Après un premier opus sympathique mais pas vraiment mirobolant non plus, Grave Digger déterre à nouveau la hache de guerre pour donner une suite à Heavy Metal Breakdown. Et si l'on pouvait sentir jusqu'alors des influences heavy assez marquées, une nouvelle vague en provenance des États-Unis commence à faire du bruit: le thrash estampillé bay area, notamment un certain Kill'Em All. Tout ça a très certainement dû faire tourner la tête de l'ours des cavernes, pardon, de Chris Boltendahl.
Parce que bon, un album quasiment uniquement composé de titres exécutés à toute berzingue, difficile d'attribuer cela à un changement de bassiste. Hein? Ha oui, Willi Lackmann a été remplacé par l'homme dont les os ont tous une forme de T, le bien-nommé Rene T-Bone. La pirouette est désastreuse, certes, mais ça n'empêche. On ne peut s'empêcher, à l'écoute de Witch Hunter, de se demander si le succès naissant du thrash n'a pas ne serait-ce qu'un tout petit peu influencé notre cher Chris lors de sa composition. C'est bien simple, on a plus vite fait de compter les titres qui ne sont pas speed. Ils sont au nombre de quatre, à commencer par un "Love Is A Game" qui aurait pu ne pas être déplaisant sans un Boltendahl totalement à côté de la plaque, voire carrément risible. L'émotion n'est pas son fort, c'est le moins que l'on puisse dire, et niveau justesse, on dira qu'il a fait des progrès depuis, histoire de rester poli.
On trouvera également, de manière assez surprenante, une reprise plutôt douteuse du "School's Out" de Alice Cooper, un peu dopée également mais sans intérêt, sauf si votre n'aimez pas ce tube et que vous avez toujours souhaité le voir massacré vocalement. Enfin, les deux titres qui clôturent l'album ne font également pas trop dans la speederie décérébrée, et on irait même jusqu'à trouver de l'intérêt à "Friends Of Mine", dont les changements de tempo inattendus permettent une aération bienvenue. Le solo final est également agréable pour un titre au final assez agréable, mais qui aurait pu être tellement mieux avec un développement un peu plus poussé. A noter d'ailleurs que les soli de Peter Masson sont de manière générale assez bien torchés, même s'il n'est pas aidé par un son assez brouillon, quoique plutôt satisfaisant pour l'époque.
Mais voilà, a part ces quatre titres suscités, Witch Hunter, c'est une succession de titres speeds, point. Et on serait bien en peine d'en démarquer un de tout ce bordel. Le titre éponyme, qui ouvre également l'album, s'en tire plutôt pas mal avec une cassure surprenante qui s'enchaine sur un gros solo qui tâche, guitare seule, cheveux au vent, foule en délire (ha non, pas de foule en délire), avant de repartir sur le riff de départ. Sympathique. Mais à part ça, que c'est banal! Les titres se suivent et se ressemblent, et Chris Boltendahl finit inévitablement par taper sur le système à force de beugler comme un âne sans aucune variation. C'est encore pire quand il essaie de passer en voix de tête. Un titre se démarque toutefois du lot: "Fight For Freedom", qui possède encore une fois quelques variations surprenantes et plutôt bienvenues.
Mais ça ne suffit pas à faire de Witch Hunter un chef d'oeuvre, loin de là. En effet, Grave Digger, au lieu de chercher à se forger une marque de fabrique après un premier effort pas désagréable, stagne et regresse en ne proposant rien de nouveau. Dommage, il faudra attendre un peu avant de voir des jours plus florissants pour le fossoyeur.