Bon les gars, votre dernier album, Fly From Here, c’était bien. Y avait de l’idée et on en oubliait presque que Jon Anderson n’était plus là. Non vraiment les gars vous aviez fait un bon boulot et on continuait de vous aimer. Mais alors pourquoi, bon dieu, pourquoi avoir voulu faire une suite à cet album ? Et surtout pourquoi ne pas vous être inspirés de vos chutes de la grande époque ? Pourquoi ne faire que de la nouveauté ? Vous êtes cramés les mecs, vous savez ? Non, vraiment cramés, genre qui empeste la vieillerie ? Vous refaites plus ça, OK ? Non parce que ça, c’est un coup à se mettre des fans à dos, hein ?
C’est simple, à l’écoute d’Heaven & Earth on le sent que vous êtes vieux. La production manque de punch, seul la basse possède un son bien rond, assez agréable. La guitare est noyée sous les nappes de claviers d’un kitsch rare. "Believe Again", premier titre de l’album, sonne un peu comme un affront tellement il cumule tous les défauts qu’on aimerait ne pas voir dans un groupe de prog : les variations se comptent sur les doigts d’une main, le solo de guitare manque d’inventivité, le tout sonne faiblard et pour achever l’auditeur, vous répéter le refrain ad vitam aeternam. Et ce constat est vrai pour bon nombre de morceaux ("The Game" cumule les mêmes défauts en pire, "To Ascend" est une ballade d’une mièvrerie confondante…). Bref, il n’y a pas grand-chose à sauver dans ce lot de nouveautés qui sonnent déjà datées. Et ce n’est pas la voix de Jon Davison qui fera dire le contraire. Le pauvre tente bien de nous faire oublier Anderson, mais peine véritablement dans les aigües ("Subway Walls", "Believe Again", "The Game"). Alors, les chœurs tentent de rattraper le tout, mais eux aussi manquent singulièrement de punch. Vraiment tout semble à côté de la plaque, comme si Yes avait écrit un disque de mauvais rock progressif des années 70.
Allez, soyons fous ! Tentons de trouver quelque chose de positif dans ce disque. Après tout, Yes n’a pas une aura mythique pour rien, non ? Ses qualités seraient-elles cachées dans les morceaux plus dynamiques aux aspects guillerets comme "Step Beyond", "In a World of Our Own" ou "It Was All We Knew" ? Définitivement non, les mélodies frôlent la niaiserie, les refrains pops sont du même calibre ("It Was All We Knew") et encore une fois répétés jusqu’à la nausée, sans parler des sons de clavier qui oscillent entre le ridicule et le suranné. Bon bien sûr, on pourrait sauver une ou deux idées dans "In a Word of Our Own" avec son groove sympathique à la basse, mais qui hélas n’évolue pas. Bref, ce n’est pas ici que l'on trouvera du réconfort ni dans les aspects symphoniques et néo-classiques balancés sur "Subway Walls" (qui possède tout de même un break basse batterie plutôt sympa), "To Ascend" ou "Light of the Ages" car c’est du déjà entendu, même pour les solos de guitares de Steve Howe. Non, le seul morceau que l’on pourrait sauver, excepté le début symphonique très limite, serait "Light of the Ages" qui pour une fois possède une ambiance plus sombre presque désespérée. Désespéré… C’est exactement l’état d’esprit dans lequel je suis lorsque je pense que Yes a sorti cet album.
Heaven & Earth n’a jamais existé les gars, c’est une erreur OK ? Vous comprenez ? Si on vous pose la question niez ! Niez que vous avez été impliqué dans la production de ce disque ! Gardez la tête haute et parlez peut-être de Fly From Here et de vos belles années pour noyer le poisson, mais jamais au grand jamais de ce disque. Il n’y a rien qui peut faire penser à vos succès ! Rien ! Dites qu’on a volé votre nom, inventez un procès ! Bref, bannissez cet album de votre vie ! Les fans de rock progressif vous remercieront. Vraiment !