Ram It Down est l'album le plus faible de Judas Priest dans les années 80. La pochette, signée Mark Wilkinson, a de la gueule et n'est pas affreuse comme celles des albums antérieurs. Elle donne une bonne image de ce à quoi doit s'attendre le fan, un album solide. Même s'il se veut rassurant après le commercial Turbo, Ram It Down n'atteint pas la qualité de ce dernier et il contient encore des résidus de cette période tant décriée. D'un autre côté, Ram It Down contient quelques bombes qui préfigurent l'agressivité de Painkiller. Donc à mi-chemin entre Turbo et Painkiller, l'album n'en est que plus varié, mais pas très homogène en terme de qualité.
Dès l'entame du morceau-titre Ram It Down, avec le fameux cri surpuissant de Rob Halford, on est rassuré de voir Judas Priest de retour en pleine forme. Le groupe retrouve un son proche de Defenders Of The Faith, avec une batterie qui sonne mieux et un peu moins synthétique. Les guitares sont surproduites par contre, comme sur Turbo, avec cet aspect "futuriste", sauf qu'il n'y a pas ici de guitare-synthé. Elles retrouvent donc de leur mordant. "Ram It Down" et "Hard As Iron" sont les deux titres speed qui voient Judas Priest revenir à son meilleur niveau: une avalanche de riffs destroy, des solos toujours aussi flamboyants qui ne font que (re)confirmer que la paire Tipton - Downing est la meilleure du metal, et enfin un Rob Halford déchaîné comme jamais, quoique plus mélodique et moins agressif que sur Painkiller.
Parmi les moments forts, il y aussi l'épique "Blood Red Skies", un style qu'on ne retrouvait pas sur les autres albums et qui sort du heavy de base, et enfin, l'excellente reprise de Chuck Berry, "Johnny B. Goode", sûrement la meilleure reprise faite par Judas Priest, la grande classe (rien que l'intro déjà!!!). "Come And Get It", issu des sessions de Turbo, contient LE riff qui tue par excellence, bien juteux. D'autres titres contiennent encore ce côté américain présent sur Turbo: "Heavy Metal", qui comme son nom l'indique, est heavy, introduit par un superbe solo de Glenn Tipton. Ce morceau aurait presque pu apparaître sur Turbo malgré tout, car il est assez festif, "vive le heavy metal, y'a que ça de vrai les copains!". Idem pour le sympathique "Love Zone" qui est plus à ranger du côté du hard rock. "I'm A Rocker" et "Love You To Death" n'ont aucun intérêt et font plus office de remplissage qu'autre chose.
D'autant plus que les morceaux les moins bons sont tous concentrés vers la fin de l'album: "I'm A Rocker", "Love You To Death" et le lourdingue "Monsters Of Rock", basé sur un tempo très lent, il contient de chouettes riffs "dark" dans l'esprit Defenders Of The Faith ("The Sentinel" en particulier), mais son refrain patauge dans des choeurs caricaturaux. Ram It Down fait partie de ces albums inégaux et pourtant très agréables à écouter. Au moins quatre chansons exceptionnelles ("Ram It Down", "Blood Red Skies", "Johnny B. Goode" et "Hard As Iron") rehaussent considérablement l'intérêt du disque.