-Salut Eve.
-'lut Jarta...
-Ouh là, ça n'a pas l'air d'être la grande forme, toi, on dirait.
-On est lundi matin, je suis aussi réveillée qu'une spectatrice pendant un concert d'Anathema et on m'a collée aux mises à jour.
-Ah, mitaine de paperasse. Tu veux un coup de main ?
-Je ne dis pas non. Je viens de finir le Paradise Lost - j'en ai déjà marre.
-Tu m'étonnes. Bon, t'en es rendue où ?
-Au dernier Accept.
-Accept ? Autant dire que c'est déjà fini. Allez, cinq minutes pour plier l'affaire et après on file à la machine à potages bio.
-Super...
-«
Nom du groupe/ artiste » ?
-Accept.
-«
Titre de l'enregistrement » ?
-
The Rise of Chaos.
-«
Année de parution » ?
-2017.
-«
Rang et format » ?
-LP n°15.
-Ah, déjà ?
-En même temps, il y en a
quelques uns dont pas grand monde n'a envie de se souvenir.
-«
Genre musical pratiqué »
-Tmtc.
-Chiche qu'on mette ça - on verra bien si quelqu'un les lit, ces fichues fiches. Tiens, c'est rigolo ça, «
ces fichues fiches », hein, Eve ? Ça porte un nom, je crois, ce genre de répétitions...
-Oui, on appelle ça un calembour de Dary Cowl raté.
-T'es vraiment d'une humeur massacrante aujourd'hui : t'as bouffé Kerry King au petit-déj', ou quoi ?
-Non, juste
son dernier LP. C'était il y a deux ans et il n'est toujours pas passé.
-Toi et tes régimes bizarres, aussi... On continue : «
Description de la pochette » ?
-Moche.
-Eve, réserve tes observations pour la section «
commentaires », s'il te plaît
-OK. Variation de celle du
dernier Kreator inspirée du dernier Malevolent Creation pompée sur le
dernier Exodus.
-Tu as raison, on va écrire moche.
-«
Line up ». J'imagine que ça n'a pas dû bouger non plus ?
-Tu as loupé un épisode, ma grande : Frank et Schwarzmann ont mis les bouts juste après l'album précédent pour se consacrer à leur nouvelle formation, subtilement baptisée Pänzer.
-Ça fait pas du tout cliché sur les Germains bourrins, ça, dis donc. Remplacés par qui, les deux comiques ?
Steve Vai et
Mario Duplantier ?
-Ah ah ah, très drôle Jarta, je la ressortirai quand Malcom Young et Phil Rudd se seront fait éjecter d'
AC/DC... Oh, wait.
-Je viens de vérifier : ont intégré la formation un batteur américain de moins de cinquante ans et un
ancien Grave Digger. Pas très sécure, cette histoire.
-T'inquiète, je t'assure qu'on ne se rend pas compte de la différence.
-Ah, nous y voilà : rubrique «
Évolutions significatives depuis la dernière réalisation - si oui, expliquez ».
-Format chanson validé de bout en bout.
-Ben, c'est pas vraiment ce que j'appelle une évolution significative, ça.
-Si, quand même. Parce que désormais, il n'y a plus de power ballade. Finito. Terminada.
-Ah tiens. Bon, je ne vais pas pleurer étant donné le résultat sur
Blind Rage mais du coup je me questionne sur la raison de cet abandon.
-À mon humble avis, il s'agit d'une conséquence logique de la baisse de forme de Mark Tornillo.
-Pourtant, il sauvait la baraque presque à lui tout seul sur le recueil antérieur.
-Faut croire qu'il avait tout donné, et qu'il n'a pas récupéré grand chose. Parce que là, il tire vraiment très fort sur les sinus quand il essaie de faire le méchant sur les refrains – on dirait
Udo Dirkschneider qui aurait avalé une famille de canards infectés par la grippe aviaire. Ou l'inverse. C'en est à un point où aucun ORL ne peut plus rien faire pour lui. Et il module moins qu'avant, aussi.
-Autre chose à coller dans la colonne des «
moins » ?
-Les riffs, tellement banals qu'ils feraient chialer de désespoir le dernier fan d'
Helloween, confirmant une inspiration aussi plate que la courbe des ventes d'un marchand d'eau minérale à un concert de
Tankard. Sur "Race to Extinction", on croirait entendre la démo d'accompagnement du
Heavy Metal Teuton pour les Nuls. Rien ne dépasse, les dix pistes réglementaires sont alignées comme des knacks dans une barquette sous vide, bref, les mecs sont plus que jamais en pilotage automatique. Et ce n'est pas la production une fois de plus assurée par
Andy « the song remains the same » Sneap qui risque d'apporter de la variété.
-Et du côté des «
plus » ?
-Quelques refrains accrocheurs - pas le genre à donner envie de convulser en transe sur sa table basse après avoir écouté
The Night Flight Orchestra, mais au moins on les retient facilement, sans doute grâce à la petite pointe de mélancolie qui s'y infiltre subtilement. Exemples : "Die by the Sword", "Worlds Colliding", "Carry the Weight". De ce point de vue, l'amélioration par rapport au grand format n°14 est indéniable.
-Autre chose ?
-Les chœurs sont moins lourdingues – ce n'est pas encore les Beach Boys, mais au moins on n'a plus l'impression d'entendre les ultras du Paris-Saint-Germain beugler "Go West" une heure et demie avant une élimination en Coupe d'Europe. Et puis il y a les solos d'Hoffmann. Toujours aussi mélodieux, toujours aussi fluides malgré leur découpage en deux parties aussi prévisible que le son dégueulasse d'un
set de Testament. En résumé: toujours aussi plaisants. RAS par rapport aux productions passées, mais sans eux, Accept ne vaudrait pas beaucoup mieux qu'un vieux groupe de heavy allemand tournant en rond depuis dix ans et...
-Hum.
-Oui. Hum.
-On tient notre conclusion, là, je crois. Allez, on descend s'en jeter un ? Je t'invite.
-Ils distribuent du Jack en godet ? J'ai besoin d'un truc fort avant de m'y remettre.
-Il est si effrayant que ça, ton programme ?
-Europe, Arch Enemy, Cavalera Conspiracy.
-Bouge pas, je file à la supérette te chercher une flasque. Je crois que tu vas en avoir besoin.
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