Jour
2
:12 août 2023
Une courte nuit, une douche et un petit déjeuner : l'équipe est fin prête pour attaquer une deuxième journée qui s'annonce dantesque.
IRON MASK - 11h20-12h00 - Prison Stage (MFF)
Du power metal au petit déj’, et pourquoi pas, après tout. Iron Mask est plutôt doué dans ce domaine et enquille les chansons interprétées comme des hymnes. Mike Slembrouck, le dernier chanteur embauché dans l’escadron bruxellois, explore la scène dans ses moindres recoins tout en enchaînant les vocalises avec aisance, entre deux solos agiles du très
malmsteenien Dushan Petrossi, dont le mimétisme avec son idole est troublante, et pas seulement par ce que le shreddeur belge arbore lui aussi une Stratocaster (rouge). Le backflip arrière au milieu des années quatre-vingt, à l’époque où ce brave Yngwie inventait le metal neo classique, est réalisé avec une maîtrise qui force le respect.
MACERATION - 12h00-12h40 - Swamp (Shamash)
Côté brutalité on commence par une bonne grosse dose de death old school joué par des Danois. Maceration n’est pas un nom très connu et pourtant, le groupe se vante d’être le premier de son pays à avoir pratiqué ce style. Notons également que sur son premier album paru en 1992, un certain
Day Disyraah tenait, entre autres, le micro. Derrière ce surnom, les connaisseurs savent que se cache un géant du metal, Dan Swanö. Au menu, vous l’aurez saisi, du gras, du lourd, qui, s’il ne révolutionne rien, est des plus agréables pour débuter la journée. Mais pas le temps de trainer, puisqu’il faut se mettre en route pour la Helldorado. C’est en effet sous cette tente que les groupes qui m’attirent le plus sont programmés.
HUNTER - 12h10-12h50 - La Morgue (MFF)
Hunter est l’archétype du groupe rétro qui instaure une frénésie permanente pour faire passer des compositions honnêtes mais pas inoubliables. Les guitaristes placides tagadadent en mode
Maiden et offrent un contraste amusant avec le bassiste et le chanteur qui sautent dans tous les coins. Ce dernier, sorte de mélange vocal entre
Udo Dirkschneider et Bobby Blitz d’
Overkill, donne dans le criard et gratifie l’assistance de screams suraigus en roulant des yeux devant de fausses flammes servant de décorum cheap. Pas de coup d’éclat à signaler, cependant les quarante minutes de heavy old school sont passées comme une lettre à la poste.
YOTH IRIA - 12h40-13h20 - Helldorado (Shamash)
Yoth Iria est le premier à chauffer la tente de l'Helldorado. Derrière ce nom étrange, l’on retrouve de vieux briscards de la scène black hellène. Le duo a été formé en 2019 par Mutilator, ancien bassiste et membre fondateur de
Rotting Christ et The Magus qui a également collaboré avec Rotting Christ, mais aussi
Necromantia, Raism ou Thou Art Lord pour ne citer que quelques formations de renom. Le dernier nommé a cependant décidé de quitter l’aventure. Le groupe s’est étoffé afin de pouvoir proposer ses œuvres en live. Notons d’ailleurs que le poste de chanteur a été proposé à Merkaal,
Order of the Ebon Hand et ancien chanteur de Nocternity. Il assurera durant tout le show avec facilité, faisant oublier son illustre prédécesseur. Yoth Iria prouvera tout son talent en enchainant les très bons titres de black mélodique, comme "The Red Crown Turns Black", "Under His Sway" ou encore "The Great Hunter". Le morceau "Tyrants" sera joué en la mémoire d’Euronymous, rappelant ainsi que si la formation est jeune, ses membres ont été contemporains du leader de
Mayhem. Le concert se déroule sans aucune anicroche et c’est avec plaisir que le public salue ce concert de grande qualité.
SCHIZOPHRENIA - 13h20-14h00 - La Morgue (MFF)
Comme Hunter, Schizophrenia est une formation flamande sans label, n’ayant que peu d’enregistrements au compteur et donnant dans le rétro. La comparaison s’arrête là, la moyenne d’âge étant nettement plus basse que celles des compatriotes qui leur ont cédé la place, et les intentions plus véloces. Cette fois, ce sont tous les musiciens qui bondissent sur les amplis tels des wallabies – même le batteur Lorenzo Vissol, si l’on en juge par sa fougue une fois le gig terminé, imiterait ses camarades s’il n’était vissé à son siège en train de bastonner ses fûts sans la moindre once de pitié. Thrash à vocaux gras, death option speed,
Morbid Angel en mode rafale,
Slayer d’outre-tombe – féroce reprise de "
Necrophiliac" : les Anversois, qui viennent de s’enquiller Graspop, Hellfest et la boue du Wacken – excusez du peu - ne laissent aucun répit à un auditoire surchauffé et donnent une idée assez précise de ce que pourrait être une prestation de
Possessed dopée par la fougue de la jeunesse.
GAEREA - 13h50-14h35 - Helldorado (Shamash)
Retour comme prévu sous la Helldorado pour assister au concert de Gaerea. Les Portugais, qui voient leur cote de popularité grimper au fil des ans, viennent présenter leurs compositions de black metal mélodique, qui rappelle parfois la vague initiée par
Mgła ou Uada. Le quintet est des plus à l’aise avec son répertoire, permettant à ses compositions de prendre une nouvelle dimension en live. Derrière leurs masques, les membres du collectif délivrent une prestation sans faille qui saura convaincre l’assistance. Le chanteur arbore une démarche toujours aussi théâtrale tandis que ses compagnons montrent l’étendue de leur qualité. L’essentiel de la setlist est composé de titres issus de
Mirage, leur dernier album en date. C’est donc avec plaisir que l’on entend résonner "Deluge", "Laude" et "Mirage". Un très bon concert bien apprécié. Gaerea mérite amplement les nombreux éloges qu’il reçoit.
PREDATORY VOID - 14h25-15h10 – Swamp (MFF)
Spectral. L’adjectif est l'un de ceux qui viennent à l'esprit pour qualifier le concert de Predatory Void, projet de deux membres d’
Amenra, le bassiste furieux Tim De Gieter, dont l’abandon des cheveux et de la casquette laisse entrevoir des tatouages crâniens du plus bel effet, et le guitariste flegmatique Lennart Bossu. Le propos sludge est très proche de celui de leur formation matricielle, un semblant de densité en moins, une mélancolie impalpable en plus. Les morceaux issus de l’unique LP publié à ce jour, au printemps dernier, se succèdent dans une sorte de cohérence onirique, enchevêtrement de déflagrations et d’accalmies, dont l’impact doit autant aux guitares magmatiques qu’aux lignes de chant habitées de Lina Nildrohain-roo. La vocaliste aux airs de jeune fille sage, arborant d’impressionnants tatouages débordant de sa robe noire toute simple, se transforme à cadence régulière en furie hurlante, presque malgré elle, comme frappée par un sortilège nocturne. Il fait pourtant plein jour lorsqu’on reprend doucement ses esprits au sortir de la Swamp, après cet étrange moment, à la fois conforme à ce que l’on pouvait en attendre et déstabilisant par la puissance vaporeuse qui l’a enveloppé du début à la fin.
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ANGELUS APATRIDA - 14h35-15h20 – La Morgue (Shamash)
Un peu de repos avant la venue d’un autre nom du black mélodique en vogue ? Pas le temps pour votre serviteur, qui se hâte d’aller voir quelques minutes d’Angelus Apatrida. Les Espagnols semblent en forme. Ils enchainent les titres d’un thrash simple et efficace. L’ensemble est vraiment sympathique et la foule qui a bondé la Morgue est aux anges.
MIDNIGHT - 15h05-15h55 - Helldorado (Shamash)
Il faut attendre quelques minutes avant de voir débouler un autre grand nom à l'Helldorado. Midnight et son speed black sera à la hauteur de sa réputation. Ça joue vite, ça joue fort, c’est entraînant. Les fans du groupe ou les simples amateurs de heavy extrême en auront pour leur argent. Athenar va piocher dans toute sa discographie. Seul un morceau de
Let There Be Witchery, dernier album en date, sera joué. Le set passe très rapidement, preuve que l’on ne s’ennuie nullement.
TYGERS OF PAN TANG - 15h55-16h40 – La Morgue (MFF)
Ça fait plaisir de
retrouver les deuxièmes matous les plus célèbres de feu la New Wave of British Heavy Metal après
Def Leppard (mais devant
Jaguar). De leurs dernières productions, les anciens compagnons de label de
Lynyrd Skynyrd retiennent quelques spécimens vigoureux qui passent bien l’épreuve du live ("Only the Brave", "
Fire on the Horizon", "A New Heartbeat"). Sans surprise, l’assistance exprime bruyamment son contentement lorsque sont joués les classiques - "
Suzie Smiled", "Euthanasia" lancé par les roulements approximatifs du batteur Craig Ellis ainsi que la fulgurante doublette "
Hellbound" - "Gangland". Les nouveaux venus, le bassiste Huw Holding discret comme un bassiste et Francesco Marras démonstratif comme un shreddeur italien se montrent à leur aise, laissant au fondateur Robb Weir le loisir d’arpenter la scène à sa guise, retrouvant régulièrement un Jacopo Meille qui se
robertplantise de plus en plus, aussi bien physiquement que vocalement, insufflant une ferveur et une maîtrise très appréciables tout en interagissant fréquemment avec le public. On notera toutefois qu’à l’instar de presque tous les gosiers officiant en ce deuxième jour à la Morgue, ses passages plus calmes sont difficiles à percevoir – tant pis pour la nuance. Ce petit inconvénient mis à part, la prestation enjouée et dynamique des vétérans du heavy metal traditionnel a largement plu, et convaincu.
TAAKE - 16h25-17h15 - Helldorado (Shamash)
Taake se présente ensuite. Et de légitimement nous interroger. Allons-nous avoir droit à un concert de qualité ? Dans quel état sera Hoest ? Rapidement nous nous rendons compte qu’il a l’air dans un bon jour. Pas de déchainement de violence comme lors de son passage au
In Theatrum Denonium. D'aucuns regretteront peut-être cette folie palpable, pour ma part, je suis heureux de revoir le groupe avec une attitude plus conventionnelle. Le show est cependant très bon. Pas de fioriture, mais un black metal classique et froid, en cette après-midi ensoleillée. De "Nordbundet" à "Hordalands Doedskvad I", les mélodies s’enchainent, avec un Hoest qui arpente de long en large la scène, vêtu d’une cape noire. Un concert sérieux et efficace.
H.E.A.T - 16h25-17h15 - Prison Stage (MFF).
Des types qui courent partout sur scène, souvent des chanteurs vu que c’est plus facile de faire le ouistiti quand on n’a pas une Gibson ou un biniou quelconque à se trimballer autour du cou, on en a vu
quelques uns. Tous, à un moment quelconque (un solo de six-cordes, généralement) finissaient par faire une pause, ce sont des humains, après tout. Pas Kenny Leckremo. Enfin on suppose que le chanteur de H.E.A.T est un homme - il semble en avoir tous les attributs, y compris ceux que cache difficilement un pantalon en spandex particulièrement bien ajusté. Arrêter de bouger ne semble pas être une option pour le Suédois, en dépit d’un soleil insistant - tout juste consent-il à ôter son blouson - à croire que le musculeux blondinet veut rattraper le temps perdu après avoir été contraint de quitter le groupe il y a une dizaine d’années, officiellement pour des raisons de santé. Pas de ça en 2023, le bonhomme pète le feu, faisant songer à un coach sportif qui se chargerait lui-même de la musique afin de pousser l’assistance à secouer sa couenne, comme lui et ses compagnons y invitent sur "Rock Your Body", l’ouverture muy caliente de l’
avant-dernier album en date. Lakremo enchaîne sans faiblir vocalises et refrains accrocheurs - imparables "Dangerous Ground" et "One by One" extraits du recueil précité. Celui paru l’
année dernière est logiquement mis en avant, on retiendra le choix judicieux d’encadrer le set avec les entraînants "Back to the Rhythm" et "Nationwide". Les sprints incessants du titulaire du micro compensent la placidité de ses acolytes, qui balancent leur hard rock tendance AOR (à moins que ce ne soit l’inverse) avec l’assurance de types qui sont dans le circuit depuis plus de quinze ans. Voilà un concert feel good et dynamique qui aura fait sacrément du bien.
TRIBULATION - 17h50-18h45 - Helldorado (Shamash)
Une petite pause avant de devoir faire un choix comme la veille, mais ô combien moins cornélien. En effet, deux formations que je souhaitais voir avaient la bonne idée de jouer au même moment. Commençons donc par Tribulation. Un (demi) concert sympathique, sans que je sois subjugué. Les Suédois connaissent leur death gothic metal, ce n’est pas désagréable, mais, comme sur album, je ne parviens pas à être émerveillé. Bien fait, mais pas de révélation.
SEPULTURA - 17h50-18h50 - Prison Stage (Shamash)
Il faut quelques minutes pour rejoindre la scène principale, remplie comme jamais. Sepultura y était programmé. Alors, qu’attendre de ce groupe, dont je n’ai plus aimé la musique après
Chaos A.D. ? Pas grand-chose a priori. Du line-up classique ne demeure qu’Andreas Kisser à la guitare, ce qui ne plaide toujours pas en faveur des Brésiliens. Et pourtant... je ne vais pas mentir et dois bien avouer qu’entendre de grands classiques comme "Dead Embryonic Cells", "
Arise" ou "Refuse/ Resist" m’ont fait plaisir. On est certes loin de la grande époque, mais force est de constater que l’énergie déployée par le groupe n’est pas feinte.
VICIOUS RUMORS - 18h45-19h40 – La Morgue (MFF)
Les co-précurseurs du power metal américain débarquent avec la niaque, et jouent leurs classiques avec habileté. Voilà, en gros, ce que l’on retiendra d’un set qui aura été marqué par la célébration de l’anniversaire de Larry Howe, qui appartient à la catégorie fascinante des batteurs à grimaces. Pas ceux qui font les clowns ou haranguent la foule à la première occasion (cf le sympathique Stet Howland de Metal Church). Non, on parle de types dont le visage se déforme, involontairement a priori, dès qu’ils tapent sur un tom ou une cymbale, produisant un véritable spectacle à eux seuls. Celui offert par Brian Allen, expressif chanteur, n’est pas mal non plus – même si lui aussi devient subitement aphone dès qu’il tente de la jouer en douceur - tandis que cavalent joyeusement les guitares du vétéran Geoff Thorpe et du jeunot Gunnar DüGrey (né après le 12 juillet 1998, en sueur).
Digital Dictator, l’album référence des Californiens, est logiquement bien représenté, "Worlds and Machines" - "Digital Dictator" - "Minute to Kill", l’artillerie lourde d’entrée de jeu. Que du vieux des années quatre-vingt et early nineties dans la setlist, on ne va pas s’en plaindre. En clôture, le guitariste Steve Smyth qui a joué la veille avec
Forbidden, rejoint ses anciens camarades sur "Don't Wait for Me" pour une orgie de solos. Du bon boulot, abattu par un bon groupe.
SODOM - 20h30-21h30 - Swamp (Shamash)
Un détour par le bar Presidio, dans lequel passent des classiques du metal, m’a fait manquer
Biohazard. Mais je suis fin prêt à voir Sodom. Ce groupe qui a été une grande source d’inspiration pour des myriades de formations revient à l'Alcatraz après son passage en 2019. Devant la barrière, je peux profiter au mieux du déferlement de violence thrash qui s’abat sur le public. Rien de nouveau, juste des classiques du style qui font toujours leur petit effet en live. "
Outbreak of Evil", "Sodomy and Lust", "Agent Orange", "M16"... Le groupe est en pleine forme et fidèle à sa réputation. Vieillissant, mais avec une hargne qui force le respect. Tom Angelripper et Frank Blackfire enchantent le public, qui le leur rendent bien, enchainant les pogos. Simple et classieux, Sodom a encore prouvé son statut de géant.
THE EXPLOITED - 21h00-22h00 - Helldorado (Shamash)
Pas le temps de traîner, puisque je dois aller voir l’un des groupes favoris de Tom Angelripper (c’est lui qui l’a annoncé durant le show) : The Exploited. Je me souviens avoir vu le groupe il y a des années, pour un concert qui ne restera pas dans les annales. La formation était alors assez molle, un comble pour l’un des cadors du punk. Quelle ne fut pas ma surprise de voir Wattie, soixante-sept ans, affuté, avec une musculature qui fait oublier ses kilos superflus. Malgré tout, l’on connait les problèmes de santé du chanteur, qui a encore été victime d’une crise cardiaque en décembre 2022 à Bogota. Il assure pourtant avec énergie, même si entre certains morceaux, il s’arrête pour reprendre son souffle. "Fuck The Sytem", "
Beat The Bastards" et tant d’autres chansons d’amour composeront cette deuxième partie de setlist. Un concert puissant et une agréable surprise pour moi.
ALESTORM - 21h10-22h20 – Prison Stage (MFF)
Des guitares vert fluo, des casquettes, des casquettes à l’envers, des shorts verts, un kilt vert et un canard géant jaune pétant : le spectacle sur la scène de la Prison sent la déconnade à plein nez. Et c’est le cas. Alestorm joue ses rengaines de poivrots des sept mers avec force «
oh-oh-oh » et faux binious. Un partie de la foule est à fond, mais quand le claviériste à un doigt sort la binouze pendant "The Sunk'n Norwegian" («
One more drink.... »), alors que le set vient à peine de commencer, on se dit que, pour préserver sa santé mentale, le mieux est de laisser les fans faire la bamboche avec les Scottishs pour aller s’enfiler un sachet de frites et voir...
RIOT V - 22h00-23h00 – La Morgue (MFF)
Le bassiste Don Van Stavern boit des coups lui aussi, de l’ambré en bouteille noire du Tenessee, qu’il agite entre chaque morceau. L’ambiance est moins festive que celle imposée par les faux pirates écossais mais question hymnes à reprendre en chœur, les pionniers du heavy metal US n’ont pas grand chose à envier à qui que ce soit (et certainement pas aux marins d’eau douce susmentionnés). Favorisant son penchant power metal depuis qu’elle a ajouté «
V » à son nom, la formation new-yorkaise met logiquement à l’honneur
Thundersteel, son album référentiel en la matière. Le formidable
Fire Down Under, davantage hard rock, n’aura pas cet honneur, seul son titre d’ouverture "Swords and Tequila" étant intégré dans la setlist. Ceci étant, il n’y a pas tromperie sur la marchandise : ça joue bien, ça joue pro, et surtout, il y a le formidable Todd Michael Hall pour transcender le matos avec sa voix hors normes. Ses camarades doivent se pincer tous les jours en constatant que le grand brun se tient à leurs côtés alors qu’il rend pas mal de points en terme de puissance, de clarté et de tessiture à la plupart de ses confrères des groupes les plus bankables. Et il sera le seul parmi ceux ayant manipulé un micro à la Morgue ce samedi à faire entendre de la nuance dans ses intonations. Du grand art.
OBITUARY - 22h20-23h20 - Swamp (Shamash)
La Swamp se remplit rapidement. La raison ? Obituary. Les Floridiens, auteurs d’un nouvel album convenu mais sympathique, devaient démontrer leur talent sur scène. Pour les avoir vus plusieurs fois ces dernières décennies, il est parfois arrivé que le groupe sonne quelque peu apathique à mes oreilles. Mais là encore, je dois reconnaitre que le quintet est en forme. Quatre titres de
Dying of Everything seront exécutés, passant sans encombre l’épreuve de la scène. Le reste, du classique de chez classique mais qui fait du bien. Le death lourd au possible d’Obituary fait donc mouche ce soir. Les vocaux de Tardy sont somme toute assez aiguisés, permettant de passer un excellent moment. Le concert s’achève par un traditionnel "Slowy We Rot" qui clôt cette heure de violence comme il se doit.
GODFLESH - 22h40-23h40 - Helldorado (MFF)
Un petit détour à l’Helldorado où doit se produire Godflesh, que des problèmes techniques contrarient pendant dix bonnes minutes. Le set démarre enfin, sous un déluge de stroboscopes bleutés, de rythmes en boîte et de guitare en fusion. Justin Broadrick, grand échalas plié en deux sous un micro qui le domine à l'instar du regretté
Lemmy, hurle des slogans nihilistes pendant que son compère G.C. Green, plus décontracté, fait vibrer quelques câbles de sa basse. Les initiés apprécient probablement la démonstration des pionniers du metal indus, le vrai, le dur en direct des aciéries en ruines de Birmingham. Les autres, pour qui distinguer les morceaux relèvent de la gageure, ont toutes les chances de trouver le procédé répétitif. Love it or hate it.
KK's PRIEST - 23h20-00h50 - Prison Stage (Shamash)
Malgré la fatigue, je verrai une bonne partie de KK’s Priest. D’aucuns ne comprennent pas que le groupe soit si haut sur la tête d’affiche. Ceux-là même qui ne voient dans cette formation qu’un cover-band de
Judas Priest. Je ne suis pas responsable de la programmation, mais il faut se rendre à l’évidence. Les hits de Priest sont joués avec professionnalisme, parmi lesquels l’on peut citer "
Hell Patrol" ou "Metal Meltdown", sans oublier "
Breaking The Law". Le chant de Tim Owens est d’ailleurs très bon. Un sympathique moment.
EXCITER - 23h45-00h45 – La Morgue (MFF)
Une crainte : celle d’assister à une prestation routinière de la part d’un combo de croulants hors course ne devant leur présence qu’à leur rôle historique dans l’histoire du metal – ces pionniers du speed nord américain avaient dégainé avant
Metallica. Les doutes sont éparpillés façon piñata par une horde de gamins sous crack dès le riff de l’iconique "Stand Up and Fight", démarré pied au plancher après la diffusion de "The Holocaust", son intro tout aussi mythique. Le trio enchaine avec "
Heavy Metal Maniac" qui donne son nom au premier long jeu historique, puis avec le bicéphale "Iron Dogs" – cette accélération finale, quel délice ! On ne compte déjà plus les crowdsurfings et autres plongeons – pas toujours bien calculés – dans le public, l'excitation (allez, c'est dit) est permanente. Les petits jeunes, et oui, ne sont pas les derniers à participer à ce dawa de première catégorie. Et lorsqu’un slamer maladroit tente de se faire pardonner en offrant une bière à sa victime , le breuvage se répand sur les retours tandis que les paires de Converse qui déboulent en continu sur l’estrade n’en finissent pas de débrancher le câble de la basse du placide Alan Johnson. Celui laisse place nette au juvénile Daniel Dekay pour cavaler dans tous les sens entre trois riffs et deux solos débités à fond la caisse, avant de sauter dans la fosse comme à la piscine à l’issue de la reprise d’"Iron Fist", chantée d’une voix plus
lemmyesque que nature par Dan Beehler. Le hurleur-batteur, fougueux comme un ado, exalte la foule, fracasse une cymbale et balance des binouzes - parfois ouvertes. Ces malades ont mis tout le monde à l’amende et ont offert l’un des gigs les plus énergiques du fest - et pourtant il y avait de la concurrence.
Bon, peut-être pas de la part d’
AMORPHIS - 00h25-01h30 - Helldorado (MFF)
Belle ironie de la programmation qui fait se succéder les deux groupes les plus antinomiques du fest. Ceci dit, Amorphis n’est pas ennuyeux et la majorité des personnes venues assister au dernier set de la journée ne sont pas en train de ronquer. La furia des «
maniacs » canadiens a vidé la jauge d’endurance et même si le flutiau infernal de "
Black Winter Day" est un peu rude à encaisser après treize heures de concerts quasi ininterrompues, les titres qui suivent ("
Silver Bride" et "Sky Is Mine") font surtout naître l’envie de revoir la troupe finlandaise au plus vite, tant le son et l’interprétation - chant de Joutsen au top – sont délectables.
Ce samedi d'une densité digne d'un Hellfest (les mastodontes en moins) aura tenu toutes ses promesses, laissant KO debout, et ravis, les festivalières et les festivaliers qui voulaient en profiter le plus possible. Et dire qu'il reste encore une journée...