Deuxième volet de sa trilogie médiévale amorcée avec le très réussi Tunes Of War, Knights Of The Cross nous emmène cette fois-ci au temps des croisades et de la quête du Saint Graal, thème lui aussi suffisamment épique pour constituer un prétexte à la composition d’hymnes bien guerriers. Fort d’un succès important outre-Rhin, les Allemands se doivent maintenant de poursuivre sur une lancée de deux albums sans faute.
Que ceux qui craignaient que Grave Digger ne sombre à nouveau dans le Hard FM bas du front de Stronger Than Ever ou pire, dans un prog alambiqué aux multiples changements de chiffrage (hérésie !) et aux descentes de gammes ultra rapides soient de suite rassurés, "Knights of the Cross" (le titre) met tout de suite les points sur les i en mettant en avant ce qui est une force évidente de Grave Digger : la capacité à pondre un riff ultra martial, appuyé par une rythmique béton qui provoque par ordre croissant un mouvement du pied si vous êtes seul, une rotation circulaire ou verticale des cheveux si vous êtes avec une bande de potes, et enfin un beuglement répété et primaire si vous êtes dans la fosse. Ajoutez à ça tous les éléments qui ont fait le succès de Grave Digger jusque là, à savoir des refrains hautement épiques, des soli cheveux au vent et une voix d’outre tombe, et on tient là une tuerie. Bon, ça commence fort bien tout cela dites donc !
Et un élément qui devient récurrent chez Grave Digger, c’est cette capacité à exceller dans la composition de titres speeds qui deviennent du coup ultimes, de la race des hymnes incontestables. Dans cette catégorie nous avons donc, outre la chanson-titre sus-citée, "Lionheart" et son riff annoncé dans un premier temps à la guitare sèche, pour ensuite être exécuté dans la version qui arrache, c'est-à-dire avec guitare saturée et double pédale. Encore une fois, un refrain des plus fédérateurs vient magnifier ce titre parfait de bout en bout. Pour autant, le reste est très loin de faire tache et le fossoyeur nous réserve de très bons moments dans diverses catégories : "The Keeper of the Holy Grail" pour le low-tempo ultra lourd qui arrache, "Fanatic Assassins" pour le mid-tempo doté d’un riff bien heavy et acéré… Une variété qui apporte un vrai plus au sein de Knights Of The Cross et qui contraste avec la relative absence d’innovation d’album en album chez Grave Digger. Mais est-ce vraiment ce qu’on leur demande ?
Sinon, que dire de plus sur cette offrande ? Que le son est suffisamment massif pour que chaque riff décape et nettoie en profondeur les conduits auditifs ? Voilà c’est fait. Que les soli sont tous de qualité ? Vous vous en doutez, tant Uwe Lullis n’a jamais déçu dans le domaine. Que les chœurs et quelques touches subtiles de claviers sont toujours disséminés çà et là, à plus forte raison sur les refrains, pour rendre les titres toujours plus épiques ? C’est devenu une constante chez Grave Digger. Non, pas grand-chose à rajouter si ce n’est que l’album est un enchainement d’odes à la guitare avec distorsion, vous l’aurez compris. On note tout de même un léger essoufflement en fin d’album, d’une part à cause de la voix de râpe à fromage de Chris Boltendahl et d’autre part à cause d’un mixage bien heavy qui met très en avant les guitares, deux éléments qui rendent Knights Of The Cross difficile à écouter d’une traite pour des oreilles peu expérimentées. Mais qu’importe, il suffit de commencer l’écoute suivante par la fin, et le problème est réglé.
Une troisième bombe d’affilée à mettre à l’actif de Grave Digger donc. Et même s’il s’agit là d’une recette, trouvée sur Heart Of Darkness, qui n’évolue que très peu et qui commence clairement à laisser entrevoir ses limites, il serait vraiment dommage de bouder son plaisir devant un album qui tiendrait sûrement une très bonne place si l’on devait établir un podium dans la discographie du fossoyeur.