L’histoire se répète pour Helloween. Après une période faste, les fans se sont à nouveau divisés à l’occasion des sorties successives de Better Than Raw puis de The Dark Ride, deux opus marquant la volonté d’explorer de nouveaux horizons musicaux pas couronnés de succès. Michael Weikath restant le seul maître à bord, c’est Grapow et Kusch qui en ont fait les frais, eux qui ont pourtant grandement contribué à ré-établir les citrouilles au panthéon des formations de heavy speed.
Pour remplacer tout ce beau monde, c'est Sascha Gerstner qui officie dans le rôle de second guitariste. Ex-Freedom Call et fan de la première heure, celui-ci n'en demandait sans doute pas tant, les deux Keeper étant sans doute ses albums de chevet. Un choix qui peut paraître discutable tant le kid semble baigner entièrement dans le style sans aucun recul. Mais bon, soit. À la batterie, c'est d'abord Mark Cross, ancien Metalium, qui a été embauché. Puis, celui-ci étant tombé gravement malade, c'est finalement Mikkey Dee de Motörhead qui viendra prêter main forte aux Allemands pour enregistrer le plus gros des parties de batterie. Ouf! Un line-up suffisamment remanié pour que l'on considère qu'il doive encore faire ses preuves donc. C'est dans ce contexte que sort Rabbit Don't Come Easy, l'album du rachat ou de l'enterrement définitif en quelque sorte...
Et comme la pochette et un titre à tendance humoristique le laissent entendre, c'est à un retour vers le Happy Happy Helloween que les lapins, pardon, les citrouilles aspirent. Exit les "Push" bien bourrins, ici, c'est "Just a Little Sign" qui ouvre l'album, avec au menu une petite introduction sympathique aux claviers, puis une mélodie bien jouasse sur de la double pédale, suivis d'un gros riff, de couplets et de refrains bien joyeux... Bref, des recettes qui ont fait leur preuve et qui, servies par un groupe qui les a en partie inventées, sont forcément bonnes, faute d'être originales. Car c'est bien sous le signe de l'absence de prise de risque que sera placé Rabbit Don't Come Easy, démarche bien compréhensible après tous les déboires traversés par le groupe, mais qui du coup n'inscrit clairement pas cet album dans la durée.
Car du coup, un Helloween en pilotage automatique, ça donne une flopée de titres sympathiques, mais finalement bien dispensables, qui constituent malheureusement le plus gros de l'album. "The Tune", "Never Be a Star", "Sun For the World"... autant de compositions qui possèdent une certaine accroche, mais dont on ne retient finalement que le refrain, et encore. Les quelques morceaux signés Gerstner ne sont d'ailleurs pas les meilleurs de ceux-ci. Non, bizarrement, c'est Grosskopf, lui qui d'habitude n'est pas coutumier de l'écriture pour Helloween, qui s'en sort le mieux en signant la bien pêchue "Liar" et une "Hell Was Made in Heaven" pas dégueulasse non plus, quoique plus classique. L'album se termine tout de même sur "Nothing to Say", avec un groove agréable et quelques passages reggae surprenants, preuve que Weikath n'a pas jeté son sens de la composition.
On se retrouve au final avec un album sympathique, bien foutu, agréable à écouter, mais qui perd beaucoup à prendre l'auditeur avec des pincettes. Ceci dit, si le pari était de ne pas faire enterrer le combo trop tôt, c'est réussi, car on se dit malgré tout qu'il y a du potentiel dans ce nouveau line-up. Du coup, Rabbit est à réserver aux amateurs et ne constitue clairement pas un élément indispensable de la discographie des citrouilles.