencé par les australiens, même les plus grands n’y échappent pas. Bien sur, ces compos là sont plus légères et ne deviendront jamais des classiques. Mais en même temps, dans le genre heavy classique, le fan sera déjà bien rassasié avec British Steel, Screaming For Vengeance et Defenders Of The Faith. Et puis ce serait oublier que Judas Priest peut être très rock par moments, on pouvait déjà s’en rendre compte sur des morceaux comme "Better By You, Better Than Me", "Delivering The Goods", "Rock Forever" (le propos est suffisamment clair, non ?), "Evening Star", "Living After Midnight", "You Don’t Have To Be Old To Be Wise"…

Bref, enchaîner un boogie aussi débile et désopilant que "You Say Yes", un superbe pont là aussi, plus nuancé, dans le même style que celui de "Turning Circles", avant un "All The Way" dynamique et jouissif, reprenant tous les clichés du hard rock (le refrain surtout, fallait oser !)… sur, tout cela ne sera pas du goût de tous les métalleux. Enchaîner deux titres « à la Ac/dc » d’affilé n’est peut être pas une idée de génie puisqu’après "All The Way", "Troubleshooter" est clairement inférieur au reste : à trop vouloir jouer les rockers, Rob Halford en fait des tonnes et devient limite. Heureusement, l’excellent "On The Run" vient rattraper cette déconvenue, un autre boogie diablement entraînant, une rythmique d’une rare efficacité doublée d’un superbe travail vocal de Rob Halford (ses voix sont doublés, avec des trémolos)… rien à dire, Point Of Entry sent bon l’été et la décontraction, y’a pas de mal à se laisser aller de temps en temps.


Le remaster contient deux titres bonus : une excellente version live de "Desert Plains", nettement plus speed avec un solo de batterie assez court, elle y gagne en puissance et en folie mais elle perd tout le côté planant de la version studio. Un seul inédit, "Thunder Road", très bon également, véritable pépinière à riffs avec ce son de guitares délicieusement Turbo-isé, ce titre là aurait pu figurer sur Ram It Down. Un disque à ne pas recommander aux amateurs de metal allemand.


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