Genesis -
And Then There Were Three...
Ohlala, pince moi je rêve, voilà ce que tous les fans n'hésitent pas à qualifier And Then They Were Three... comme étant le plus mauvais Genesis toutes époques confondues. Hum, perso, je sais pas si il est pire qu'Invisible Touch mais bon c'est un autre débat. Avec Wind And Wuthering, on était quand même prévenu que le pire n'allait pas tarder à arriver. And Then They Were Three... comme son nom l'indique est le premier album de Genesis sous la forme du trio de choc Banks-Rutherford-Collins. Et le départ de Steve Hackett a causé bien plus de dégâts que celui de Peter Gabriel, c'est le moins qu'on puisse dire.
La grandeur de Genesis semble s'être complètement éteinte pour laisser place à des titres très légers, orientés pop rock et dominés par les claviers de Tony Banks. Ah les claviers, parlons en, ils sont généralement pompeux, envahissants et font sonner And Then They Were Three... comme de la soupe indigeste, calibrée pour les radios de l'époque. Oh bien sur, on est encore dans les années 70 donc point de sonorités modernes, de boite à rythme ou de gros synthés (encore que), c'est toujours ça de gagner ! Donc simplification générale des morceaux pour Genesis et paradoxalement, ça donne un disque très ennuyeux.
L'écoute de la face A est déjà un calvaire, trois ballades quand même, toutes aussi sirupeuses les unes que les autres ("Undertow", "Snowbound" et "Burning Rope"). On peut pas dire que ces ballades soient peu inspirées, en fait soit elles sont anecdotiques, soit difficilement supportables. Et c'est un peu ça le problème du disque, pas que l'inspiration soit à remettre en cause, mais tout ça c'est de la soupe, voilà tout !!! Et où sont passés les fabuleuses parties instrumentales de jadis ? On se le demande bien, à part "Burning Rope" qui en possède une petite sympathique, faut bien lui accorder ça ! Reste Down And Out à sauver, assez dynamique et un peu plus prog que le reste dans sa structure.
On peut remarquer aussi que certains morceaux s'inscrivent dans une veine plus rock comme "Ballad Of Big" ou "Scenes From A Night's Dream", une nouvelle facette qui n'avait jamais été exploitée jusqu'alors chez Genesis. Mais le résultat est franchement pas terrible et se distingue à peine de la soupe habituelle. Globalement, il y a bien quelques lignes de chant mélancolique de Phil Collins qui se laissent écouter, disséminées par ci par là. Quelques passages plus doux et parfois bien foutus (le pont de "Deep In A Motherlode") ou d'autres moments plus enjoués et plus techniques, rappelant que Phil Collins est aussi un grand batteur (le refrain magnifique de "The Lady Lies", mais le reste du morceau est merdique, surtout les couplets et le solo de synthé).
Le vide musical qui caractérise And Then They Were Three... est hallucinant, et pour la face B, même combat. Une ballade à nouveau, "Many Too Many", n'est pas mauvaise mais donne l'impression qu'elle a été écrite à la va vite, inachevée donc. Et aller, une deuxième pour la route, tant qu'à faire, "Say It's Alright Joe" commence joliment au piano mais refrain tout pas beau. Et pour terminer, le premier hit single de Genesis à ce jour, "Follow, You Follow Me", le pire morceau de l'album car il ne contient rien de bien. Alors que sur les autres morceaux, on se dit toujours "Ah mais oui, y'a un p'tit truc là, on sent que ça pourrait être bien mais ça ne l'est pas, mince alors!". Ça devient vite soulant de chercher ce qu'il y a de bien sur ce disque, c'est un exercice périlleux à réserver aux fans acharnés. Moi j'abandonne !