Genesis -
Genesis Archive Volume 1: 1967-75
Oh mais que voilà un bel objet ! Plus que ça même, un rêve de fan : un coffret 4 CD uniquement consacrée à la période Gabrielesque du groupe ! Et en plus de ça, superbement présenté, avec un livret de 80 pages bourré de photos inédites et de témoignages pour la plupart très intéressants... et plus de quatre heures de musique ! Alors, indispensable ?Bon, précisons tout d’abord qu’il ne s’agit en aucun cas de quatre heures de musique inédite : 2 CD sont consacrés à la performance live de l’énorme The Lamb Lies Down On Broadway à Los Angeles en 1975 ; le troisième comprend une majorité de leurs classiques enregistrés live en 1973 (avec Gabriel au chant... c’est là tout l’intérêt) et le quatrième est réservé aux demos enregistrées entre 67 et 70 , la plupart se retrouvant sur le tout premier album du groupe.
Donc, peu de nouveau matériel... on trouvera tout de même « Twilight Alehouse", composition épique qui n’a pas à rougir devant les "The Knife" ou "Return of the Giant Hogweed" (dont elle reprend d’ailleurs l’aspect féroce) ; l’amusant single "Happy The Man" et son break tarabiscoté qui trotte dans votre tête toute la journée (si si, vous allez voir, vous ne saurez pas vous débarrasser de ce fichu « He is a good man ! ») ; une version écourtée de "Watcher Of The Skies" avec une fin totalement différente ; et quelques titres par-ci par-là (on y reviendra).
Venons-en maintenant à "The Lamb" live ! Alors, bien évidemment, on n’atteint pas le niveau du disque original ; il était impossible de reproduire la richesse des arrangements et des effets en concert, ce qui fait que certains titres (comme "The Grand Parade Of Lifeless Packaging") qui jouaient essentiellement là-dessus, tombent ici à plat. Inversement, certains titres y gagnent en énergie, comme "In The Cage", vraiment endiablée ici, ou "Riding The Scree" - dont la fin a été merveilleusement allongée - sur lequel Phil y est absolument monstrueux! Bon, on pourra reprocher le fait que Gabriel ait ré-enregistré ses parties de chant (je me disais aussi, elle n’était pas aussi rocailleuse à l’époque) mais je ne considère pas ça comme un problème majeur ; certes, ça fait moins « authentique »... mais à la limite, c’est même plutôt excitant d’imaginer le Peter d’aujourd’hui chanter "The Lamb" !
Le troisième disque, lui, enchaîne merveille sur merveille ; et ce coup-ci, rien de retouché ! Quel plaisir de s’enfiler "Dancing With The Moonlit Knight" ; LE "Firth of Fifth" ; "I Know What I Like" ; et bien sûr, "Supper’s Ready"... et chanté par Gabriel en plus! Un grand moment que ce titre joué en live... j’en viendrais presque à préférer cette version à l’originale ! La partie "Apocalypse in 9/8" est encore plus impressionnante que sur Foxtrot... et là encore, tout le mérite revient à Phil qui fait encore preuve d’une maîtrise et d’une audace impressionnantes... pour ça, je lui pardonne son "More Fool Me" tout guimauve, qu’ils ont foutu je ne sais pourquoi sur le coffret... on notera aussi la présence du très émouvant "Stagnation", joué trois ans plus tôt.
Et on finit sur le quatrième disque, consacré à la génèse du groupe (ha ha! elle est bien bonne celle-là), qui mélange allègrement le très bon... et le pas bon du tout. Il est quand même amusant de constater que les plus intéressants du lot sont ceux datant de 69-70, les plus anciens étant pour la plupart franchement quelconques. Parmi les bonnes surprises, citons la demo de "In The Wilderness" (sans les violons), petite sucrerie pop très plaisante, malgré le texte un peu... mmh.. présomptueux : « All i hear is music guaranteed to please and i look for something else ». Désolé, messieurs, mais c’est exactement ce que vous faisiez à l’époque !
Citons également les excellents "Shepherd" et "Pacidy" (et "Let us now make love"... mais un peu moins), avec un Peter poignant, qui se rapprochent de l’ambiance que l’on retrouvera sur "Trespass". Et puisqu’on en parle, notons la présence de "Dusk" enregistré pour la radio, enrichi d’une partie de flûte pas déplaisante... Pour le reste, on retiendra "Image Blown Out" et "One Day" et l’instrumentale "Patricia", déjà empreints d’une certaine mélancolie, "Hidden In The World Of Dawn", et, en étant très gentil, "The Magic Of Time" et "Hey !" Le reste... je marche pas. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de p’tites mélodies gentiment accrocheuses, mais ça ne va pas plus loin... et d’autres fois c’est simplement énervant. Décernons quand même la palme du titre de chanson le plus débile à "Hair On The Arms And Legs" ; voilà qui plaira à Demis Roussos...
Bon, ça fait quand même pas mal de bon matériel tout ça ! Maintenant, est-ce que ça vaut la peine d’être acheté ? Si vous n’êtes pas un adepte de Genesis, ça ne présente évidemment pas beaucoup d’intérêt, ce coffret s’adressant avant tout aux fans ; pour eux, et aussi les nostalgiques de la période Gabriel, c’est un achat impératif, et qu’ils ne regretteront certainement pas. Mais si vous êtes dans ce cas... vous l’avez déjà, non ?