Troisième et dernier volet du tryptique moyenâgeux de Grave Digger, Excalibur nous conte la légende du roi Arthur, des Chevaliers de la Table Ronde et de l’épée Excalibur justement. Soit un bon prétexte pour nous offrir une énième louche de heavy metal allemand pur et dur que les fans attendent la bouche ouverte. Car avec cet enchainement de tueries, le fossoyeur a franchi un voire deux paliers, que ce soit au niveau de la qualité comme de la popularité, et doit maintenant conserver sa place.
Car, c’est maintenant acquit depuis quelques années, on sait ce que l’on va trouver dans un album de Grave Digger. Oui, Grave Digger, c’est une marque de fabrique, une signature qui est celle du dévouement total à un heavy metal des plus purs avec tout ce que cela comprend. Pourtant, au sein même d’un style dans lequel il semble maintenant enfermé, le creuseur de tombes se permet quelques légères innovations, à l’image du passage central de "Pendragon", rare accalmie joué par quelques instruments traditionnels (qui a dit un synthé ??) pour déboucher sur un des soli les plus réussis de Uwe ou les guitares se dédoublent, s’enchevêtrent puis se rejoignent dans une chiée de wah-wah, posées sur une rythmique de quatre pauvres accords, la double pédale continuant son récital inlassablement… et on se sentira sans doute coupable en le disant, mais qu’est ce que c’est bon ! Et puis toujours ce sens du riff imparable, avec "Excalibur" et son petit flanger histoire de dire que bon, on fait toujours la même chose, mais vous n’avez rien vu.
C’est la deuxième fois que H.P. Katzenburg figure au line-up de Grave Digger, et pour cause : le clavier occupe une place un peu plus important que par le passé et accompagne quelques titres qui n’auraient pas la même saveur sans. Cette petite transition qui nous amène tout droit à "Morgane Le Fay", cette boucherie. Car nous parlions claviers - à juste titre, puisque le titre n’aurait certainement pas la même saveur sinon – mais "Morgane Le Fay", c’est avant tout un riff complètement jouissif, du genre de ceux qui arrachent un bout de tympan en passant, et on lui cède ce bout bien volontiers. Recette maintenant rodée, un refrain plus posé, chanté par Boltendahl en voix claire accompagné de quelques chœurs, le tout posé sur ce fameux synthé, de la guitare sèche et un peu de double pédale parce que bon, faut pas déconner. Ce titre, agrémenté d’encore quelques autres subtilités, montre Grave Digger sous un jour un peu plus évolué, et c’est réussi ! Une évolution possible ? Le temps nous le dira…
Mais en attendant cette hypothétique évolution, le combo n’en oublie pas ses racines et se permet un anachronisme d’une dizaine d’années au moins, comme il avait déjà pu le faire sur "Circle Of Witches", avec "The Round Table (Forever)" et son riff des plus purs suivi par des couplets pachydermiques et un refrain ultra-massif, comme il est de coutume serait-on tentés de dire. Le reste, c’est du Digger qui déroule et qui manipule fort bien une recette qu’il connait avec du speed ("Tristan’s Fate"), du mid-tempo bien heavy avec "Lancelot", et du plus lourd avec "The Spell". Bref, Excalibur n’apporte au final pas grand-chose par rapport aux deux voire trois précédents albums. A vous donc de voir ce que vous cherchez dans un groupe et metal : qu’il évolue constamment et cherche de nouvelles choses tout en proposant inlassablement une musique de qualité ? Les exemples sont hélas trop rares. Qu’il exploite son style jusqu’à plus soif, tant que c’est fait avec talent ? Vous avez frappé à la bonne porte. Un juste milieu ? On verra une autre fois.
C’est ainsi que se clôt cette trilogie médiévale et avec elle un chapitre important de l’histoire de Grave Digger puisque Uwe Lulis, fidèle commandant en second depuis plus de 10 ans, s’en ira rejoindre un autre ancien membre, Tomi Gottlich, pour conter l’histoire des Vikings avec Rebellion après quelques tâtonnements. Reste un album de plus à posséder absolument si vous faites partie de la deuxième catégorie citée plus haut.